Facebook a-t-il "censuré" une publication sur l’expulsion de supporters d’un stade en raison d'un tee-shirt pour les droits des Iraniennes ?
Le réseau social plaide "l'erreur" après la suppression du post Facebook de Laurence Taillade, du mouvement Forces laïques. Le post comprenait un lien vers un article de franceinfo sur l'expulsion de deux supporters du Mondial à cause d'un tee-shirt, à Grenoble.
"Censure Facebook." C'est avec ces deux mots, en majuscule, que Laurence Taillade, présidente du mouvement Forces laïques a débuté son message publié sur ce même réseau social, samedi 22 juin. La raison ? L'une de ses publications venait d'être "effacée" du réseau social, car elle ne respectait pas les "standards de la communauté", selon l'indication fournis par Facebook. Le post en question comprenait un lien vers un article de franceinfo sur l'expulsion de deux supporters du Mondial féminin de foot à cause d'un tee-shirt pour les droits des Iraniennes. De quoi faire réagir des internautes et des personnalités politiques. Contacté par franceinfo, Facebook plaide "l'erreur".
[#censure #Facebook]
— Laurence Taillade (@LMTaillade) June 22, 2019
Voici la capture d'écran de ma dernière publication, qui ne correspondrait pas aux standards de la communauté... Seule option proposée : la suppression.
Mauvais temps pour la #liberte #expression et l'#EgaliteFH pic.twitter.com/bLxmQp6n0O
L'histoire remonte au 15 juin, lorsque deux spectateurs iraniens sont expulsés du Stade des Alpes de Grenoble (Isère), quelques minutes avant le match de Coupe du monde féminine opposant la Nouvelle-Zélande au Canada. La raison de cette expulsion ? Ils portaient tous deux un tee-shirt sur lequel était écrit en anglais : "Laissez les femmes iraniennes rentrer dans les stades" et "Pas forcées à porter un hijab". La Fifa assure regretter cette expulsion à franceinfo, qui publie un article sur cette affaire le 20 juin.
Dans la nuit de vendredi 21 à samedi 22 juin, Laurence Taillade, présidente du mouvement Forces laïques, décide de partager cet article en critiquant la politique de la Fifa dans une publication Facebook. Le message recueille rapidement quelques réactions, selon Laurence Taillade. Le même article avait aussi été préalablement partagé sur le réseau social par d'autres pages Facebook, dont celle du Rassemblement pour la laïcité et celle de franceinfo.
"C’est un problème de liberté d’expression"
Mais le lendemain matin, la publication de Laurence Taillade n'est plus visible et un message indique à son auteure qu'elle ne respectait pas "les standards de la communauté". "J’en ai fait une capture d’écran complète. Je trouve ça très grave, cette censure. Je n’avais pas aucune possibilité de contester", explique Laurence Taillade à franceinfo.
Lecteur, as-tu bien lu? 1) des militants pacifiques ont été expulsés d’un stade français pour avoir porté un tee-shirt de soutien aux femmes qui refusent de se voir imposer le foulard religieux; 2) le post rapportant cette information a été censuré par @FacebookFR État+BigTech=? https://t.co/mZQ5AfUJB6
— Dominique Reynié (@DominiqueReynie) June 22, 2019
La nouvelle publication de la présidente du mouvement Forces laïques dénonçant une "censure de Facebook" est ensuite partagée sur Facebook et Twitter. Les commentaires outrés se multiplient. L'ancien conseiller régional Les Républicains d'Occitanie Dominique Reynié partage aussi le message en reprenant le terme de "censure" et en concluant : "État+BigTech=?". "C’est un problème de liberté d’expression et d’application de la loi française", s'emporte Laurence Taillade.
Facebook plaide l'erreur
Contacté par franceinfo, Facebook donne une autre version des faits. Selon le réseau social, Laurence Taillade a simplement été victime d'une "erreur". Le lien de l'article aurait été identifié par erreur comme un "spam", un message indésirable, ce qui aurait entraîné la suppression de la publication. "Ce n’était en aucune cas lié au contenu du message ou à la personnalité du compte, affirme Facebook. Aujourd'hui, si elle repostait le même message, évidemment qu'il serait accepté." Le réseau social a prévu d'informer Laurence Taillade de l'erreur qu'elle a subie.
Laurence Taillade, elle, continue de dénoncer une forme de "censure" de la part de Facebook. Elle dénonce notamment l'inaction du réseau social pour la modération des insultes dans les commentaires. Quelques heures après notre signalement à Facebook, la publication en question est finalement redevenue publique sur le profil de Laurence Taillade.
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