Jeux paralympiques 2021 : la France explose son objectif de médailles, des novices déjà victorieux et quelques déceptions... Le bilan des Bleus à Tokyo
La délégation française revient de Tokyo avec 54 médailles, soit deux fois plus qu'à Rio.
Les Jeux paralympiques de Tokyo se referment dimanche 5 septembre. Après douze jours de compétition, la France aura réussi son pari en remportant 54 médailles, dont 11 en or, et en terminant à la 14e place du tableau des médailles, toutefois loin derrière les leaders que sont la Chine (207), le Royaume-Uni (124) et les Etats-Unis (104). Entre les favoris qui ont tenu leur rang, les belles surprises et la jeune génération qui s'est révélée, retour sur le bilan des Français à Tokyo.
Deux fois plus de médailles qu'à Rio
La délégation française a brillé à Tokyo. Avec 54 médailles, la France a doublé la récolte de Jeux de Rio, en 2016 (28), et a ainsi largement dépassé son objectif initial, fixé à 35 médailles. Une belle moisson en partie réalisée grâce aux excellents résultats du tennis de table, du cyclisme et de l’athlétisme.
Malgré cette récolte plus que satisfaisante, la France n'a pas égalé son propre record du nombre de médailles remportées aux Paralympiques. C'était en 1984, lors des Jeux de Stoke-Mandeville et de New York, où elle avait engrangé 186 breloques (!).
Mais après avoir atteint un tel sommet aux Etats-Unis, les résultats français se sont écroulés. Le nombre de médailles chute un peu plus à chaque édition, à tel point que la France ne remporte que 40 médailles à Pékin en 2008, avant un léger sursaut à londres (45) suivi d'une nouvelle rechute à Rio (28). D'ailleurs, depuis les Jeux d'Athènes en 2004, jamais la France n'avait remporté autant de médailles.
Tennis de table et cyclisme, disciplines les plus prolifiques
Le tennis de table et le cyclisme sont les deux sports les plus pourvoyeurs de médailles françaises à Tokyo. Les pongistes ont remporté onze médailles. Parmi ces 11 succès, ils ont décroché deux médailles d’or paralympiques, par l’intermédiaire de Fabien Lamirault, titré en simple (classe 2) et par équipes (classe 1-2), deux d’argent et sept en bronze. Si les athlètes ont brillé en simple avec sept médailles individuelles, ils se sont aussi affirmés par équipes avec quatre médailles remportées.
Avec seize médailles décrochées en para-cyclisme, onze sur route et cinq sur piste, l’équipe de France a elle aussi excellé à Tokyo et de nombreux jeunes talents ont éclos. C'est le cas d’Alexandre Léauté, para-athlète français le plus titré à Tokyo avec quatre médailles à lui seul, dont un titre paralympique en poursuite individuelle. Loic Vergnaud, triple médaillé sur route, et, Marie Patouillet, médaillée de bronze sur route et sur piste, ont aussi été les révélations de ces Jeux.
Les favoris au rendez-vous
Ils étaient attendus et ils ont répondu présent. D’abord, le Français Alexis Hanquinquant, grand favori du triathlon dans la catégorie PTS4. Le triple champion du monde et d'Europe de 35 ans, qui participait à ses premiers Jeux paralympiques, a régalé samedi 28 août en bouclant son épreuve en moins d'une heure et en franchissant la ligne d'arrivée avec 3 minutes d'avance sur ses concurrents.
Après son titre, Alexis Hanquinquant a marqué l’histoire de son sport puisque jamais auparavant, Jeux olympiques et paralympiques confondus, un Français ne s’était imposé sur l’épreuve de triathlon.
Tous les regards étaient aussi portés sur la paire de double messieurs en tennis-fauteuil, Stéphane Houdet et Nicolas Peifer. Les deux hommes, champions paralympiques à Rio il y a cinq ans, visaient le doublé. Un objectif atteint au terme d’un mach au bout du suspense face à la paire britannique, Alfie Hewett et Gordon Reid, têtes de série numéro 1. Après s’être fait peur en concédant le deuxième set 6-0, les Tricolores se sont ressaisis pour l’emporter et conserver ainsi leur titre.
Lui aussi était attendu. Double champion du monde et triple champion d’Europe en simple, Lucas Mazur a remporté dimanche 5 septembre, la 11e et dernière médaille d’or française, ainsi que la première du para-badminton, nouveau sport intégré au programme paralympique. Le numéro un mondial en catégorie SL4 a réalisé une compétition incroyable, ne perdant pas la moindre rencontre en simple. L’athlète de 23 ans s’est aussi octroyé l’argent en double mixte dimanche avec Faustine Noël.
