Que va changer le matricule des policiers ?
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé le retour de cet "élément d'identification" pour contrôler les abus du contrôle au faciès.
POLITIQUE – A défaut de récépissé, un matricule. Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a annoncé mercredi 17 octobre sur France Inter le retour d'un "élément d'identification" sur l'"uniforme ou [le] brassard" des policiers. "On [en] a besoin", a justifié le ministre.
Alors que Manuel Valls a réitéré le rejet de la remise d'un récépissé en cas de contrôle – une mesure "pas efficace" et "une tracasserie administrative supplémentaire" – FTVi vous présente les avantages attendus de la mise en place du matricule.
Une garantie pour les citoyens
Le retour d'un élément d'identification est l'une des pistes envisagées dans le rapport relatif aux relations police-citoyens et aux contrôles d'identité, remis mardi par le Défenseur des droits, Dominique Baudis, afin de maîtriser les contrôles au faciès. Il estime qu'un "matricule visible est une garantie pour le citoyen s'il est victime du comportement d'un représentant des forces de l'ordre". Il lui serait en effet plus facile de se retourner contre le fonctionnaire en question.
Pour que la police "soit plus efficace sur le terrain, elle doit être en confiance, elle doit être respectée", et donc "elle doit être elle-même respectueuse du citoyen", a ajouté Manuel Valls. La mesure vise ainsi à éviter les contrôles d'identité abusifs, alors que selon une étude réalisée en 2009 par l'Open society, un Noir ou un Arabe ont respectivement 6 et 7,8 fois plus de chances d'être contrôlés qu'un Blanc.
Attachées à la mise en place d'un récépissé, les associations de lutte contre les discriminations ont dénoncé, mercredi, un "recul". "On se moque de nous, a jugé Sihame Assbague, porte-parole du collectif Stop le contrôle aux faciès. C'est très bien, un matricule, mais ça ne résout aucun problème." Pour Lanna Hollo, de l'Open Society Justice Initiative, avec le récépissé, "on peut avoir des informations sur les motifs des contrôles, leurs résultats, leur cadre légal".
Une protection pour les policiers
Pour Dominique Baudis, le matricule "permettrait aussi la mise hors de cause de policiers" en cas d'accusation infondée. Son retour sur les uniformes ne devrait pas provoquer l'ire des policiers, qui y sont globalement favorables, selon Le Figaro.
Surnommé la "pucelle", le matricule était tombé progressivement en désuétude avant de disparaître définitivement en 1984, "quand on a changé les uniformes" et supprimé le képi, a expliqué Manuel Valls. La préfecture de police de Paris a été la dernière institution à porter ce numéro d'identification attribué à chacun pour toute sa carrière.
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