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Un ancien membre de la DGSE affirme avoir été mandaté par l'Elysée pour rencontrer un témoin-clé de l'affaire Karachi

Alain Juillet a rapporté au juge Van Ruymbeke avoir été mandaté par l'Elysée en 2008 pour contacter M. Boivin, mandataire des sociétés luxembourgeoises par lesquelles seraient passées des commissions sur les contrats d'armement.Il aurait été mandaté pour "voir ce qu'il y a derrière tout ça", selon un procès verbal d'audition, cité par Mediapart.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Cérémonie à Cherbourg en hommage aux onze victimes de l'attentat de Karachi, le 13 mai 2002. (AFP / Mehdi Fedouach)

Alain Juillet a rapporté au juge Van Ruymbeke avoir été mandaté par l'Elysée en 2008 pour contacter M. Boivin, mandataire des sociétés luxembourgeoises par lesquelles seraient passées des commissions sur les contrats d'armement.

Il aurait été mandaté pour "voir ce qu'il y a derrière tout ça", selon un procès verbal d'audition, cité par Mediapart.

Jean-Marie Boivin était le mandataire de Heine et Eurolux, deux sociétés basées au Luxembourg par lesquelles transitaient depuis 1994 des commissions sur des contrats d'armement. Selon plusieurs témoignages, il aurait depuis fait du chantage auprès des autorités françaises pour au final obtenir en janvier 2009, huit millions d'euros d'indemnités.

Juillet était convaincu que Boivin avait des archives
M. Juillet
, ancien membre de la Direction générale des services extérieurs (DGSE), a affirmé le 17 décembre au juge Van Ruymbeke avoir été contacté en juin 2008 par Bernard Delpit, à l'époque collaborateur de François Pérol, ancien secrétaire général adjoint à l'Elysée, pour qu'il prenne attache avec M. Boivin.

M. Juillet, qui exerçait alors les fonctions de haut-responsable à l'intelligence économique auprès de Matignon, a ainsi rencontré M. Boivin à trois reprises, à Londres, entre septembre 2008 et mai 2009.

"J'étais convaincu qu'il (M. Boivin) avait des archives et qu'il valait mieux les récupérer et négocier avec lui une indemnité de départ raisonnable", a expliqué M. Juillet.

Lors de leurs différentes rencontres à Londres, M. Boivin "a surtout parlé de Karachi", a assuré l'émissaire de l'Elysée. "C'est le premier que j'ai entendu dire que l'attentat était lié à l'arrêt du versement des commissions. Pour lui, c'était une évidence", a ajouté M. Juillet, 68 ans.

Celui-ci a précisé au juge Van Ruymbeke avoir pris avec des pincettes les affirmations de son interlocuteur : "Quand on l'écoutait, on a l'impression qu'il savait tout. Mais quand on lui posait des questions précises, c'était totalement flou", a poursuivi M. Juillet.

"La cerise sur le gâteau, c'est que j'ai reçu, il y a un mois et demi, une lettre de Suisse m'informant que M. Boivin avait remis toutes les pièces à un représentant de la DCN", ajoute M. Juillet, laissant entendre que M. Boivin aurait renoncé à une partie des documents qu'il affirmait détenir dans un coffre en Suisse.

La justice suit depuis 2009 la piste d'un arrêt des commissions sur des contrats d'armements, décidé en 1995 par Jacques Chirac, comme mobile de l'attentat de Karachi qui a fait 15 morts en mai 2002, dont 11 salariés français de la Direction des constructions navales (DCN).

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