: Vidéos Cahuzac : "Le responsable, c'est moi et c'est à moi que j'en veux"
L'ancien ministre du Budget s'est exprimé sur BFMTV.
"J'ai eu besoin de temps pour mesurer l'ampleur et la gravité de la faute morale que j'ai commise." Deux semaines après avoir reconnu qu'il avait bien détenu un compte bancaire à l'étranger, l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac a annoncé qu'il renonçait à son siège de député du Lot-et-Garonne, mardi 16 avril, dans un entretien enregistré par BFMTV et diffusé à 18 heures par la chaîne d'informations.
Interrogé par Jean-François Achilli, directeur de la rédaction de RMC et éditorialiste sur BFMTV, l'ancien ministre s'est également expliqué sur plusieurs points, notamment son état d'esprit, son avenir politique... Francetv info vous résume les principaux éléments de cet entretien.
Il renonce à son poste de député
Silencieux publiquement depuis la passation de pouvoirs avec Bernard Cazeneuve au ministère du Budget, Jérôme Cahuzac a assuré mardi sur BFMTV avoir pris du recul après de nombreuses hésitations concernant son siège à l'Assemblée nationale : "J'ai pris le temps de réfléchir".
"La faute morale ne me permet pas de rester député", a-t-il enfin déclaré, la mine contrite. Et d'ajouter : "Je n'ai aujourd'hui plus de vie politique. (...) J'ai le sentiment assez profond qu'une page se tourne." Son avenir ? Jérôme Cahuzac peine à l'imaginer mais n'ignore pas que la prison est "un risque". Pour le moment, sa préoccupation est tout autre : "J'ignore de quelle façon aujourd'hui je peux tenter de compenser le mal que j'ai pu faire", a-t-il concédé.
Il fait son mea culpa
Jérôme Cahuzac a avoué qu'il avait menti à tout le monde. Comprendre : "Le responsable, c'est moi et c'est à moi que j'en veux." Comment explique-t-il son geste ? L'ancien ministre a évoqué "une part d'ombre". Comme le relève Le Lab, il recycle au passage le titre d'un livre d'Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, le site d'informations à l'origine de l'affaire qui a provoqué sa chute. "Une part d'ombre c'est parfois douloureux", a-t-il ajouté. Et de conclure : "J'ai tout fait pour la repousser et j'ai cru qu'en travaillant comme j'ai pu le faire, je pourrais la réduire."
Il "ignore" ce que savait le sommet de l'Etat
Interrogé sur ce que savait le président au moment où Mediapart a publié ses informations, Jérôme Cahuzac a répondu : "J'ignore quel était son degré de connaissance", tout en poursuivant : "J'ignore si le président et le Premier ministre était au courant" du compte à l'étranger. Et d'enchaîner : "Tout ce que je sais, c'est que je n'ai pas dit la vérité. Ce que je veux dire avec beaucoup de force, c'est qu'à eux aussi, j'ai menti."
Il récuse les autres "rumeurs"
Sur le montant du compte. "600 000 euros, oui. Le reste, non. Je ne sais pas d'où viennent les rumeurs", a-t-il expliqué alors que certains médias ont évoqué le montant de 15 millions d'euros. "J'ai déjà dit aux juges ce qu'était le montant de ce compte à l'étranger. J'ai indiqué ce montant et c'est la raison pour laquelle je vous le confirme : 600 000 euros", s'est-il défendu. Selon lui, "toutes les rumeurs qui courent ne sont pas fondées. Loin s'en faut".
Sur l'origine de l'argent. Le Canard enchaîné ou encore Le Parisien ont posé la question des conflits d'intérêts, notamment lorsque JérômeCahuzac travaillait auprès du ministre de la Santé Claude Evin (entre 1988 et 1991). D'après l'hebdomadaire satirique, l'ancien médecin a "par deux fois été en situation de rendre d'éminents services" aux "généreux laboratoires pharmaceutiques". Des accusations là encore fermement réfutées par l'intéressé : "L'argent vient de mon travail", a-t-il assuré. Selon lui, ces fonds proviennent d'"une activité légale auprès d'entreprises de santé et de laboratoires pharmaceutiques" qu'il a exercée après son départ du ministère de la Santé en 1991, et jusqu'à son élection comme député à Villeneuve-sur-Lot en 1997.
Sur l'utilisation des fonds. Comme le rappelle Le Nouvel Observateur, "les informations de la Radio Télévision Suisse sont venues alimenter l’hypothèse du financement politique." Un scénario balayé par l'ancien ministre socialiste : "Ce compte n'a jamais servi à financer une campagne du Parti socialiste".
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