Harcèlement sur Twitter : trois victimes attaquent le réseau social en justice
Elles reprochent à la plateforme de ne pas avoir transmis l'identité des auteurs d'insultes et de menaces. Faute de coopération, leurs plaintes avaient été classées sans suite.
Aurélia Gilbert est une réscapée du Bataclan. À l'été 2020, elle prend position sur Twitter en faveur du rapatriement des enfants de djihadistes français en Syrie, un tweet qui lui vaut une déferlante de haine. "On me disait que c'était dommage que les terroristes m'aient ratée lors des attentats du 13 novembre au Bataclan. La nuit qui a suivi, quelqu'un a piraté mon compte Twitter et a publié un message qui contenait mon numéro de téléphone personnel privé. J'ai décidé de porter plainte parce que cette limite avait été franchie".
Une stratégie qui a payé avec Facebook
Le parquet de paris ouvre une enquête. Mais il y a quelques semaines, sa plainte est classée sans suite. Twitter n'a tout simplement pas répondu a la réquisition judiciaire. Impossible, dès lors d'identifier les auteurs de harcèlement. Pour maître Éric Morain, avocat d'Aurélia Gilbert et de deux autres victimes de harcèlement, le réseau social est tout simplement complice de cette haine en ligne : "En France lorsqu'une autorité délivre une réquisition judiciaire pour vous demander des informations, vous êtes tenu de le faire sinon vous commettez une infraction."
"On verra bien ce que la justice décidera mais en tous cas on aura mis sur la place publique la non coopération judiciaire de Twitter".
Maître Éric Morainà franceinfo
Selon Éric Morain, qui défend également le journaliste Nicolas Hénin, pris en otage en 2013 par le groupe État islamique et Georges Salines, qui a perdu sa fille dans l'attentat du Bataclan, cette attitude de Twitter, montre "qu'on a clairement laissé des monstres se créer". L'avocat croit à cette stratégie des coups de boutoir, rappelant que Facebook a fini par coopérer avec la justice française. "On n'imagine pas un instant que si une banque ou un opérateur téléphonique refusait de répondre [à une réquisition], que le procureur s'en satisfasse et l'affaire soit classée sans suite. Ils seraient immédiatement rappelés à l'ordre et poursuivis", conclut l'avocat pénaliste.
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