Cet article date de plus de quatorze ans.

Un sexagénaire avait menacé de commettre des attentats contre les cinémas projetant le film "Hors la loi"

L'arrestation a eu lieu à Saint-Raphaël (Var). L'homme se réclamait du groupe d'extrême droite Charles Martel. Un appel anonyme avait été passé à un média le 22 septembre par un individu se réclamant du groupe extrémiste."Hors la loi" raconte sur 30 ans l'histoire de trois frères dont l'un s'engage dans le mouvement d'indépendance de l'Algérie.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'équipe du film: Jamel Debbouze, Sami Bouajila, Chafia Boudraa, Rachid Bouchareb et Roschdy Zem (AFP - FRANCOIS GUILLOT)

L'arrestation a eu lieu à Saint-Raphaël (Var). L'homme se réclamait du groupe d'extrême droite Charles Martel. Un appel anonyme avait été passé à un média le 22 septembre par un individu se réclamant du groupe extrémiste.

"Hors la loi" raconte sur 30 ans l'histoire de trois frères dont l'un s'engage dans le mouvement d'indépendance de l'Algérie.

Le film a été réalisé par Richard Bouchareb, auteur d'"Indigènes". Il évoque notamment la répression sanglante d'émeutes nationalistes le 8 mai 1945 à Sétif, souvent considéré comme étant à l'origine de la guerre d'Algérie. Le bilan officiel s'établit à 1500 morts. Les Algériens parlent de 45.000 tués au moins et les historiens anglo-saxons de 25.000, en une semaine.

L'origine de l'appel anonyme avait pu être établie: il provenait d'une cabine publique de Mandelieu-la-Napoule (Var). Saisies de l'enquête, la sous-direction antiterroriste de la direction centrale de la police judiciaire et la direction interrégionale de PJ de Marseille ont effectué "un important travail" de police technique autour de cette cabine, a-t-on précisé de source policière.

Ces investigations ont permis d'identifier l'auteur de l'appel, un retraité de 68 ans. Interpellé sur la voie publique près de son domicile à Saint-Raphaël, il a reconnu les faits. On ignorait s'il été lié ou non au groupe Charles Martel qui s'était fait connaître dans les années 70.

Au cours d'une garde à vue de trois jours, il a expliqué avoir agi parce qu'il aurait voulu que ce film soit interdit.

Le groupe Charles Martel avait commis une vingtaine d'attentats, principalement contre des ressortissants ou des intérêts algériens en métropole, entre le 14 décembre 1973 et le 20 juin 1991, en majorité dans le sud de la France, mais aussi plusieurs fois à Paris.
Ces attentats avaient fait 6 morts, dont le prince Jean de Broglie, artisan des accords d'Evian de 1962, le 24 décembre 1976, et plusieurs dizaines de blessés.

Manifestation au Festival de Cannes
Le 21 mai, la projection d'"Hors la loi" au Festival de Cannes avait été accompagnée d'une manifestation réunissant, selon Reuters, 1500 personnes. Parmi eux: d'anciens combattants, des harkis, pieds noirs et des élus UMP. Le député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca, qui n'avait alors pas vu le film, a qualifié le travail de Rachid Bouchareb de "film caricatural, partisan, pro FLN, qui assimile l'armée française aux SS et la police française à la Gestapo". Il a relevé que l'oeuvre a été financée "à plus de 50 %" par l'Etat français.

Le film est une coproduction entre cinq pays, France, Algérie, Belgique, Tunisie et Italie, et le nombre d'organismes publics étant intervenus est assez impressionnant, du CNC au ministère algérien de la Culture en passant par l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances, entre autres.

Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a dénoncé un "film à la gloire des égorgeurs du FLN" et d'"insulte permanente à l'armée française, à nos morts".

De son côté, Rachid Bouchareb a insisté sur le fait que son film était une fiction. Il "n'est pas là pour provoquer des affrontements mais bien au contraire pour ouvrir un débat et qu'enfin tout le monde puisse s'exprimer autour du film et que demain une page se tourne", a ajouté Rachid Bouchareb, soulignant que son intention première dans ce film n'avait pas été de "crever un abcès".

"Je ne discuterai pas avec les gens qui veulent faire du film un champ de bataille et l'utiliser pour des raisons personnelles", a-t-il ajouté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.