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Une ancienne habitante de l'île de Quéménès, en quête de locataires, se remémore "une vie de Robinson"

Le Conservatoire du littoral a lancé un appel à projets pour la gestion de l'île de Quéménès (Finistère). Marie-Thérèse Darcque-Tassin, qui y a vécu pendant plusieurs années, raconte à franceinfo cette vie insulaire.

Article rédigé par Carole Bélingard
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Conservatoire du littoral a lancé un appel à projets pour la gestion de l'île de Quéménès (Finistère) (MAXPPP)

"C'était une vie atypique, une vide rude, mais j'en suis fière", lance Marie-Thérèse Darcque-Tassin. Pendant quarante ans, de 1953 à 1993, sa famille a été la seule occupante de l'île de Quémènès, dans l'archipel de Molène, au large du Conquet (Finistère). Sa famille a vendu l'île, en 2003, au Conservatoire du littoral. Mais après dix ans passés à Quéménès, les locataires actuels font leurs cartons, et ce bout du monde cherche de nouveaux habitants. L'appel à projets pour la gestion de l'île a été clos, mardi 26 septembre. A la fin du mois d'octobre, on devrait connaître le nom des futurs occupants de l'île.

Marie-Thérèse suit le dossier avec attention. Certains candidats, "avides de s'imprégner de Quéménès", l'ont d'ailleurs contactée pour faire appel à ses souvenirs de ce bout de terre de 1,3 kilomètre de long et de 26 hectares de superficie.

Sans eau courante ni électricité

"Nous n'avions rien. Le corps de ferme était démuni de tout. Au début, on vivait sans électricité, sans eau. Pour se laver, on récupérait l'eau du puits qu'on chauffait à la marmite !" L'hiver, pour se réchauffer, Marie-Thérèse, ses parents, ses deux frères et sa sœur devaient se contenter de l'unique cheminée de la pièce principale. 

C'était très archaïque, il y avait un décalage de trente ans avec le continent !

Marie-Thérèse Darcque-Tassin

à franceinfo

Dès l'âge de 5 ans, Marie-Thérèse est envoyée en pension au Conquet. Les enfants ne reviennent sur l'île que pour les vacances. Son père vient les chercher avec sa petite embarcation. "Il n'y avait pas de navettes à l'époque…" Mais pour Marie-Thérèse, deuxième de la fratrie, les vacances ne sont pas de tout repos. A chaque saison, son activité : au printemps, les pommes de terre, en été, la pêche… Et puis, il faut faire tourner la ferme, avec ses vaches, ses chevaux, ses cochons, ses volailles, ses champs de blé, de luzerne, de betteraves.

"Je garderai un œil sur l'île jusqu'à ma mort"

"On vivait complètement en autarcie. Mon père avait une machine pour broyer le blé, on faisait de la farine, par exemple", se remémore la sexagénaire. Elle se souvient aussi de ses gestes quotidiens pour traire les vaches à la main, confectionner le beurre de baratte… "C'était une vie de Robinson", résume-t-elle.

Une vie de labeur, mais "une vie saine et de liberté", dit aujourd'hui Marie-Thérèse Darcque-Tassin, qui souhaite que Quéménès conserve sa quiétude. "Les Bretons sont des taiseux, vous savez", glisse-t-elle. Alors quand elle rencontre les potentiels futurs locataires de l'île, Marie-Thérèse leur dépeint sa vision de son bout de terre. "J'aime mon île, je suis habitée par elle. Je garderai un œil sur elle jusqu'à ma mort."

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