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Rentrée scolaire : "On retrouve tous les jours des cafards et des crottes de souris", dénoncent des enseignants d'une école délabrée à Marseille

Si les travaux ont commencé dans certaines écoles de la ville dans le cadre du plan "Marseille en grand", lancé par Emmanuel Macron sous l'impulsion de la mairie, dans beaucoup d'établissements délabrés, comme ici dans le 3e arrondissement, il faut encore s'armer de patience :  les chantiers vont s'étaler sur plusieurs années.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'école élémentaire National, à Marseille, fait partie des établissements en pleine réhabilitation. (MATHILDE VINCENEUX / RADIOFRANCE)

Une rentrée avec les moyens du bord : voici comment se sont préparés les enseignants de l'école National, dans le 3e arrondissement de Marseille, l'un des plus pauvres de la ville. L'établissement, classé REP+, est implanté dans des anciens locaux de la Poste composé de trois bâtiments, avec, au milieu d'un labyrinthe d'escaliers, 17 classes et 400 élèves. 

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"C'est une école qui pourrait accueillir à peu près 200 élèves et pas 400. C'est une école qui est dangereuse, trop petite, insalubre", dénonce Mathilde, enseignante depuis douze ans. Sa classe donne sur une cour de récré délabrée : "Quand il pleut, la cour est déjà très petite. Mais l'eau stagne et les élèves doivent vraiment longer les bords, on met des plots... Toute cette cour n'est pas praticable. Et ils nous ont expliqués que s'ils débouchaient les canalisations, ça allait inonder les salles du bas."

Le plafond s'effondre

Autre stigmate de l'état de délabrement de l'établissement : par endroits, les murs s'effritent. "C'est là-haut qu'on a des petits morceaux qui se détachent du béton, décrit Mickaël, enseignant en CM1-CM2 et représentant syndical. Et il y a des trous dans le mur qui n'ont pas été réparés. Il y aura bientôt un tunnel pour s'évader de l'école dans ces conditions-là ! Une année de plus dans ces conditions, pour les élèves, c'est inacceptable". 

Dans le local du matériel de sport, le plafond s'effondre aussi. Juste au-dessus, la bibliothèque est condamnée à cause des infiltrations d'eau. Et puis, il y a la cantine, trop petite : les enfants doivent y manger par roulement en quinze minutes. Dans la salle des maîtres aussi, on manque de place : "On se marche dessus ! Et puis elle est complètement insalubre, notamment là, derrière l'évier, c'est un nid de cafards. On retrouve tous les jours des cafards dans les casiers, des œufs dans le micro-ondes, des crottes de souris...", précise Mathilde.

L'équipe n'y croit plus

Sans compter les toilettes qui manquent ou les escaliers trop étroits. "On a un escalier de secours en cas d'incendie, mais qui menace de s'écrouler. On est vraiment dans des conditions très stressantes, fait remarquer Sandrine, institutrice depuis 18 ans dans cette école. Les élèves, par ailleurs, viennent de quartiers où ils vivent des choses vraiment pas drôles. Ce serait les respecter que d'avoir une belle école. Et ça fait des années qu'on nous promet de refaire cette école. Et même si ça s'approche, ça semble être concret, moi, j'ai tendance à ne plus trop y croire".

L'école National fait partie de la trentaine de chantiers prévus à l'étude, avec un calendrier incertain. Ailleurs, dans Marseille, une poignée d'écoles sont déjà sorties de terre pour cette rentrée. Une vingtaine sont en cours de travaux. 

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