Paris suspects : le club de handball de Montpellier va se constituer partie civile
Rémy Lévy, le président du MAHB, veut protester contre le "grave préjudice" occasionné au club de handball et à ses joueurs, mis en cause dans une affaire de match truqué.
JUSTICE - Ont-ils perdu volontairement pour faire gagner des proches ayant parié sur leur défaite ? Huit joueurs du Montpellier agglomération handball (MAHB), champion de France en titre, seraient impliqués dans une affaire de match truqué, rapporte, mardi 25 septembre, France 3 Languedoc-Roussillon. Parmi eux, "trois classés olympiques et cinq autres membres du groupe", affirment nos confrères. Une information judiciaire est en cours, à Montpellier (Hérault), sous contrôle d'un juge d'instruction. FTVi établit la chronologie de cette affaire.
Acte 1 : un match perdu et des paris suspects
Tout commence par un match de D1, le 12 mai à Rennes (Ille-et-Vilaine). Montpellier affronte les Bretons de Cesson-Sévigné et perd 31 à 28. Ce jour-là, l'équipe est diminuée par l'absence de cinq de ses meilleurs joueurs, tous blessés : Nikola et Luka Karabatic, Mladen Bojinovic, Vid Kavticnik et Samuel Honrubia. Mais Montpellier était surtout déjà assuré d'être champion avant de rencontrer le huitième du championnat, et n'avait donc pas besoin d'une victoire.
A la mi-temps du match, la Française des Jeux (FDJ) enregistre des mises importantes prévoyant la défaite du club et suspend les paris sur ce match. Elle informe alors les autorités, "comme le prévoient ses obligations de vigilance et de précaution", rappelle-t-elle.
Acte 2 : une enquête ouverte et des joueurs entendus
La FDJ porte plainte et une enquête préliminaire, confiée à la police judiciaire de Montpellier (SRPJ), est ouverte sur des "paris anormaux" avec "des montants quatre ou cinq fois supérieurs à ce qu'on pouvait attendre" pour un tel match. Les policiers interrogent des handballeurs. Le président du club, Rémy Lévy, a reconnu mercredi 26 septembre dans Le Midi Libre que lui-même et l'entraîneur Patrice Canayer ont également été entendus.
Selon France 3 Languedoc-Roussillon, les policiers découvrent "que des épouses ou des concubines de joueurs et de membres de l'environnement du club ont joué Montpellier perdant dans trois bureaux de tabac, l'un dans la région parisienne, l'autre en Bretagne et le dernier près de Montpellier". Ainsi, "5 000 euros environ ont été joués, ils ont rapporté un total de 200 000 euros pour ces dix personnes", expliquent nos confrères.
L'information est corroborée par le journaliste sportif de France Télévisions Patrick Montel, qui raconte sur son blog, mercredi, une scène survenue dans "un bar parisien". Un "colosse", "l'un des joueurs cadres de Montpellier" et une "jeune femme blonde", "sa compagne", déposent une enveloppe sur le comptoir. "Le patron compte discrètement les billets de banque qu'elle contient : 4 500 euros en liquide." L'argent d'un pari. A ce moment, la cote du match est fixée à 2,9 en cas d’exploit des Bretons. "Soit un gain net d’impôts de 13 050 euros pour une mise initiale de 4 500 euros", calcule Patrick Montel.
Acte 3 : une information judiciaire lancée
L'enquête préliminaire débouche sur l'ouverture d'une information judiciaire le 1er août, selon le parquet de Montpellier. Des joueurs de l'équipe montpelliéraine, mais aussi des proches de certains de ces joueurs, devraient être convoqués par les enquêteurs du SRPJ.
"Je viens d'avoir Nico [Karabatic] au téléphone, il n'était pas au courant. Il pensait que cette histoire était terminée. Les joueurs n'ont jamais été entendus sur cette affaire et, à ce que j'en sais, personne n'a été convoqué", a cependant déclaré Bhakti Ong, l'agent de Karabatic, à l'AFP.
Acte 4 : le club veut se constituer partie civile
Le président du club, Rémy Lévy, a dénoncé mardi "des accusations extrêmement graves", et jugé "parfaitement déloyal" que cette enquête sur "des faits non établis" ait pu sortir dans la presse, protestant "vigoureusement sur les allégations d'implication du club dans le résultat du match" et "l'amalgame inadmissible" qui est fait avec une implication éventuelle de joueurs dans des paris sur la rencontre.
Avocat de profession, il a indiqué que le club allait se constituer partie civile ; une réaction, a-t-il dit au "grave préjudice qui lui est occasionné, ainsi qu'à l'ensemble de ses salariés, partenaires, bénévoles et supporters". Le patron du MAHB a aussi souligné que tous les joueurs savent qu'il leur est interdit de participer à des paris : "Les conclusions en seront donc tirées par le club en fonction du résultat de cette procédure à venir."
Ses joueurs sont, eux, injoignables depuis mardi, partis le jour même à Flensbourg, en Allemagne, pour disputer leur premier match de la saison en Ligue des champions. Ils seront de retour à Paris vendredi, où ils doivent rester jusqu'à dimanche pour le grand choc contre le Paris SG.
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