Paralympiques 2024 : EPO, hormones, boosting... Quelles sont les pratiques dopantes dans le handisport ?

Article rédigé par Justin Schroeder
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un para-athlète aux Jeux paralympiques de Paris (photo d'illustration). (JULIAN STRATENSCHULTE / DPA)
Au cœur des polémiques chez les valides, le dopage touche également les para-athlètes sous diverses formes. Lors des Jeux paralympiques de Paris, les instances de lutte antidopage redoubleront de vigilance.

L'affaire Jannik Sinner, l'interdiction des athlètes russes de concourir en raison du dopage d'Etat aux Jeux olympiques de Tokyo, la prise de stéroïdes anabolisants dans les salles de musculation : le dopage gangrène le monde professionnel et dépasse même le sport de haut niveau, touchant également de nombreux sportifs amateurs. Le handisport n'échappe pas à cette réalité. Même si les cas sont moins médiatisés, le dopage est très présent dans les sports paralympiques.

Les enjeux sont les mêmes : accroître ses performances, d'endurance ou de force, pour obtenir de meilleurs résultats. Dans cette quête de réussite, le dopage peut apparaître comme une solution pour les para-athlètes désireux d'accéder plus facilement aux médailles.

Plus de contrôles positifs dans le handisport 

Il y a proportionnellement plus de cas de dopage dans les sports paralympiques que dans les sports olympiques, révèle le dernier rapport sur les violations des règles antidopage de l'Agence mondiale antidopage (AMA), publié en mai 2023. On constate qu'il y a eu un cas de dopage sanctionné pour 170 échantillons testés en 2020 chez les para-athlètes, contre un sur 294 chez les athlètes valides.

La prise de stéroïdes anabolisants, d'EPO, d'hormones, de narcotiques ou encore de cocaïne est évidemment interdite, tout comme le reste des substances et méthodes listées par l'AMA. "On retrouve tout type de dopage dans le parasport, précise Jérémy Robin, secrétaire général de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), en charge des prélèvements durant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Mais il n'y a pas de spécificité en termes de substances ou de comportements par rapport aux sportifs valides. Ce sont les mêmes règles qui s'appliquent." C'est également le cas pour les autorisations à usage thérapeutique (AUT), qui permettent l'utilisation d'une substance ou d'une méthode interdite pour traiter une condition médicale diagnostiquée.

"Ce sont les mêmes critères que pour les sportifs valides, les AUT sont examinées de la même façon, explique le patron de l'AFLD. Il ne faut pas que le traitement améliore les performances sportives et qu'il y ait un retour à l'état normal. Pour obtenir une AUT, il ne doit pas exister d'alternative thérapeutique raisonnable. C'est une règle assez évidente, mais en pratique, c'est parfois plus compliqué. Parfois, chez les parasportifs, ces traitements alternatifs ont déjà été testés mais se révèlent inefficaces."

Le manuel d'agent de contrôle du dopage lors d'une formation destinée aux contrôleurs antidopage des Jeux olympiques et paralympiques de Paris à Saint-Denis, le 22 avril 2023. (FRANCK FIFE / AFP)

Une autre pratique, particulièrement violente, existe chez les para-athlètes : le boosting. Certains recourent à l'automutilation pour augmenter leur pression artérielle et, par conséquent, leur fréquence cardiaque. Les tétraplégiques ou paraplégiques, qui ne ressentent pas la douleur en raison de leur handicap, peuvent se sectionner un membre, se tordre les testicules, ou encore se fracturer le gros orteil pour améliorer leurs performances. Entre 2007 et 2009, une étude menée conjointement par des médecins de l'AMA et du Comité international paralympique (IPC) auprès de 99 athlètes a révélé qu'un sportif sur six avait admis avoir essayé cette pratique d'automutilation. Mais depuis, cette pratique semble s'être marginalisée. En France, aucun cas de boosting n'a été signalé dans les "affaires récentes", selon l'AFLD.

Jérémy Robin affirme cependant que le boosting ne peut pas être détecté lors de leurs contrôles antidopage. Il n'y a pas de contrôle de la pression artérielle systolique effectué de leur part. L'IPC, qui coordonne les actions antidopage lors des Jeux paralympiques, confirme que leurs officiels peuvent contrôler les para-athlètes pour le boosting, sans toutefois préciser les moyens d'action ni leur ampleur.

Un dispositif spécial à Paris

Outre le boosting, les précédents de dopage aux Jeux paralympiques sont nombreux. Lors des dernières éditions des Jeux, l'IPC avait même interdit aux athlètes russes de participer aux épreuves à la suite du scandale de dopage d'Etat révélé par la commission McLaren. Trente-cinq athlètes paralympiques russes avaient été impliqués dans cette enquête. Pour contrer le dopage lors des Jeux paralympiques à Paris, l'IPC travaille en étroite collaboration avec l'AFLD, ainsi qu'avec les autorités françaises (gendarmerie, douanes) pour mener des investigations et recueillir des renseignements.

Pendant les Jeux olympiques, les contrôles antidopage ont été renforcés, tant pour les prélèvements urinaires que sanguins, au village des athlètes comme sur les lieux de compétition. Selon l'AFLD, il y aura en proportion autant de tests lors des Jeux paralympiques (entre 2 000 et 3 000 contrôles sur les 4 400 sportifs présents) que lors des Jeux olympiques (6 000 contrôles pour 10 500 athlètes). Le nombre d'échantillons prélevés va augmenter de 25% par rapport aux Jeux de Tokyo. Au total, environ 130 préleveurs, de diverses nationalités, seront engagés lors des Jeux paralympiques de Paris. 

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