Reportage Paris 2024 : "On oublie tout et on vit le moment", le handisport célébré au passage de la flamme paralympique à Bobigny

Portée par des para-athlètes, mais aussi des anonymes, le tout dans une grande ferveur populaire, la flamme paralympique a traversé la Seine-Saint-Denis, mardi, à la veille de la cérémonie d'ouverture. L'occasion d'un coup de projecteur sur le handicap et de faire découvrir plusieurs disciplines du handisport.
Article rédigé par Nicolas Piquet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5 min
Sandrine Martinet, para-judokate française championne en catégorie malvaoyants B2, a allumé le chaudron à Bobigny, le 27 août 2024. (AUGUSTIN LEHODEY / PARIS 2024)

La fête continue. Après le succès et la ferveur des Jeux olympiques, place aux Jeux paralympiques de Paris 2024, mercredi 28 août. Douze jours de compétitions, de nombreuses chances de médailles françaises, et une nouvelle occasion de célébrer le sport, qui plus est, pratiqué par des athlètes en situation de handicap. Qui dit Jeux paralympiques, dit flamme paralympique : l'un des douze itinéraires quotidiens des quatre jours de relais a sillonné la Seine-Saint-Denis, mardi 27 août, jusqu'à Bobigny. Franceinfo était de la partie.

Sous les applaudissements et les "bravo", Emmanuelle Assman avance sur son fauteuil roulant, au milieu des immeubles de Bobigny. Des enfants à la fenêtre appellent leurs parents : "Il y a la flamme !". D'autres, se sont installés au balcon pour filmer. Accrochée au fauteuil de la relayeuse, la torche iconique de Paris 2024 continue de parcourir la France. Un moment inoubliable pour la médaillée à Athènes en 2004 en para-escrime et ancienne présidente du Comité paralympique et sportif français (2013-2018), née dans le 93 : "Quand on porte la torche, on ne pense plus à rien, on est surtout sur de l'émotion, l’envie de partager, on oublie tout et on vit le moment".

D'autant que ce n'est pas la première fois qu'Emmanuelle Assmann porte la flamme. Parmi les 1 200 porteurs de la flamme paralympiques, elle fait partie de ceux qui l'auront tenue deux fois. Elle a ainsi réalisé le premier relais sur le territoire français, le dimanche 25 août, à la sortie du tunnel sous la Manche. "La première fois, je ressentais un peu le poids de ce que je représentai, raconte-t-elle. Là, j'étais davantage dans la légèreté pour fêter ce moment-là."

Sortir de l'ombre

Une fête qu'elle a partagée avec ses collègues et ses proches : "Mon père m'a dit : 'Je n'étais pas à Athènes, mais je suis là aujourd'hui'. Ça fait du bien de partager avec ceux qui ont toujours été là, car les victoires sont collectives." La championne de para-escrime voit ce relais comme un symbole pour "sortir de l'ombre les athlètes paralympiques". Elle se félicite également du chemin parcouru entre Athènes 2004, où aucune image de sa compétition n'était diffusée, et la couverture médiatique de Paris 2024.

"Mais rien n'est jamais acquis, il faut continuer à se battre."

Emmanuelle Assmann, relayeuse de la flamme paralympique

franceinfo

Mariam fait partie des dizaines de curieux s'approchant, sur le trottoir, au plus près des nombreux policiers protégeant la torche. La jeune femme de 21 ans, téléphone à la main pour filmer ce moment, est venue avec ses petits frères et sœurs : "Pour les JO, je n'avais pas eu l'occasion de voir la flamme parce que je travaillais donc je suis contente de me rattraper pour les paralympiques."

D'autres athlètes se passent le flambeau, à l'image de Driss Mlahfi, joueur de l'équipe de France de football pour amputés, qui décrit un "moment magique dont il se souviendra toute sa vie". Il y a aussi des anonymes et un relais collectif "Associations et aidants", un moment d'émotion pour tous les porteurs, partagé avec le public.

"5, 4, 3, 2, 1..." : à 19 heures tapantes, la flamme fait son entrée sur l'esplanade devant le Prisme de Bobigny, dans les mains de Sandrine Martinet, championne de para-judo et porte-drapeau de la France à Tokyo en 2021. Elle embrase le chaudron, posé au milieu d'une scène, acclamée par les centaines de personnes du public et sous le regard d'une rangée d'officiels, dont la ministre des Sports australienne Anika Wells, venue spécialement pour l'occasion, pour s'inspirer avant les JO de Brisbane en 2032.

Tony Estanguet, patron de Paris 2024, est présent lui aussi, ravi de mettre à l'honneur des athlètes "qu'on a tendance à mettre un peu de côté, parce qu'on ne connaît pas leur nom, pas leur sport". "Maintenant, on sait que pendant les douze jours qui arrivent, ils vont être au cœur de l'action, reprend-il. On va pouvoir enfin les valoriser à leur juste niveau et c'est une vraie fierté."

"L'idée, c'est de mettre à l'honneur la société et tous ceux qui s'engagent pour qu'elle soit plus inclusive."

Tony Estanguet, président de Paris 2024

franceinfo

Faire connaître le handisport passe aussi par les nombreuses activités mises en place toute l'après-midi, à Bobigny, en marge du relais de la flamme : escrime fauteuil, boccia, tir laser, volley-ball assis, cécifoot, tennis de table, basket fauteuil, boxe et tir à l'arc. Tychana, 10 ans, descend à peine du fauteuil roulant sur lequel elle a testé le basket. Bilan : "C'est quand même un peu difficile, parce que c'est juste avec les bras." Elle reconnaît avoir quand même apprécié se mettre à la place d'athlètes handicapés.

Un pari réussi

Nathan est membre du comité régional Handisport d'Île-de-France. Le jeune homme est valide, mais heureux de mettre en avant le parasport : "C'est un truc que tout le monde va voir pendant deux semaines avec les Jeux paralympiques, c'est bien qu'ils découvrent maintenant pour ne pas être perdus devant leur télévision." Une initiative doublement utile, quand elle s'adresse à ces enfants qui "n'ont pas toujours la possibilité d'aller en vacances, ou qui ne sont pas forcément inscrits dans des clubs. On les occupe une journée entière avec du sport et ça les change de la vie de tous les jours, ça leur fait du bien."

Le pari semble réussi : les jeunes (et les moins jeunes) repartent avec le sourire, ravis d'avoir vu passer la flamme paralympique, intéressés par les handisports découverts et surtout prêts à vibrer pendant les douze prochains jours, aux couleurs des paralympiques.

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