Vous voulez quitter le réseau X, mais vous ne savez pas où aller ? Threads, Bluesky, Mastodon : suivez le guide !
"J'ai essayé de rester, mais l'atmosphère est devenue trop toxique." A l'image du romancier Stephen King, de chercheurs ou de médias réputés comme le Guardian, de nombreux utilisateurs du réseau X (anciennement Twitter) ont choisi de fuir la plateforme ces dernières semaines. La raison principale évoquée ? La politique de son propriétaire, l'homme le plus riche du monde et soutien majeur de Donald Trump : Elon Musk.
Pour faire élire le candidat républicain, l'entrepreneur n'a pas seulement pris la parole lors de meetings et financé une partie de la campagne de l'intéressé. Il a également utilisé le réseau social, faisant en sorte que l'algorithme favorise les comptes de représentants de la droite dure et de conspirationnistes, en choisissant une modération insuffisante qui a permis aux comptes haineux de fleurir… Alors qu'Elon Musk va devenir encore plus puissant après sa nomination au sein de la future administration Trump, plus d'un entend prendre ses distances de X. Or plusieurs réseaux sociaux concurrents ont été lancés ces dernières années, bien que leur fonctionnement puisse être assez différent. Franceinfo vous présente les principaux.
Bluesky, un Twitter plus personnalisable et communautaire
Bluesky ne devrait pas trop dépayser les utilisateurs de X. La plateforme, lancée avec accès restreint en février 2023, reprend de nombreux codes de l'ancien Twitter. Rien d'étonnant, puisqu'elle compte parmi ses créateurs initiaux (qui a depuis quitté le navire) un certain Jack Dorsey, cofondateur de Twitter. L'écran d'accueil ressemble ainsi à s'y méprendre à celle de son concurrent.
Mais Bluesky propose des fonctionnalités qui permettent de personnaliser votre expérience. Vous pouvez par exemple vous abonner directement à des fils d'actualité préparés par d'autres utilisateurs, sur des thématiques précises (art, information, humour, science…). Et si vous voulez inviter vos amis, vous pouvez leur créer un "kit de démarrage" en rassemblant vos fils et comptes favoris.
Côté modération, la prise en main est aussi personnalisable. Vous pouvez masquer à votre guise certains mots ou types de publications, ou encore télécharger des listes de comptes à bloquer "clé en main". Le code informatique de Bluesky peut également être consulté par tout un chacun, inscrit ou non, et la plateforme a vocation à devenir plus décentralisée.
Pour le moment, le sentiment général est celui de retrouvailles avec le Twitter des débuts : l'expression libre sur tout et n'importe quoi, des utilisateurs principalement américains, plutôt à gauche, avec l'humour de l'époque, sans les provocations ou les insultes qui prévalent sur X. Compréhensible, avec "seulement" 20 millions d'inscrits – soit quand même un gain de plus de six millions en environ deux semaines. Selon ses propres statistiques, Bluesky compte 11,5 millions d'utilisateurs actifs au moins une fois par mois, contre près de 570 millions pour le réseau d'Elon Musk au deuxième trimestre 2024, d'après le média spécialisé Digiday.
Cette croissance rapide engendre son lot de problèmes : plantages occasionnels, explosion des besoins de modération, ou encore vagues de commentaires coordonnées par des comptes pro-Musk ou pro-Trump... Par ailleurs, il manque encore un certain nombre de fonctionnalités, comme un traducteur automatique intégré, la possibilité de publier des vidéos de plus de 60 secondes ou celle de garder des brouillons.
Threads, "l'Instagram du texte" qui se cherche
Avec plus de 275 millions d'utilisateurs actifs par mois, Threads est le principal concurrent de X. Pas si surprenant, vu que l'application est créée par Meta, qui possède déjà les géants Instagram, Facebook et WhatsApp. Quelles différences le petit dernier de Mark Zuckerberg peut-il revendiquer ?
Premier avantage : la rapidité. Pas besoin d'entrer à nouveau des informations, il suffit de se connecter avec son compte Instagram et vous pouvez vous abonner aux mêmes comptes en un clic.
Autre argument de vente : la transversalité. Threads est en effet intégré à un ensemble plus large appelé le "Fediverse", soit une galaxie de plateformes qui peuvent communiquer entre elles car elles utilisent la même base technique. Via Threads, vous pourrez donc à terme publier en même temps sur plusieurs réseaux membres de ce maillage, comme Mastodon (voir plus bas), consulter les réponses et les "j'aime" que les utilisateurs laissent depuis ces mêmes plateformes, et transférer vos profils et vos préférences de l'une à l'autre. En revanche, pour le moment, trouver le profil d'une personne dont on ne connaît pas l'identifiant est une corvée.
Threads reprend certains choix des autres plateformes de Meta qui ne sont pas toujours appréciés. Le fil d'actualité est ainsi très peu personnalisable et largement peuplé de suggestions de l'algorithme (sauf si vous choisissez de voir exclusivement les comptes que vous suivez). La plateforme réduit aussi par défaut la visibilité des contenus politiques et bloque toute forme de nudité, y compris à caractère artistique ou éducatif.
Comme sur Facebook et Instagram, la modération fait souvent des siennes, et de nombreux comptes ont été bloqués ou supprimés pour des raisons erronées début octobre, comme le rapporte le site spécialisé The Verge. Enfin, Threads pourrait bientôt intégrer des publicités, affirme The Information, un autre site de référence en la matière.
De manière générale, Threads ne donne pas l'impression d'avoir vraiment trouvé sa raison d'être. L'esprit de communauté existant chez certains de ses concurrents lui fait pour le moment défaut. Mais comme tous les réseaux cités dans cet article, Threads est encore en chantier, et avec la puissance de feu du groupe Meta derrière lui, il part d'une position bien plus confortable.
Mastodon, une galaxie de réseaux qui communiquent entre eux
Mastodon est un cas à part. Contrairement aux réseaux précédents, vous ne pourrez pas forcément voir les publications de tout le monde, ni communiquer avec n'importe quel utilisateur. En réalité, il ne s'agit pas exactement d'un réseau social, mais d'un ensemble de serveurs indépendants (appelés "instances") qui peuvent communiquer entre eux, et que n'importe qui peut créer en fonction de la communauté à laquelle il souhaite s'adresser (dans l'absolu, vous pouvez également créer votre propre instance).
L'intérêt ? Permettre à chacun de s'organiser selon ses propres règles, de manière "décentralisée", sans être contrôlé par un propriétaire unique ou racheté par un milliardaire. A la création de votre compte, vous devez donc choisir votre serveur. Actuellement, d'après Mastodon, il en existe près de 11 000, avec 8,8 millions d'inscrits au total (mais seulement 930 000 utilisateurs actifs lors du dernier mois). Parmi les plus connus en France, citons mastouille.fr ou piaille.fr.
Vous pouvez faire le tri selon plusieurs critères, comme la langue, le nombre de membres, ou le choix d'une thématique particulière (technologie, musique, sujets de société...). Par ailleurs, chaque instance est encadrée par ses propres administrateurs et modérateurs, qui choisissent leurs règles, à la manière de Reddit. En fonction des personnes, les décisions de modération pourront donc être laxistes ou restrictives, négociables ou autoritaires, cohérentes ou fluctuantes.
Mais rassurez-vous, pas la peine de passer des heures à chercher le serveur parfait : vous pouvez suivre et communiquer avec les membres d'autres instances (sauf si les modérateurs les ont bloqués), et vous pourrez en changer plus tard tout en gardant vos abonnements et abonnés.
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