Sarkozy à Marseille : la recette du show
Des cars de tout le département et au delà, un public trié et ordonné, un discours aux petits soins : l'UMP soigne les images. Retour sur le premier grand meeting régional du candidat Sarkozy.
"Peut-être qu'on aura notre Yannick Noah de droite, ou bien Angela Merkel qui arrivera en hélico sur le stade Vélodrome", rigolait semi-rêveur un élu UMP de Bouches-du-Rhône deux jours avant le meeting de Marseille. Finalement pas de surprise spectaculaire mais la majorité n'en n'a pas pour autant oublié de soigner les images. Décryptage.
• Prenez une salle trop petite pour qu'elle déborde
L'UMP connaît bien le Parc Chanot à Marseille. Nicolas Sarkozy y a fait son dernier meeting de campagne en avril 2007, mais aussi plusieurs discours au cours du quinquennat. Et le parti présidentiel y a tenu son université d'été en septembre. 6 000 places assises. Jusqu'à 11 000 si on pousse les chaises et qu'on privilégie le public debout.
Mais la majorité affrète 150 cars depuis les fédérations du Vaucluse ou encore des Alpes-Maritimes. Difficile du coup de jouer l'étonnement quand dès midi, la sécurité décide d'ouvrir les portes pour éviter les débordements devant l'affluence. La foule s'amasse devant les portes, les gens se bousculent, râlent, négocient tant qu'ils peuvent avec la sécurité.
Ceux collés aux barrières interpellent les élus qui passent. Beaucoup se découragent et vont se réfugier dans les troquets environnants. Pas grave, l'UMP filme le monde les yeux rivés sur l'écran géant, Jean-François Copé annonce 15 000 personnes. L'effet de masse est assuré.
• Triez le public
Alors que les retraités représentaient près d'un tiers de l'électorat de Nicolas Sarkozy en 2007, pas question que ça se voie. "La France forte", c'est de la jeunesse, et l'UMP la met avant. La stratégie est largement assumée.
Une heure avant le discours alors que plus personne ne rentre sauf les élus, invités, et parlementaires. "Nous aussi on parlemente", tente Danièle, cheveux qui tirent sur le rouge et manteau de fourrure. Las, la sécurité fait une annonce au mégaphone: "Les jeunes de moins de trente ans uniquement". Petite brèche dans l'alignement des barrières. Quelques uns s'engouffrent.
Les jeunes du Vaucluse ont raté le coche. Valérie Boyer, députée marseillaise, tente d'intercéder en leur faveur. Ils resteront dehors avec les seniors, dont la plupart comprennent "qu'on mette les jeunes en avant". A l'intérieur, chaque caméra a sa grappe de Jeunes Populaires bien visibles avec leurs tee-shirts blancs floqués "étudiants avec Sarkozy".
• S'assurer que rien ne brouille le message
Le "président de tous les Français", c'est bien. Le "candidat de la France", c'est mieux. C'est l'essentiel de la courte introduction de Jean-François Copé, chef de l'UMP. "Le président de la République ne nous appartient pas, il est au delà de notre mouvement, candidat pour la France", sourit-il.
Dans les gradins les drapeaux tricolores s'agitent frénétiquement. Mais aucun drapeau UMP. Interdits de séjour. "C'est la consigne", confirme un organisateur, "le soutien de l'UMP ne fait aucun doute mais on est au-dessus de tous les partis".
• Tacler l'opposition pour resserrer les rangs
Parce qu'il est très largement convaincu, le public a surtout besoin d'être rassuré quant à la détermination du candidat. Les sorties les plus applaudies ? Insécurité, valeur travail, mais surtout celles contre François Hollande, sans cesse ciblé jamais nommé."Où est la vérité quand on fait semblant d'être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris? On veut bien choisir mais alors il faut tomber le bon jour. (…) Ce n'est pas comme ça qu'on dirige un pays". Rires et tonnerre d'applaudissements garantis.
Juste après la Marseillaise, les militants s'époumonnent : "On va gagner, on va gagner". Qu'ils aient pu rentrer ou qu'ils soient restés devant l'écran géant à l'extérieur, les militants sont ravis, "transportés", "soulevés". Les jeunes se disent "au taquet", les plus âgés comptent "tout donner".
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