Suite à l'état de canicule déclenché dans le Rhône le 5 juillet, le ministère de la Santé a présenté son plan canicule
L'état de canicule, décrété vendredi dans le département du Rhône, a été levé samedi au bout de 24 heures, a annoncé Météo France.
Mercredi, Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, avait anticipé en décrétant le plan canicule destiné à éviter que ne se reproduise la catastrophe de 2003.
Cet été-là, 15.000 personnes, des personnes âgées pour l'essentiel, étaient mortes en raison d'une chaleur exceptionnelle.
Détail du "plan canicule"
L'opération "prévoit de garantir la permanence et la continuité des soins", a expliqué Roselyne Bachelot. Elle a souligné que la mise en place des Agences régionales de santé (créées le 1er avril 2010) constituait la "nouveauté" de 2010. Ces ARS ont pour objectif de rassembler dans chaque région l'ensemble des acteurs du système de santé pour un pilotage plus cohérent des moyens disponibles. Pour garantir cette permanence des soins, ces agences veillent notamment à "coordonner les programmes d'ouvertures de lits". Une notion qui inclut également, si nécessaire, la réquisition du personnel assurant la prise en charge des patients.
En 2010, "il y aura plus de lits ouverts qu'en 2009" dans les hôpitaux, un "niveau inégalé", selon Roselyne Bachelot. 95% des lits d'hôpitaux seront ouverts en juillet en moyenne et 90% en août contre 93% et 87% respectivement l'an dernier, a affirmé la ministre de la Santé. Il y aura néanmoins des disparités, avec 88% de lits ouverts en Ile-de-France mais 98% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur entre le 1er juillet et le 15 septembre, a-t-elle ajouté.
Comme tous les ans depuis 2004, le niveau de veille du plan est activé du 1er juin au 31 août et peut être prolongé en cas de besoin. Un deuxième niveau "mise en garde et actions" est déclenché par les préfets, en cas d'alerte de la direction générale de la Santé, sur proposition de Météo France et l'Institut de veille sanitaire. Un numéro vert est alors mis en place et les autorités organisent des actions de communication.
Le niveau "de mobilisation maximale" est déclenché sur instruction du Premier ministre "lorsque la canicule est aggravée par des effets collatéraux (rupture de l'alimentation électrique, pénurie d'eau potable, saturation des établissements de santé...)".
Quand peut-on parler de canicule ?
L'été 2010 en France devrait être plus chaud que la moyenne, mais pour parler de canicule, il faut dépasser un seuil de température précis, que la chaleur reste particulièrement élevée la nuit et ce, durant au moins trois jours consécutifs.
La canicule se définit comme un niveau de chaleur important, différent selon les régions, le jour et la nuit pendant au moins trois jours consécutifs. Par exemple, 31° le jour et 21° la nuit à Paris.
"La définition de la canicule, mise en place pour la carte de vigilance en 2004, repose sur deux paramètres importants: la chaleur et la durée", explique Patrick Gallois, prévisionniste à Météo France. "La chaleur de la journée mais aussi celle de la nuit - quand les nuits sont trop chaudes et que l'organisme ne peut récupérer assez de la chaleur emmagasinée la journée -, et il faut que cette chaleur se maintienne sur trois jours consécutifs", précise-t-il.
"La définition de la canicule ne sera pas la même à Brest, Paris ou Marseille, car un habitant de Marseille ne va pas réagir de la même façon à une température de 35° qu'un habitant de Brest", explique Patrick Gallois. Aussi, "à Paris, pour déclencher cette vigilance canicule, il faut qu'on dépasse la nuit une température de 21° sur trois jours consécutifs, et en journée 31°. A Brest, le seuil pour la nuit est de 19° et 32° pour la journée. A Marseille, le seuil de nuit est de 24° et de 35° en journée", poursuit-il.
Faut-il s'attendre à une canicule cet été ? "L'été 2010 - juin, juillet, août - devrait être plus chaud qu'un été moyen, sans que l'on puisse dire vraiment si on aura des épisodes de canicule et quelles seraient les intensités de ces épisodes", répond Patrick Gallois.
Des critiques des professionnels
Certains professionnels jugent le plan gouvernemental insuffisant et déplorent un manque de personnel.
Les plans canicule "sont utiles" et ont permis de mieux coordonner les pouvoirs publics et les professionnel mais "malheureusement on a des prises de décisions qui sont encore insuffisantes", a réagi sur France 3 le directeur de l'Association de directeurs de maisons de retraite et de services à domicile (AD-PA), Pascal Champvert. Les personnes âgées sont particulièrement vulnérables, car elles ont rarement la sensation de soif et ne transpirent quasiment pas. Celles qui sont isolées chez elles sont encore plus à risque et les pouvoirs publics les incitent à se faire connaître.
"Ce qui a posé problème en 2003", a poursuivi Pascal Champvert, "c'est qu'il n'y avait pas assez de professionnels pour aider à domicile, comme en établissement, les personnes âgées à boire suffisamment". Aujourd'hui, "le personnel n'est toujours pas suffisant dans nombre d'établissements et de services à domicile et, pire que cela, l'Etat prévoit" de diminuer" le nombre d'agents, a ajouté Pascal Champvert. "C'est prendre un très grand risque, parce que si nous avons un autre épisode caniculaire, on voit bien quelle pourrait être la responsabilité de l'Etat s'il y avait à nouveau des morts", a-t-il prévenu.
Le président du syndicat des médecins urgentistes (AMUF), Patrick Pelloux, l'un des premiers à avoir alerté sur le nombre de décès en 2003, regrette que la ministre de la Santé présente le même plan tous les ans alors que "la situation de l'hôpital s'est dégradée d'une manière délirante".
Depuis plusieurs mois, l'hôpital connaît un fort malaise: les personnels dénonçant régulièrement restructurations et suppressions de postes. Roselyne Bachelot "ne répond pas aux problèmes que nous avons sur le terrain", estime le Dr Pelloux.
A Paris, des commerçants feront les "vigies"
Plus de 320 commerçants à Paris vont se mobiliser tout au long de l'été et jouer un rôle de "vigie sociale" dans leur quartier en diffusant des informations pratiques en cas de canicule auprès des personnes âgées et leur entourage, a annoncé le 29 juin la mairie de Paris.
Ainsi, "une trentaine d'équipes formées de volontaires de la ville de Paris, de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris et des fédérations de commerçants ont distribué à ces commerçants des kits de la campagne (canicule) 2010 (affiches, dépliants, numéros utiles)", selon la ville, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris et la Chambre des métiers et de l'artisanat.
Lancé en 2009, un réseau de commerçants solidaires de Paris "s'appuie sur sa vocation de proximité" pour aider les personnes âgées. Les pharmaciens, par exemple, "rejoignent cette année le réseau déjà composé de boulangers-pâtissiers, fleuristes, bouchers, buralistes, hôteliers, restaurateurs, cafetiers, crémiers-fromagers", a-t-on ajouté de même source.
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