SÉRIE. Le carnet de bord des Jeux paralympiques de Paris 2024 - épisode 9 : excitation et concentration avant le grand départ

A treize jours du début des Jeux paralympiques d'été de Paris 2024 – les premiers de l'histoire en France – franceinfo: sport donne la parole à deux athlètes en situation de handicap, prêts à briller cet été.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
Florian Jouanny et Anaïs Vincent (paracyclisme) prennent la parole sur franceinfo: sport pour le neuvième épisode du carnet de bord des Jeux paralympiques de Paris 2024. (VALENTIN JACQUEMET / YP MEDIAS)

Quel est le quotidien d'un athlète paralympique ? Comment se prépare-t-il à une échéance comme les Jeux de Paris 2024 ? Est-il possible de faire changer le regard sur le handicap à travers un tel événement ? Ces questions – et bien d'autres – ont conduit la rédaction de franceinfo: sport à proposer un format dans lequel la parole reviendrait directement aux sportives et sportifs tricolores qui visent les Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre).

Pour le neuvième et dernier épisode de ce carnet de bord, Florian Jouanny et Anaïs Vincent (paracyclisme), compagnons dans la vie, racontent leur impatience et se projettent sur leurs courses respectives, en espérant briller à Paris.

Florian Jouanny • 32 ans • paracyclisme H2 (tétraplégique après un accident de ski à 19 ans)

"Il y aura du monde sur le bord de la route, ma famille et mes amis... Je veux essayer de faire une belle course pour eux. J'espère que ça va nous pousser à aller plus loin dans l'effort."

Florian Jouanny avec son maillot de champion du monde sur route en handbike (catégorie H2), en plein entraînement en haute altitude l'Alpe d'Huez (Isère), à l'été 2023. (VALENTIN JACQUEMET / YP MEDIAS)

Je suis sur la fin de ma préparation, l'idée est de peaufiner le travail qui a été fait depuis de nombreux mois. On était à l'Alpe d'Huez avec Anaïs ces trois dernières semaines, on a monté les intensités et planifié notre pic de forme pour la première semaine de septembre.

Je serai aligné sur trois courses : le contre-la-montre (4 septembre), la course en ligne (5 septembre) et le relais par équipes mixtes (7 septembre). Aujourd'hui, j'aurais quand même une préférence pour la course en ligne, car il y a une part de stratégie et de jeu, alors que sur le chrono, on est centré sur soi-même, on regarde ses watts et on respecte ça à la lettre. Sur la course en ligne, il y a l'émotion de passer la ligne d'arrivée en première, deuxième ou troisième position. Même si je sais que je serai attendu et surveillé en tant que champion paralympique et champion du monde en titre, mais c'est le jeu ! Et j'espère sortir une belle prestation individuelle quand même sur le chrono. Pour le relais, cela dépendra un peu de l'équipe, mais sur le papier, on a la plus belle équipe du monde. On peut se permettre de dire qu'on vise l'or.

Ça fait des années qu'en tant qu'athlète, on pense aux Jeux à Paris. C'est une gestion au quotidien pour mettre toutes les chances de son côté : ne pas tomber malade, éviter les sorties... Et sur le plan psychologique, c'est aussi s'imaginer ce que ça va être, se préparer à garder son calme, rester dans sa bulle afin de ne pas être traversé par les émotions qui pourraient nous nuire. 

Le handbike a certaines particularités qui font que c'est difficile de comparer cette discipline avec du cyclisme avec les jambes : on est couchés, les pédales sont au-dessus de nous, donc on n'a pas le poids du corps sur les pédales... Mais pour donner un ordre de grandeur sur les puissances, on est à un niveau bien inférieur des cyclistes valides. Sur un chrono de 30 minutes, on sera entre 150 et 230 watts. En ce qui concerne les développements, ça reste à peu près toujours la même chose. Ce qui peut changer, ce sont des accessoires : le casque de chrono, les profils de jantes différents selon le contre-la-montre et la course... Mais le vélo reste identique, il pèse entre 11 et 12 kg.

Chaque année, on se rapproche de la professionnalisation. Nous ne sommes pas dans des équipes comme pour les vélos traditionnels, mais chacun fait son expérience, apprend à son niveau : nutrition, mécanique, entraînement... C'est au fil des années qu'on progresse. Aujourd'hui, je mène ma carrière comme un auto-entrepreneur, j'ai des partenaires privés. Ensuite, c'est moi qui vais chercher les compétences dont j'ai besoin pour optimiser mes performances.

Anaïs Vincent • 24 ans • paracyclisme H3 (tétraplégique après un accident d'escalade à 21 ans)

"Il y a tout pour que ce soit un bon moment, mais en même temps, ça engage de l'appréhension."

Anaïs Vincent lors d'une session d'entraînement à l'Alpe d'Huez (Isère), le 18 juillet 2024. (VALENTIN JACQUEMET / YP MEDIAS)

Le sentiment principal à quelques jours du début des Jeux, c'est l'excitation ! J'ai la chance d'avoir eu ma sélection en équipe de France. J'ai envie de bien faire. Et le fait aussi de les vivre à deux avec Florian, ça rajoute quelque chose. 

Je vais disputer le contre-la-montre et la course en ligne. Pour le relais, l'équipe est composée de trois coureurs en fonction des catégories de handicap [chaque coureur se voit attribuer un nombre de points en fonction de son handicap et l'équipe doit atteindre un total de 10 points]. Florian et moi, on vaut le même nombre de points. Et aujourd'hui, comme il est plus fort, c'est lui qui est sélectionné, moi je suis remplaçante.

A titre personnel, je préfère le chrono. Ce sont des efforts intenses et vraiment personnels, où il faut rester concentré sur ses watts. Toutes ces stratégies peuvent influencer la course en ligne et moi, j'ai simplement moins d'expérience sur tout ça. En même temps, la course en ligne est l'épreuve où je peux avoir le plus de chances de viser l'or, donc c'est particulier ! Je préfère le chrono, mais je vise surtout la course en ligne.

J'ai disputé mes premiers Mondiaux il y a un an, je suis sélectionnée aux Jeux paralympiques alors que j'ai réellement commencé le handbike il y a trois ans. Je ne sais pas si j'ai vraiment conscience de tout ça. Je profite surtout du moment et des opportunités que j'ai.

Si je suis à ce niveau-là aujourd'hui, c'est aussi grâce à ma rencontre avec Florian. J'ai bénéficié de toute son expérience du matériel, de la mécanique, de l'entraînement, de la récupération... et c'est tout cet ensemble qui m'a aidée à avoir ma sélection. Et bien sûr, mon assiduité à l'entraînement m'aide à avoir des résultats. Je suis très heureuse de tout ce que j'ai pu faire. Maintenant, sur le plan mental, il va falloir rester vraiment concentrée sur ce que je dois faire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.