Proposition de loi sur la location des meublés touristiques : "Ciblons les mesures sur les potentiels spéculateurs", plaide Airbnb
"Ciblons les mesures sur les potentiels spéculateurs" et préservons "l'accueil touristique occasionnel" qui est "un complément de pouvoir d'achat dans l'écrasante majorité des cas", a soutenu mardi 21 mai sur franceinfo Clément Eulry, directeur d’Airbnb France et Belgique. Les députés ont voté en première lecture la proposition de loi portée par un député socialiste des Pyrénées-Atlantiques, Iñaki Echaniz, et une députée Renaissance du Finistère Annaïg Le Meur. Ce texte vise à rééquilibrer la part de meublés touristiques et de logements classiques dans certaines régions où trouver un logement longue durée devient de plus en plus compliqué. Le Sénat s'empare du texte mardi.
Clément Eulry appelle à "préserver la location occasionnelle et en même temps trouver un équilibre dans les zones où il y en a besoin". Il rappelle l'impact économique de la location de tourisme en France. "C'est un vrai poumon économique pour les Français et pour les territoires en France", dit-il. "25 000 communes" accueillent des locations Airbnb. C'est "43 000 euros d'impact économique positif et 360 000 emplois soutenus et créés", a-t-il précisé.
Clément Eulry n'est pas opposé à des "mesures qui vont aller dans le sens du logement et donner plus de pouvoir aux maires dans les territoires", dit-il. Mais il dénonce celles qui "ratent leurs cibles". Selon lui, "quand on limite le nombre de jours qu'une résidence principale peut être louée en location de tourisme, ça n'aura aucun impact sur le logement, aucun logement ne sera libéré, en revanche, ça va s'attaquer au pouvoir d'achat des Français et à l'accueil touristique", a-t-il affirmé.
Toucher à la "niche fiscale", "une bonne piste"
En France, un million de biens sont sur le marché de la location touristique : "92% de ces hébergements sont loués occasionnellement et sont des résidences principales ou des maisons de famille", précise-t-il. Aujourd'hui, les maires disposent d'un certain nombre d'outils pour réguler la location touristique (changement d'usage, compensation...). Clément Eulry se dit "ouvert à des mesures additionnelles", comme par exemple, "baisser les abattements au-dessus d'un certain seuil de revenus annuels me semble être une idée à explorer". Le revenu médian sur Airbnb est de 3 900 euros par an, a-t-il précisé.
La proposition de loi s'intéresse à la "niche fiscale" associée aux meublés touristiques. Aujourd'hui, il est plus intéressant de louer un meublé touristique qu'un logement classique. Le taux d'abattement des locations de tourisme, selon leur confort, est de 50% ou 71% dans la limite de 77 700 euros ou 188 700 euros de chiffre d’affaires, selon les cas. Les locations classiques sont soumises à un régime fiscal nettement moins attractif : un abattement de 30% et un plafond de 15 000 euros de revenus fonciers.
Toucher à la "niche fiscale" semble être la bonne piste, selon lui. "Il faut donner à ceux qui font de la location professionnelle plus d'incitation à ce qu'ils choisissent plus souvent la location longue durée et dans le même temps, en dessous d'un seuil, il faut pouvoir préserver cette location de meublé de tourisme qui est au bénéfice de l'entièreté de l'économie et des territoires", a expliqué Clément Eulry. Il se dit "tout à fait" ouvert à une certaine évolution de la réglementation et assure qu'Airbnb "collaborera avec l'ensemble des parties prenantes, en particulier les maires".
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