: Reportage Rentrée : à trois dans une chambre de 9 m², cette lycéenne "rêve d'un logement digne"
"C’est une chambre de 9m2, on est à peine entrés qu'on se cogne déjà le pied contre le lit", décrit Racha, une jeune fille de 15 ans. Cette élève brillante vit dans cette pièce unique et minuscule depuis deux ans avec sa mère et son frère. La chambre est celle d'un hôtel social insalubre de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne. Il y a des dizaines de milliers d’enfants en France, comme Racha, qui vont retourner à l’école lundi 4 septembre mais sans avoir un vrai logement à eux. Comment étudier correctement quand on n'a pas de "chez soi" ?
Dans cette chambre, Racha dort en haut, sur un lit superposé, sa mère et son petit frère eux, dorment en bas. "C'est une planche de bois le lit", précise Racha. Son frère confirme : "Le matelas est dur. C'est bof, je ne me sens pas bien". Et souvent, quand ils déplacent le lit, ils découvrent des cafards.
Racha est une battante. Malgré ces conditions, elle a terminé le collège, haut la main, en juin dernier. Elle a obtenu son brevet avec mention "Très bien". Lundi 4 septembre, elle entre donc au lycée. "Mon cartable n'est pas là, précise la jeune fille. Il est stocké dans un petit box qu'on loue. Je préfère prendre aucun risque car l'année dernière, je retrouvais des feuilles mangées par les cafards".
Elle fera ses devoirs au lycée, elle n'a pas la place dans cette chambre. Le lycée est d'ailleurs au courant de sa situation et peu importe si ses camarades apprennent que Racha vit dans un hôtel social : "Ça fait partie de mon histoire. Ce n'est pas de ma faute donc pourquoi je m'en voudrais ? C'est le système qui est mal fait".
Ici, les douches et les toilettes sont communes à tout l’hôtel. Il y a peu de choses dans la pièce : une télévision, un évier, un frigo, un micro-onde où la maman de Racha peut réchauffer à manger. Wassila est arrivée d'Algérie il y a sept ans, elle est esthéticienne. C'est un contrat en CDI dans un institut mais son SMIC ne suffit pas pour un logement durable. "Tous les deux mois, on appelle le 115 pour trouver des solutions mais on nous dit que c'est saturé, que ce n'est pas possible", assure cette maman.
"On n'a pas le choix. Il y a ça ou la rue"
Wassila, la maman de Rachaà franceinfo
Racha va poursuivre cette année ses activités, notamment en tant qu'arbitre départementale de handball. Elle est engagée dans des associations et elle fait aussi de l’aide aux devoirs. "Je rêve d'un logement digne, avec ma chambre, mon petit bureau pour travailler comme chaque adolescent ou adolescente devrait pouvoir le faire", estime-t-elle. Racha ne sait pas encore ce qu’elle fera plus tard mais elle veut s’engager politiquement pour "changer tout ça" dit-elle.
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