Ajaccio. Antoine Sollacaro, ancien avocat d'Yvan Colonna, tué par balles
Antoine Sollacaro s'est fait tirer dessus alors qu'il se trouvait à une station-service, raconte le quotidien "Corse-Matin".
FAITS DIVERS – Antoine Sollacaro, l'un des anciens avocats d'Yvan Colonna, condamné pour le meurtre du préfet Erignac, a été assassiné par balles mardi 16 octobre à Ajaccio (Corse-du-Sud). C'est le quinzième homme tué par balles dans l'île depuis le début de l'année.
Ce que l'on sait de l'attaque
L'avocat avait rendez-vous à 9 heures avec une équipe de France 3 Corse, dans son cabinet, l'un des plus importants de l'île. Mais il a été tué près de son domicile de la route des îles Sanguinaires, à une dizaine de kilomètres du centre-ville d'Ajaccio.
Antoine Sollacaro allait descendre de sa voiture pour acheter le journal dans la boutique d'une station-service quand deux hommes à moto se sont arrêtés. Un témoin qui raconte la scène explique que l'un d'eux a alors ouvert le feu. L'avocat a été tué de deux balles dans la tête et d'une balle dans le thorax, d'après France 3 Corse. Dix douilles de gros calibre ont été retrouvées sur place.
Les équipes de France 3 ont recueilli les premiers témoignages ainsi que la réaction du maire d'Ajaccio, Simon Renucci. Une femme qui a entendu les coups de feu croit également savoir de quel calibre était l'arme (ou les armes) utilisée.
Un avocat brillant proche des nationalistes
Le spécialiste judiciaire de France 2, Dominique Verdeilhan, se souvient de cet homme du barreau particulièrement tonitruant lors du procès d'Yvan Colonna. "C'était un frondeur, il pratiquait la défense de rupture. En plein tribunal, il avait eu des mots très durs à l'égard du président. Peu lui importait, il affirmait sa proximité avec les milieux indépendantistes. Son credo était de faire entrer la politique dans le prétoire. Une position qui n'était pas partagée par ses confrères de la défense."
Dans l'une de ses plus célèbres plaidoiries, lors du deuxième procès Colonna en février 2009, il avait traité la cour de "junte birmane", ce qui lui avait valu un avertissement. Antoine Sollacaro avait été proche des milieux nationalistes. Il avait assuré la défense d'Yvan Colonna jusqu'en 2011, avant de se retirer de l'équipe des défenseurs lors du dernier procès devant la cour d'assises spéciale de Paris.
L'assassinat d'un avocat, une première depuis vingt ans
Cet assassinat d'un avocat est le premier sur l'île depuis celui de Jean Grimaldi, tué par balles le 6 novembre 1991 à Bastia. Selon le Conseil national des barreaux, il s'agit même d'une première en France depuis au moins vingt ans.
Pour Patrick Maisonneuve, autre défenseur d'Yvan Colonna, "avec l'assassinat d'un avocat, on passe un palier, il n'y a plus de limites, c'est quelque chose d'exceptionnel". Même analyse chez l'avocat corse Dominique Mattei, ancien bâtonnier du barreau de Marseille : "L'avocat et le médecin, comme l'instituteur et le curé, étaient des personnages intouchables auparavant en Corse, et on se rend compte aujourd'hui qu'il n'y a plus de barrières."
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