SÉRIE. Le carnet de bord des Jeux paralympiques de Paris 2024 - épisode 8 : les ultimes réglages
Quel est le quotidien d'un athlète paralympique ? Comment se prépare-t-il à une échéance comme les Jeux de Paris 2024 ? Est-il possible de faire changer le regard sur le handicap à travers un tel événement ? Ces questions – et bien d'autres – ont conduit la rédaction de Franceinfo: sport à proposer un format dans lequel la parole reviendrait directement aux sportives et sportifs tricolores qui visent les Jeux paralympiques (28 août au 8 septembre).
Pour le huitième épisode de ce carnet de bord mensuel, Dimitri Pavadé (para-athlétisme) et Maxime Valet (escrime fauteuil) reviennent sur leurs dernières compétitions, l'occasion d'ultimes réglages avant cet été.
Dimitri Pavadé • 34 ans • saut en longueur T64 (amputé tibial à la jambe droite après un accident de chantier à 18 ans)
"Faire mon retour à Charléty, un an après les Mondiaux de para-athlétisme dans le même stade et juste après ma grosse blessure, c'est un beau symbole."
Ça y est, j'ai fait les minima pour les Jeux paralympiques ! C'était l'objectif sur l'Handisport Open Paris (HOP), ma compétition de retour après quasiment un an d'absence pour blessure (rupture des ligaments croisés antérieurs sur sa jambe amputée). Je suis quand même un peu frustré car, à l'entraînement, je saute plus haut et plus loin. Là, j'ai fait 7,02 mètres dans un concours pas vraiment idéal, puisque nous n'étions que deux athlètes. On s'est parfois fait disputer pour avoir plus de temps de récupération...
Physiquement, je suis en forme de fou. Ça tient, tout va bien, la blessure est finie et ça va aller de mieux en mieux par la suite. Je vais changer de lame de saut, elle m'attend à Toulouse, j'ai hâte de l'essayer. Comme elle est plus dure, il va falloir que je m'adapte. En ce moment, je saute avec une lame que je connais, plus souple. Il n'y a pas d'appréhension, même au moment de sauter. Les médecins m'ont donné le feu vert, je suis prêt à m'investir. J'ai repris du poids, de la force, donc une lame plus dure va me permettre d'avoir une meilleure impulsion.
Le public était top, franchement c'était canon ! Quand je vois comment mes proches, mes coéquipiers, le staff et les spectateurs m'ont poussé, je n'ose même pas imaginer quand il y aura 80 000 personnes au Stade de France pour les Jeux. On m'a dit, en plus, que notre session était presque complète. C'est génial honnêtement, ça me donne envie de travailler encore plus pour défendre cette médaille d'argent remportée à Tokyo en 2021.
Maxime Valet • 37 ans • escrime fauteuil (paraplégique depuis ses 22 ans après un accident)
"Pouvoir faire vivre à mes filles et à ma famille quelque chose d'aussi fort que le relais de la flamme à la maison, c'était assez fou et très émouvant."
Ma dernière grosse compétition en date était les championnats d'Europe d'escrime fauteuil à la Halle Carpentier, à Paris, courant mars. J'ai un ressenti assez paradoxal, car j'étais engagé sur quatre épreuves (sabre individuel, sabre par équipes, fleuret individuel, fleuret par équipes) et j'ai réussi à ramener quatre médailles (deux en argent et deux en bronze) – ce qui est top ! – mais j'ai la sensation que sur chaque épreuve, il n'a pas manqué grand-chose pour grimper une marche de plus.
Je garde surtout en tête l'argent au sabre par équipes avec Ludovic Lemoine, Serge Robin et Moez El Assine. C'était un peu notre dernière compétition ensemble avec Ludo et Momo après plus de dix ans d'escrime ensemble. Le sabre par équipes ne figure pas au programme paralympique, et certains ont déjà annoncé leur intention d'arrêter après Paris cet été. Il y avait un côté émotionnel assez fort, on a échoué de quelques touches pour l'or, ce qui aurait pu être l'apothéose.
L'annonce de la sélection officielle de l'équipe de France d'escrime fauteuil pour les Jeux devrait tomber d'ici à quelques jours. En ce moment, on est train d'augmenter la charge d'entraînement. Je vais également être en décharge complète par rapport à mon travail sous peu, pour me permettre d'être plus efficace à l'entraînement et de pouvoir mieux récupérer et arriver plus en forme lors des stages de préparation.
Je suis médecin du sport, je m'occupe d'une équipe professionnelle de rugby et de l'équipe de France féminine de rugby à XIII qui va disputer deux matchs importants, contre la Serbie dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde qui se tiendra l'an prochain en France et face à l'Angleterre, en test-match. Je diminue un peu la charge, mais pas totalement, c'est aussi important d'avoir d'autres bulles que juste mon sport.
La pression de Paris 2024, pour le moment, je ne la sens pas, je ressens surtout de l'excitation, avec aussi le relais de la flamme un peu partout sur le territoire... C'est extraordinaire de vivre ça chez nous. J'ai été le dernier relayeur de la flamme à Muret, à côté de Toulouse, le 17 mai. C'était incroyable, plus de 2 000 élèves étaient là, il y avait beaucoup de monde avec des tee-shirts aux couleurs des anneaux olympiques... Ma famille était là également, avec mes filles. Pouvoir partager un truc avec elles, c'était génial, car je suis quand même souvent absent de la maison avec les stages ou les compétitions.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.