Un Polonais est jugé depuis jeudi en correctionnelle à Bonneville pour avoir illégalement exercé la profession de guide
Originaire de Gdansk (nord de la Pologne) et âgé de 43 ans, Jaroslaw Skowron comparaît pour "usurpation de titre", un délit, encore rare mais inquiétant, passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende, a précisé une source judiciaire.
L'un de ses compagnons est décédé le 12 juillet dernier après une chute dans un passage difficile.
Le phénomène des "guides marrons" inquiète la profession
Ce jour-là, M. Skowron, titulaire d'un diplôme pour encadrer des clients dans "certains massifs polonais mais pas en France", menait avec un compatriote une cordée composée de deux Australiens et d'un Polonais partie à l'ascension du Mont-Blanc.
Sur l'arête du Goûter, un passage délicat où décèdent fréquemment des alpinistes, le compagnon de M. Skowron, qui n'était pas encordé, avait glissé et fait une chute mortelle.
Après l'accident, M. Skowron avait avoué aux gendarmes qu'il n'était pas en règle en France n'étant pas titulaire d'une équivalence de diplôme qui doit être validée par le secrétariat aux Sports.
S'il reste rare, le phénomène des "guides marrons" - comme les appellent les professionnels et qui touche essentiellement le massif du Mont-Blanc - préoccupe les guides déjà affectés par une conjoncture morose.
Chaque année, les gendarmes du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Chamonix contrôlent "un à deux" faux guides, parmi lesquels trois ressortissants polonais depuis 2007, selon un responsable.
"On a une formation professionnelle qui dure entre quatre et cinq ans après un concours d'entrée" à l'Ecole nationale de ski et d'alpinisme "où la sélection est difficile", souligne de son côté, le président de la compagnie des guides de Chamonix, Eric Favret.
Pour M. Favret, l'affaire du guide polonais est d'autant plus "inquiétante" que c'est une agence de voyage polonaise, dont la responsabilité pour l'heure n'est pas établie, qui a vendu l'expédition à ces clients.
Sur le terrain, le problème est toutefois compliqué à maîtriser.
"C'est très difficile de déceler une personne en contrat avec un faux guide. Quand une situation est délicate, on n'hésite pas à appeler les gendarmes", seuls à même d'effectuer des contrôles d'identité, explique M. Favret.
Enfin, le Syndicat national des Guides de Montagne (SNGM) milite pour une plate-forme commune aux guides, dont il espère la reconnaissance au niveau européen.
Cette plate-forme "permettrait de faciliter l'insertion des guides des pays entrants" sur la base de critères garantissant la sécurité des clients, assure le président du SNGM, Denis Crabières.
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