Si on les attendait sur la plus haute marche du podium, Marie-Amélie Le Fur et Sandrine Martinet ont malgré tout réalisé une belle compétition à Tokyo. La première, présidente du Comité paralympique et sportif français, a remporté l’argent au concours du saut en longueur. Un nouveau podium pour l’athlète de 32 ans, qui raccroche les crampons avec neuf médailles paralympiques en carrière.
Sandrine Martinet, porte-drapeau de la délégation française, a elle aussi décroché l’argent en moins de 48 kg. Une déception pour celle qui visait le doublé pour ses derniers Jeux, mais qui, à 38 ans, à tout de même marqué encore un peu plus l’histoire de son sport.
Des novices déjà performants …
Au-delà des têtes d’affiches expérimentées, de nombreux athlètes tricolores ont participé à leurs premiers Jeux paralympiques. Et pour plusieurs d’entre eux, la première fois a été la bonne. Comme Alexandre Léauté et Marie Patouillet en cyclisme, un autre coureur a réussi son galop d’essai à Tokyo, avant Paris.
Dorian Foulon a confirmé sa montée en puissance. Double médaillé d’or au championnat du monde sur piste en 2020 en poursuite et en omnium, il a remporté le titre paralympique à Tokyo en poursuite individuelle 4000m (C5).
En athlétisme, Charles-Antoine Kouakou a fait des étincelles à Tokyo. Le Français de 23 ans a remporté l’or sur le 400 m T20, le seul titre en athlétisme. Dimitri Pavadé a lui décroché l’argent en saut en longueur T64 pour ses premiers Jeux. De quoi nourrir de vrais espoirs pour l’or à Paris dans trois ans.
Autre possibilité de transformer de l’argent en or à Paris, avec Nélia Barbosa. La para-kayakiste de 22 ans s’est offert la deuxième place sur le 200 m KL3. Si elle n’avait pas d’objectif précis à Tokyo, elle a déjà annoncé vouloir décrocher le titre à Paris, en 2024.
Dernier grand espoir à suivre de près : Ugo Didier. Si le nageur de 19 ans visait trois médailles d’or à Tokyo – objectif qu’il n’a pas atteint – il a quand même décroché deux médailles, l’argent sur le 400 m nage libre et le bronze sur le 200 m quatre nages. De quoi là aussi, nourrir de beaux espoirs à Paris.
… et quelques déceptions
Malgré la belle moisson de médailles des Français, il y a toutefois eu quelques déceptions. D’abord, parmi les onze titres paralympiques, aucun n’a été glané par une athlète féminine. À Rio, sur les 14 médailles d’or glanées, quatre avaient été rapportées par des femmes : deux par Marie-Amélie Le Fur en saut en longueur et sur le 400 m T44, une par Sandrine Martinet en -52 kg et une dernière par Nantenin Keita.
Cette dernière fait d’ailleurs partie des plus grosses déceptions à Tokyo. Tenante du titre sur le 400 m T13, Nantenin Keita a terminé à une terrible 4e place, pour l'ultime course paralympique de sa carrière. Elle restera donc avec ses quatre médailles paralympiques à son palmarès (or sur 400 m en 2016 à Rio, argent et bronze à Pékin en 2008 sur 200 et 400 m et bronze à Londres en 2012).
"Ce constat doit nous interpeller, mais surtout il doit nous encourager à aller chercher encore plus de sportives dans nos programmes de détection et d'accompagnement", nous a confié Marie-Amélie Le Fur après le zéro pointé des filles à Tokyo.
Déception également pour Bopha Kong, en para-taekwondo. Car le Français d’origine vietnamienne faisait partie des grands prétendants au titre. Quadruple champion du monde, triple champion d'Europe, il ne manquait que l’or paralympique à son palmarès. Il s’est incliné dans la finale pour le bronze (K44 -61kg).
Enfin, la France a aussi déçu en cécifoot. Les Tricolores, vice-champions paralympiques à Londres, ont terminé derniers, à la 8e place. Les Bleus n’ont jamais réussi à trouver leurs marques à Tokyo et ont subi de lourdes défaites, notamment face au Japon (4-0) et au Brésil (4-0), en phase de poules. S’ils ont marqué leurs premiers et seuls buts lors de leur dernier match face à la Thaïlande, cela n’a pas suffi pour sauver l’honneur (3-2).
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