Trois personnes ont été mises en examen à Versailles lundi après la chute collective de 11 personnes d'un immeuble
L'hypothèse d'une crise de délire mystique, durant laquelle les personnes auraient voulu fuir ce qu'ils croyaient être le diable, a fait place à celle d'une querelle familiale, a dit lors d'une conférence de presse le procureur Michel Desplan. "Il n'est pas question de satanisme ou de Satan", a dit le magistrat aux journalistes.
Un bébé est décédé.
L'homme qui prétendait avoir été pris pour le diable a été accusé par les autres protagonistes de les avoir agressés. Il a été mis en examen pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", et son beau-frère et sa belle-soeur pour violences volontaires. Le parquet a demandé le placement en détention des deux premiers, point qui devait être tranché par un juge.
L'homme aurait en fait provoqué, pour un motif encore inconnu, une querelle qui aurait dégénéré en bagarre au couteau, poussant une partie de la famille à sauter par la fenêtre. Onze personnes, dont quatre enfants, ont alors chuté du deuxième étage, ce qui a provoqué la mort d'un nouveau-né et des blessures pour d'autres protagonistes.
La première version des événements a fait le tour du monde
Le drame s'est déroulé vers 5h du matin dans un appartement où se trouvaient 13 personnes (6 adultes, 6 enfants et 1 bébé). La première version faisait état d'une méprise. L'un des occupants se serait levé vers 3h du matin pour aller s'occuper de son bébé qui pleurait. "L'homme en question d'origine africaine s'est levé dans l'appartement pour nourrir son enfant, tandis que les autres occupants l'ont pris pour le diable", avait indiqué ce week-end à l'AFP Odile Faivre, procureure adjointe au parquet de Versailles, se basant sur les affirmations du principal responsable présumé de l'affaire.
Dans cette version, le couple et ses enfants auraient reçu la visite de membres de la famille de la mère en fin de soirée. Les trois femmes et l'homme d'origine centrafricaine auraient provoqué la crise en prenant le locataire des lieux qui se rendait à la cuisine pour le diable. L'homme a alors été agressé à l'arme blanche et expulsé des lieux. Nu et blessé sur le palier, il aurait tenté de rentrer dans l'appartement en vain tandis que les autres occupants s'enfuyaient en se jetant par la fenêtre "en ayant une peur panique du diable", ajoutait la procureure adjointe.
L'enquête a fait état ensuite, dimanche, d'une nouvelle version des faits: il s'agirait d'une altercation au sein de la famille avec une ou plusieurs personnes armées de couteaux. "Une querelle s'est subitement produite dans l'appartement où une personne tenait des propos incohérents", a expliqué à l'AFP la police qui essaie encore de déterminer pourquoi les personnes ont sauté. "Ils auraient tenté de descendre par la fenêtre du second étage en s'accrochant le long de la paroi, plutôt que de se jeter dans le vide", explique la même source.
Un bébé de quatre mois a été tué par la chute
Blessés à des degrés divers et souffrant de traumatismes multiples, les occupants ont été orientés vers les différents hôpitaux de la région. Deux enfants ont été transportés vers l'hôpital Necker de Paris, avant que l'un d'eux, une fillette de 4 mois, ne décède samedi soir des suites de ses blessures. L'autopsie doit avoir lieu pour déterminer les causes exactes du décès. L'état du second enfant de deux ans et demi reste inquiétant.
L'homme de 30 ans, père de la petite victime, prétendument confondu avec le diable, ainsi qu'un autre homme qui s'est défenestré avec sa fille de deux ans dans ses bras, ont été interpellés par la police pour les besoins de l'enquête. Les circonstances du drame restent floues pour les autorités. Des sources proches de l'enquête ont parlé d'un rite vaudou qui aurait mal tourné, mais la procureure a indiqué qu'"aucune séance de spiritisme n'aurait eu lieu". Mais l'enquête se poursuit aussi pour savoir si les 12 personnes ont sauté d'elles-mêmes par la fenêtre ou ont été poussées à le faire.
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