Fuite de gaz à Rouen : "Sans doute une négligence ou une faute", selon Batho
Moins d'une tonne de gaz a été neutralisée sur les 36 que compte la cuve. L'achèvement des travaux prendra "un certain temps", a déclaré la ministre de l'Ecologie.
Les mauvaises odeurs vont mettre un peu de temps à se dissiper. Les opérations de colmatage, qui ont débuté dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 janvier, pourraient durer plusieurs jours. Moins d'une tonne de gaz a été neutralisée sur les 36 que compte la cuve. L'achèvement des travaux prendra "un certain temps", a déclaré la ministre de l'Ecologie Delphine Batho, mercredi sur Europe 1. Selon elle, l'incident a "sans doute une négligence ou une faute" pour origine.
En attendant, le mercaptan, ce gaz nauséabond ressenti depuis lundi jusqu'en région parisienne et dans le sud de l'Angleterre, continue de s'échapper de l'usine Lubrizol de Rouen (Seine-Maritime). Francetv info récapitule les derniers développements de cet incident, que les autorités affirment sans risque pour la santé.
La neutralisation va prendre plusieurs jours
Les premières opérations de neutralisation du mercaptan se déroulent bien, selon la direction de l'entreprise : "Le protocole suit son cours. Ca se passe bien. On a bien progressé tout au long de la nuit" et ces opérations de neutralisation "vont se prolonger pendant plusieurs nuits."
L'opération a débuté vers 1 heure mercredi matin avec trois heures de retard sur l'horaire initialement annoncé, mais la neutralisation proprement dite n'a débuté que vers 5 heures. Les quatre heures précédentes ont été consacrées à la préparation de la solution nécessaire au processus de neutralisation.
Une réunion doit se tenir à la préfecture en tout début de matinée en vue d'une validation du protocole mis en œuvre. Ce processus, détaillé par nos confrères de France 3 Haute-Normandie, consiste à transférer le contenu du bac d'où s'échappe le mercaptan vers un autre bac contenant une solution sodée.
"La première étape consistait pour nous à prendre toutes les précautions nécessaires. Entre 20 et 30 salariés de l'entreprise ont été mobilisés", tout au long de la nuit, a indiqué la porte-parole de la direction. Des effectifs auxquels s'ajoutent police, pompiers et autres services publics.
Durant les opérations de neutralisation, des restrictions de circulation ont été mises en place aux abords immédiats de l'usine. L'Etat a fait le choix de réaliser les opérations de nuit pour éviter "une gêne maximale" pour les usagers.
Batho annonce l'ouverture d'une enquête administrative
"Une fois que la cause de cette pollution aura été traitée, il y aura bien sûr une enquête administrative pour en déterminer l'origine et pour établir les responsabilités de l'exploitant", a annoncé mardi soir à l'AFP la ministre de l'Ecologie, après s'être rendue sur le site.
"Je pense qu'on aura une évaluation maintenant plus précise et plus nette à la fin de cette nuit [mercredi matin], pour savoir si le protocole qui est mis en place fonctionne", a précisé Delphine Batho. Dans l'intervalle, l'exploitation de l'usine a été stoppée.
Le plan particulier d'intervention déclenché à Rouen
"A titre préventif", la préfecture de Seine-Maritime a déclenché le plan particulier d'intervention (PPI) "sur la zone de Rouen". "On doit être en mesure de protéger les populations, a expliqué la préfecture, contactée par francetv info.
L'application de ce PPI a eu comme première conséquence le report du match de Coupe de France qui devait opposer Rouen à l'Olympique de Marseille, mardi soir. "Nous ne voulions pas nous retrouver avec 10 000 spectateurs à 2 km de l'usine sans aucune capacité à les confiner ou les évacuer si nécessaire", a déclaré à l'AFP Florence Gouache, la directrice du cabinet du préfet de Seine-Maritime.
Le préfet, Pierre-Henry Maccioni, a précisé que les résultats des six analyses de toxicité effectuées aux abords du site étaient "tous négatifs".
Les écologistes réclament "davantage d’information"
"Un incident qui dure depuis hier matin [lundi], j'appelle ça un accident, lâche Claude Barbay, membre de l'association Haute-Normandie Nature et Environnement (HNNE), interrogé par francetv info. Et de réclamer "davantage d’information". "Nous voulons savoir ce qui s’est échappé, s’il y a du mercaptan ou autre chose et à quel niveau de concentration. Enfin, nous voulons connaître les cercles de personnes potentiellement touchées" par le dégagement, dit-il.
Pour Michèle Rivasi, députée européenne EE-LV, les autorités ont failli dans l'application du principe de précaution. Dans un communiqué, le parti écologiste "s'étonne ainsi que, plus d'une journée après les premiers constats, l'incident de l'usine Lubrizol à Rouen ne semble toujours pas maîtrisé". EE-LV demande que "toute la lumière soit faite" sur cet incident et entend que des conclusions soient tirées car "ce sont les conditions du fonctionnement de l'industrie qui sont mises en question, notamment en milieu urbain".
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