Drones à l'aéroport de Londres-Gatwick : le mystère reste entier
Interrogé sur l'éventualité qu'il n'y ait jamais eu aucun drone, les enquêteurs ont répondu que c'était "une possibilité". Le couple arrêté vendredi a, lui, été libéré deux jours plus tard.
L'enquête a du mal à décoller. La police britannique cherche toujours à identifier les responsables des mystérieux vols de drones qui ont créé la pagaille à l'aéroport londonien de Gatwick, le deuxième du Royaume-Uni derrière celui d'Heathrow. Entre mercredi 19 et jeudi 20 décembre, le trafic a été totalement suspendu, avant de reprendre progressivement vendredi matin.
Après avoir arrêté un couple vendredi, finalement relâché deux jours plus tard, les enquêteurs explorent toutes les possibilités pour trouver les responsables de cette pagaille. Franceinfo fait le point sur les dernières avancées de l'enquête.
Que s’est-il passé à l’aéroport de Gatwick ?
Dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 décembre, le trafic de l’aéroport international de Gatwick, situé près de Londres, a été fortement perturbé à cause de deux drones signalés en train de survoler l’aéroport.
Les vols ont d’abord été suspendus quelques heures, de 21 heures à 3 heures du matin. L'aéroport a rouvert brièvement dans la nuit, avant de fermer à nouveau à 3h45, jeudi matin. Le site a rouvert son unique piste vendredi matin après avoir été paralysé pendant près de 36 heures. Des engins volants ont été aperçus une cinquantaine de fois en 24 heures, jouant au chat et à la souris avec la police.
La situation s’est finalement normalisée ce week-end, mais selon l'aéroport, un millier de vols ont été annulés ou détournés, affectant 140 000 voyageurs. Le gouvernement parle d’un incident "sans précédent".
Les drones ont-ils été interceptés ?
Les engins signalés n’ont pas été neutralisés, malgré les moyens conséquents mobilisés sur place. L'armée a été appelée à l'aide et le ministère de la Défense a annoncé avoir déployé du matériel spécialisé pour aider la police à traquer les drones. Une chasse à l'homme mobilisant plus de 20 unités de police et des dizaines d'agents de police locaux a également été lancée pour trouver les responsables.
L’aéroport a pu rouvrir après avoir pris des "mesures" pour atténuer la menace des drones, en collaboration avec la police, l'armée et les autorités, a précisé le directeur général de l'aéroport, Chris Woodroofe, sur la BBC, qui a refusé de donner davantage de détails.
A-t-on identifié les responsables ?
Un couple a été arrêté vendredi 21 décembre, à son domicile de Crawley à quelques kilomètres de l’aéroport. Mais l’homme de 47 ans, décrit comme un ancien soldat travaillant désormais comme vitrier et sa femme de 54 ans ont été libérés deux jours plus tard. "Ces deux personnes ont pleinement coopéré à notre enquête et je suis convaincu qu'elles ne sont plus suspectes", a déclaré un responsable de la police du Sussex dans un communiqué.
L'aéroport offre 50 000 livres pour toute information pouvant mener à l'arrestation des responsables, selon le Guardian (article en anglais).
Où en est l'enquête ?
La police britannique continue à rechercher activement les auteurs de la pagaille de ces derniers jours. L'implication d'un Etat étranger est jugée "improbable", selon les journaux, qui évoquent la piste de militants écologistes ou d'un employé de l'aéroport "mécontent".
Une autre piste, plus surprenante, est également envisagée. Interrogé par la BBC sur l'éventualité qu'il n'y ait jamais eu aucun drone, l'un des enquêteurs a répondu que c'était "une possibilité", car la police se repose entièrement sur des témoignages et qu'aucune image des engins n'est disponible. Néanmoins, un engin endommagé a été retrouvé près du site, selon la police du Sussex.
Face au chaos provoqué par ces survols, le Parti travailliste britannique réclame une enquête indépendante, critiquant le gouvernement qu'il accuse de ne pas avoir suffisamment pris ce problème à bras-le-corps.
Les coupables risquent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement. La législation encadrant l'usage des drones a été renforcée cette année au Royaume-Uni, interdisant leur utilisation à moins d'un kilomètre d'un aéroport et à une altitude supérieure à 400 pieds (122 mètres).
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