Hollande, Sarkozy, Le Pen, Bayrou : à chacun sa vision de l'école
A cent jours de la présidentielle, le quatuor de tête dans les sondages propose des pistes très différentes pour l'Education nationale.
En présentant ses vœux au monde éducatif, jeudi 5 janvier, le président-pas-encore-officiellement-candidat Nicolas Sarkozy a dévoilé une bonne partie de son programme pour l'école. L'occasion de comparer les pistes - très différentes - du quatuor de tête dans les sondages.
• François Hollande : l'enseignant
Comme nombre de professeurs, Hollande est convaincu que pour faire mieux à l'école, il faudra plus de moyens. Voilà bien longtemps - près de deux ans - que le candidat socialiste a présenté son "pacte éducatif". Sa proposition phare : un plan pluriannuel sur cinq ans permettant l'embauche de 60 000 professeurs, qui seront affectés prioritairement "là où les besoins sont les plus sensibles". Coût estimé : "500 millions d'euros par an, soit l'équivalent du bouclier fiscal." Mais Hollande souhaite également rallonger l'année scolaire, rétablir la formation initiale des enseignants et renforcer la préscolarisation des plus petits.
Des propositions que le candidat socialiste souhaite faire adopter "avant fin 2012" et en concertation avec les acteurs de l'éducation. Les principaux syndicats d'enseignants (FSU, Unsa...) ont d'ores et déjà salué la démarche.
• Nicolas Sarkozy : le parent d'élève
Le chef de l'Etat, lui, considère à l'inverse que l'Education nationale peut "faire mieux avec les mêmes moyens", rapporte Le Figaro.fr. Après avoir fermé près de 70 000 postes depuis 2007 en vertu de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, Nicolas Sarkozy souhaite faire travailler davantage les enseignants, notamment en sortant du statut qui détermine le nombre d'heures de cours, et non de présence dans l'établissement. En contrepartie, il affirme que leur rémunération "devra être considérablement augmentée".
Le président sortant souhaite également réfléchir à l'autonomie des établissements, qui permettrait notamment à leurs responsables de recruter sur profil leurs enseignants. Enfin, il propose la fin du collège unique, en "recentrant la 6e et la 5e sur les enseignements fondamentaux" pour un meilleur "continuum" après la primaire, et en introduisant des parcours "différenciés" à partir de la 4e, dont l'un préparerait aux filières professionnelles.
Une "attaque libérale" et "rétrograde" qui "ne dit rien sur la façon de prendre en charge l'échec scolaire", estiment les syndicats, cités par Libération.
• Marine Le Pen : le maître à l'ancienne
En s'adressant aux enseignants fin septembre 2011, la candidate frontiste avait voulu mettre fin au "malentendu qui existe depuis longtemps" entre l'extrême droite et l'Education nationale. "Longtemps, nous avons commis l'erreur de penser que vous étiez complices ou passifs face à la destruction de l'école. Pour l'immense majorité d'entre vous, c'était une erreur et cette époque est révolue", avait lancé ce jour-là Marine Le Pen.
Mais côté programme, la présidente du Front national refuse de mettre davantage de moyens au service des enseignants, "parce que vous connaissez la situation dramatique dans laquelle l'UMP et le PS ont laissé nos finances publiques et notre dette".
Son credo : rétablir la discipline et l'autorité pour revenir à l'école d'antan. Fustigeant les "pédagogistes" et les "jacklanguistes", prônant "la méthode syllabique", "l'histoire apprise de manière chronologique" ou "la géographie enseignée sur des cartes", Marine Le Pen propose également la mise en place, au moins temporairement, de portiques détecteurs de métaux et de rondes policières à l'intérieur des établissements scolaires, ainsi que des sanctions financières pour "les parents d'élèves gravement perturbateurs".
• François Bayrou : le directeur d'école
En agrégé de lettres et ancien ministre de l'Education, François Bayrou veut se poser en expert sur la question. Au côté de la production, il a fait de l'instruction le pilier de son projet, note Le Point.fr. Il veut qu'"en cinq ans, l'école française entre dans les dix premières nations du monde pour la qualité, la réputation et l'efficacité de l'école". Pour lui, "tous les moyens intellectuels de l'école doivent être dirigés vers ce but simplissime : garantir la lecture, l'écriture et le calcul mental à 100 % des élèves au moment de l'entrée en 6e".
Le candidat du MoDem souhaite notamment "proposer une scolarité particulière" aux élèves "décrocheurs" et faire de la classe de terminale une année de "préparation à l'enseignement supérieur", pour faire face à "la fracture entre le lycée et l'université". François Bayrou ne promet en revanche pas d'embauches massives : il préfère "préserver dans les cinq années les moyens de l’école, du collège, du lycée, de l’université", et s'en tenir au "remplacement poste pour poste de tous les départs à la retraite".
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