Paris 2024 : les billets des Jeux paralympiques "seront moins chers que ceux des JO", confirme le directeur général du Comité paralympique et sportif français
Les spectateurs seront-ils au rendez-vous pour garnir les tribunes des lieux iconiques promis aux Jeux paralympiques de Paris en 2024 (28 août au 8 septembre) ? Tournoi de cécifoot à deux pas de la Tour Eiffel, compétition d'escrime fauteuil dans la nef du Grand Palais, concours de para dressage dans les jardins du château de Versailles... En optant pour une continuité avec les sites olympiques – qui animeront la capitale deux semaines plus tôt –, le comité d'organisation a voulu affirmer sa volonté de frapper fort dans un an et demi, en gommant la différence entre les deux événements.
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Pourtant, si l'essor médiatique et populaire des Jeux paralympiques ne peut pas être démenti, notamment depuis l'édition londonienne en 2012, "JO" et "JP" ne se trouvent pas au même niveau de maturité concernant le modèle économique. Un contraste qui devrait se retrouver dans le prix des billets. Elie Patrigeon, le directeur général du Comité paralympique et sportif français (CPSF), revient sur la question pour franceinfo: sport.
Franceinfo: sport : La mise en place de la billetterie des Jeux paralympiques de Paris 2024 interviendra à l'automne prochain. En quoi cela constitue-t-il un défi considérable ?
Elie Patrigeon : On parle d'une vente de plus de trois millions de billets, dans un moment où le spectacle paralympique n'a jamais été vendu en France [l'Hexagone accueille les premiers Jeux paralympiques d'été de son histoire et la billetterie n'était pas encore payante lors des Jeux d'hiver de 1992 à Tignes-Albertville]. C'est un enjeu assez colossal de revenus pour le Comité d'organisation, et pour nous de maturité du spectacle.
Il s'agit d'un sujet fondamental que l'on traite un peu différemment avec les championnats du monde de para athlétisme, organisés du 8 au 17 juillet au stade Charléty à Paris, qui seront payants pour la première fois. On se confronte un peu à ce que le sport au féminin a connu il y a quelques années, avant la Coupe du monde de 2019 en France. On peut se dire : est-ce qu'à un moment donné, on peut transformer le modèle économique ?
Est-ce que ce modèle économique est surtout dépendant de l'argent public ?
Il l'est en partie, oui, mais pas que, car quand on regarde nos structures de revenus, on a beaucoup de revenus privés. Surtout, nous n'avons quasiment pas de droits TV, ni de recettes de billetterie, ce qui fait que notre modèle événementiel est compliqué et qu'on ne peut pas en faire beaucoup car nous n'avons pas ces recettes-là. La transformation du modèle en cours, c'est d'essayer de voir si on arrive à capter un public, et la billetterie en est l'expression. Là, nous ne sommes qu'au tout début.
Tony Estanguet, le président du Comité d'organisation des Jeux de Paris 2024, a évoqué des stratégies différentes au niveau des prix des billets entre les JO et les JP...
Ce que l'on peut dire aujourd'hui, c'est que les billets seront moins chers, à partir de 15 ou 20 euros, pour les Jeux paralympiques. Un des axes commerciaux qui peut fonctionner, c'est de dire que les JP sont le moyen de rendre les Jeux accessibles à tous. Vous pourrez contribuer à la même fête, avec le même esprit, à des tarifs attractifs et une capacité à voir des disciplines nouvelles pour la plupart des spectateurs. C'est une stratégie de différenciation au sein de l'événement plus global qu'est Paris 2024.
Il n'y aura pas non plus de tirage au sort, comme c'est le cas pour les Jeux olympiques. Comment l'expliquez-vous ?
On ne connaîtra pas le même sujet de tensions sur la billetterie paralympique. Il sera possible jusqu'à quelques jours avant les compétitions d'obtenir des billets pour des épreuves phares, ce qui n'est pas le cas pour les JO. Ce qu'on a constaté à Londres et à Rio, c'est qu'il ne faut pas se baser sur les statistiques de vente du début.
C'est l'émulation progressive autour des Jeux qui va engendrer des achats de billets au dernier moment. À Rio, les premiers jours les stades n'étaient pas remplis, à la fin ils étaient pleins. Même chose à Londres. Il y a plusieurs raisons à cela, notamment le fait que la dynamique des Jeux porte le pays, et que la billetterie paralympique est beaucoup plus domestique et nationale que ne l'est celle des JO.
"Maintenant, il faut transformer l'attrait pour les Jeux paralympiques en un petit peu plus que de la curiosité, en faisant prendre conscience qu'il faut acheter ce spectacle pour qu'il puisse vivre."
Elie Patrigeon, le directeur général du Comité paralympique et sportif françaisà franceinfo: sport
Avant cela, un travail de reconnaissance des parasports et des athlètes doit être mené auprès du grand public. Où se situe la France à un an et demi de l'événement ?
On a des signaux faibles sur le fait qu'il se passe quelque chose autour des Jeux paralympiques. En octobre dernier, la journée paralympique a attiré beaucoup de monde. Notre challenge, c'est d'avoir ce rôle d'intermédiation avec ce qu'il se passe sur le terrain, d'être dans la pédagogie. Pour comprendre la performance, il faut comprendre les règles basiques qui la rendent possible. Par exemple, un déficient visuel ne court pas à côté d'un amputé. Quand on ne le sait pas, ce n'est pas évident. Il y a plein d'initiatives, on bouge beaucoup mais on n'a pas encore la clé finale.
Est-ce que l'objectif est qu'à terme, après Paris 2024, les compétitions de parasport deviennent toutes payantes ?
Non, car elles n'ont pas vocation à l'être toutes. Il faut qu'on garde un certain ADN. Pour autant, ça peut être un vrai tournant. Aujourd'hui les marques sont plus intéressées, il y a une dimension RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) intrinsèque que l'on associe aux Jeux paralympiques. Cela se ressent aussi sur le sponsoring. On part de rien donc c'est normal que le taux de croissance soit très important. Mais nous sommes sur un facteur exponentiel de revenus privés et donc de moindre dépendance au financement public, qui lui-même a augmenté parce qu'il y a les Jeux de Paris et parce qu'il y a une prise de conscience qu'on était dans un sous-financement chronique. Au Comité paralympique et sportif français, il y avait trois personnes en 2017, désormais nous sommes 40. Cela donne un bon ordre d'échelle.
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