SÉRIE. Le carnet de bord des Jeux paralympiques de Paris 2024 - épisode 8 : les ultimes réglages

À 69 jours du début des Jeux paralympiques d'été de Paris 2024 – les premiers de l'histoire en France – Franceinfo: sport donne la parole à deux athlètes en situation de handicap, prêts à briller cet été.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Dimitri Pavadé (para-athlétisme) et Maxime Valet (escrime fauteuil) prennent la parole sur franceinfo: sport pour le huitième épisode du carnet de bord des Jeux paralympiques de Paris 2024. (AFP / CPSF)

Quel est le quotidien d'un athlète paralympique ? Comment se prépare-t-il à une échéance comme les Jeux de Paris 2024 ? Est-il possible de faire changer le regard sur le handicap à travers un tel événement ? Ces questions – et bien d'autres – ont conduit la rédaction de Franceinfo: sport à proposer un format dans lequel la parole reviendrait directement aux sportives et sportifs tricolores qui visent les Jeux paralympiques (28 août au 8 septembre).

Pour le huitième épisode de ce carnet de bord mensuel, Dimitri Pavadé (para-athlétisme) et Maxime Valet (escrime fauteuil) reviennent sur leurs dernières compétitions, l'occasion d'ultimes réglages avant cet été.

Dimitri Pavadé • 34 ans • saut en longueur T64 (amputé tibial à la jambe droite après un accident de chantier à 18 ans)

"Faire mon retour à Charléty, un an après les Mondiaux de para-athlétisme dans le même stade et juste après ma grosse blessure, c'est un beau symbole."

Dimitri Pavadé lors de son concours de saut en longueur en catégorie T64 lors du Handisport Open Paris, le 14 juin 2024. (YONATHAN KELLERMAN)

Ça y est, j'ai fait les minima pour les Jeux paralympiques ! C'était l'objectif sur l'Handisport Open Paris (HOP), ma compétition de retour après quasiment un an d'absence pour blessure (rupture des ligaments croisés antérieurs sur sa jambe amputée). Je suis quand même un peu frustré car, à l'entraînement, je saute plus haut et plus loin. Là, j'ai fait 7,02 mètres dans un concours pas vraiment idéal, puisque nous n'étions que deux athlètes. On s'est parfois fait disputer pour avoir plus de temps de récupération...

Physiquement, je suis en forme de fou. Ça tient, tout va bien, la blessure est finie et ça va aller de mieux en mieux par la suite. Je vais changer de lame de saut, elle m'attend à Toulouse, j'ai hâte de l'essayer. Comme elle est plus dure, il va falloir que je m'adapte. En ce moment, je saute avec une lame que je connais, plus souple. Il n'y a pas d'appréhension, même au moment de sauter. Les médecins m'ont donné le feu vert, je suis prêt à m'investir. J'ai repris du poids, de la force, donc une lame plus dure va me permettre d'avoir une meilleure impulsion.

Le public était top, franchement c'était canon ! Quand je vois comment mes proches, mes coéquipiers, le staff et les spectateurs m'ont poussé, je n'ose même pas imaginer quand il y aura 80 000 personnes au Stade de France pour les Jeux. On m'a dit, en plus, que notre session était presque complète. C'est génial honnêtement, ça me donne envie de travailler encore plus pour défendre cette médaille d'argent remportée à Tokyo en 2021.

Maxime Valet • 37 ans • escrime fauteuil (paraplégique depuis ses 22 ans après un accident)

"Pouvoir faire vivre à mes filles et à ma famille quelque chose d'aussi fort que le relais de la flamme à la maison, c'était assez fou et très émouvant."

Maxime Valet lors des championnats d'Europe d'escrime fauteuil à la Halle Carpentier, à Paris, le 7 mars 2024. (DIDIER ECHELARD)

Ma dernière grosse compétition en date était les championnats d'Europe d'escrime fauteuil à la Halle Carpentier, à Paris, courant mars. J'ai un ressenti assez paradoxal, car j'étais engagé sur quatre épreuves (sabre individuel, sabre par équipes, fleuret individuel, fleuret par équipes) et j'ai réussi à ramener quatre médailles (deux en argent et deux en bronze) – ce qui est top ! – mais j'ai la sensation que sur chaque épreuve, il n'a pas manqué grand-chose pour grimper une marche de plus.

Je garde surtout en tête l'argent au sabre par équipes avec Ludovic Lemoine, Serge Robin et Moez El Assine. C'était un peu notre dernière compétition ensemble avec Ludo et Momo après plus de dix ans d'escrime ensemble. Le sabre par équipes ne figure pas au programme paralympique, et certains ont déjà annoncé leur intention d'arrêter après Paris cet été. Il y avait un côté émotionnel assez fort, on a échoué de quelques touches pour l'or, ce qui aurait pu être l'apothéose. 

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L'annonce de la sélection officielle de l'équipe de France d'escrime fauteuil pour les Jeux devrait tomber d'ici à quelques jours. En ce moment, on est train d'augmenter la charge d'entraînement. Je vais également être en décharge complète par rapport à mon travail sous peu, pour me permettre d'être plus efficace à l'entraînement et de pouvoir mieux récupérer et arriver plus en forme lors des stages de préparation.

Je suis médecin du sport, je m'occupe d'une équipe professionnelle de rugby et de l'équipe de France féminine de rugby à XIII qui va disputer deux matchs importants, contre la Serbie dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde qui se tiendra l'an prochain en France et face à l'Angleterre, en test-match. Je diminue un peu la charge, mais pas totalement, c'est aussi important d'avoir d'autres bulles que juste mon sport.

La pression de Paris 2024, pour le moment, je ne la sens pas, je ressens surtout de l'excitation, avec aussi le relais de la flamme un peu partout sur le territoire... C'est extraordinaire de vivre ça chez nous. J'ai été le dernier relayeur de la flamme à Muret, à côté de Toulouse, le 17 mai. C'était incroyable, plus de 2 000 élèves étaient là, il y avait beaucoup de monde avec des tee-shirts aux couleurs des anneaux olympiques... Ma famille était là également, avec mes filles. Pouvoir partager un truc avec elles, c'était génial, car je suis quand même souvent absent de la maison avec les stages ou les compétitions.

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