L'affaire Guérini et les autres dossiers qui embarrassent le PS
Marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône, soupçons de financement occulte dans le Pas-de-Calais, étrange enveloppe à Clamart... Les affaires qui pourraient gêner François Hollande s'accumulent.
Karachi, Woerth, les affaires qui égratignent le président Sarkozy font régulièrement les unes des journaux. Mais le Parti socialiste a aussi ses boules puantes. Mercredi 15 février, c'est l'affaire Guérini qui est revenue dans l'actualité. Le président PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, sénateur et ancien patron de la fédération socialiste du département, Jean-Noël Guérini, a tout bonnement refusé de répondre aux questions du juge d'instruction Charles Duchaine, à Marseille.
Argument : "Vu qu'ont été révélés dans la presse la date et les axes de l'audition qu'entendait organiser le juge Duchaine, Jean-Noël Guérini a considéré que cette violation réitérée du secret de l'instruction, constitutive d'un délit, ne permettait pas une bonne et sereine administration de la justice", ont écrit ses avocats. Une affaire parmi d'autres qui pourraient handicaper le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande.
• Guérini : un frère embarrassant
Des mois que le PS traîne cette casserole. Jean-Noël Guérini a été mis en examen pour association de malfaiteurs, trafic d'influence et prise illégale d'intérêts en septembre 2011. La justice cherche à savoir si le sénateur, qui refuse de démissionner du conseil général, est intervenu en faveur de son frère, Alexandre, patron de décharges, dans l'attribution de marchés publics pour le ramassage et le traitement de déchets dans le département. En décembre 2010, l'encombrant petit frère s'est vu notifier une mise en examen à rallonge pour abus de biens sociaux, détournement de fonds et de biens publics, recel, blanchiment, trafic d'influence, corruption active et détention de munitions.
Par ailleurs, le directeur de cabinet du président du conseil général, Rémy Bargès, a également été mis en examen dans un volet de l'affaire pour destruction de preuves. La veille d'une perquisition au conseil général en novembre 2009, le directeur de cabinet avait fait remplacer des ordinateurs. