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Paris 2024 : "L'équipe de France de para natation est en train de devenir importante sur la scène internationale", affirme Sami El Gueddari

Alors que Limoges accueille du 26 au 28 mai une étape de Coupe du monde de para natation, Sami El Gueddari, le directeur de la compétition, revient pour franceinfo: sport sur ce que représente l'organisation d'un tel événement en vue des Jeux de Paris.
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
L'ancien nageur Sami El Gueddari, directeur de la World Series de para natation ce week-end à Limoges, le 26 mai 2023. (©D-Echelard / FFH)

Depuis le haut des tribunes ou sur le bord des bassins, Sami El Gueddari a le souci du détail. Lui et les équipes de la Fédération française handisport (FFH) s'affairent afin que les conditions soient parfaites pour les quelque 150 athlètes internationaux réunis à l'Aquapolis de Limoges en ce week-end de Pentecôte (du vendredi 26 au dimanche 28 mai).

L'ancien nageur paralympique - déjà directeur sportif de la discipline à la FFH - a ajouté une casquette à ses nombreuses fonctions en devenant le directeur de la première étape de Coupe du monde de para natation (World Series) en France. Un événement majuscule pour le parasport à un an des Jeux olympiques de Paris 2024, et "un point d'étape" important pour tous les membres de l'équipe de France.

franceinfo: sport : Que représente l’organisation de cette étape de Coupe du monde de para natation à Limoges, la première de l’histoire sur le territoire français ?

Sami El Gueddari : C'est un vrai plaisir, et aussi un vrai point d'étape dans la progression de la France sur la scène internationale. On a à cœur de bâtir une équipe compétitive mais cela passe par ces standards, à savoir monter le niveau des championnats de France, des compétitions régionales. C’est pour cela que cet événement est jumelé avec les championnats de France de natation handisport ce week-end. On veut permettre à l'ensemble des nageurs français de vivre une étape de Coupe du monde. Ils vont côtoyer des nageurs internationaux, cela permet d'échanger, de prendre conscience de ce qu'il faut mettre en œuvre pour prétendre faire du haut niveau. Et pour les meilleurs de l'équipe de France, il s’agit aussi d'avoir une échéance sur le territoire national avec de l'émulation et de la concurrence.

Plusieurs nageurs internationaux s'élancent à Limoges lors de l'étape de Coupe du monde de para natation, le 26 mai 2023. (PICOUT GREGORY / FFH)

D’autant qu’il y a un vrai enjeu sportif puisqu’il s’agit de la dernière épreuve qualificative pour les Mondiaux cet été à Manchester (31 juillet au 6 août)...

En effet, certains ont déjà réalisé leurs minima mais beaucoup viennent pour les conquérir afin d'aller aux championnats du monde, qui seront déjà un moment clé dans l'attribution des quotas pour la France pour Paris 2024. Il y aura deux quotas distribués aux deux premiers de chaque épreuve. Et au-delà de ça, plein de nageurs viennent chercher quelque chose : une première finale, un accès au collectif équipe de France, une qualification pour les Mondiaux, un bon chrono... C’est un moment stratégique, clé, qui sera encore présent l’an prochain à quelques mois des Jeux paralympiques.

"On avait quatre athlètes dans l'équipe de France en 2017. Aujourd’hui, il y a 16 à 18 nageurs qui peuvent aller à Manchester cet été pour disputer les Mondiaux."

Sami El Gueddari, directeur de la première étape de Coupe du monde de para natation

à franceinfo: sport

C'est une forme de reconnaissance de la France ?

Se voir confier cette étape de Coupe du monde par World Para Swimming, qui gère la compétition, cela participe au rayonnement de la France à l'international. C’est nous faire confiance, reconnaître notre professionnalisme et la qualité de notre organisation. Jusqu’à présent, ils connaissaient seulement l’équipe de France et nos progrès dans les bassins. Nous sommes en train de grossir et de devenir une nation importante dans l'environnement international. Il manquait un peu de médailles d'or mais on avait une jeune génération. Alex [Portal], Ugo [Didier], Laurent [Chardard] étaient très jeunes il y a trois ans, et là ils viennent avec d'autres ambitions. J'espère que l'or va nous sourire.

L’autre enjeu, c’est d’acculturer le public au parasport et mettre un pied dans les classifications…

Complètement, en ayant une représentativité de l'ensemble des handicaps, des catégories de handicaps, que ce soit les garçons et les filles… La Coupe du monde de para natation est difficile à comprendre car c'est du multi catégories, tous les nageurs sont classés à la table de cotation. Nous avons progressé dans l'expérience spectateur et l'expérience athlète, avec notamment un affichage des points en temps réel sur l'écran. On a un bassin qui n'a pas à rougir de quoi que ce soit. Athlètes olympiques ou paralympiques, ils s'investissent de la même manière et méritent la même attention. Plus on va apporter de la lumière sur eux, de la vision sur l'ensemble des pathologies, plus on va susciter de l'envie de la part des pratiquants et des personnes en situation de handicap, plus on va permettre aux athlètes d'appréhender le haut niveau, plus on va habituer le public... Il y a tout à gagner, dans tous les secteurs.

• À lire aussi : Paris 2024 : comment atténuer le coût de l'accès au sport pour les personnes en situation de handicap

Ugo Didier, double médaillé paralympique à Tokyo, en lice lors de la première journée des World Series de para natation à Limoges, le 26 mai 2023. (PICOUT GREGORY / FFH)

Comment se compose le collectif équipe de France ? On a l’impression qu’il y a des "vieux briscards" comme David Smétanine mais aussi toute une jeune génération qui pousse...

Avec la Fédération, nous avons une vision sur la stratégie de haut niveau qui est de dire que David [Smétanine] a neuf médailles paralympiques autour du cou. Certes l'adversité grandit mais aujourd’hui, il se bagarre encore plus qu'avant. Continuer à exister sur la scène internationale à son âge [48 ans], c'est forcément un sacerdoce. Il a une expérience, une rigueur qui transpire chez les jeunes, qui leur permet de grandir plus vite car il est force de conseils et de partage. Claire Supiot, aussi, a ce rôle-là, Elodie Lorandi aussi avec sa grinta. On a besoin de leaders charismatiques qui ont un palmarès.

En parallèle, on a des jeunes qui sont performants pour leur âge, ils viennent casser la représentation de la complainte permanente des Français sur les moyens à l’étranger. Ugo [Didier], Laurent [Chardard], Alex [Portal], ils amènent dans leur sillage Killian [Portal], Léane [Morceau], Solene [Sache], Quentin [Vieira]... On a 13 catégories de handicaps, sept épreuves sont au programme paralympique par catégorie, on peut se permettre de rêver grand chez les garçons et les filles.

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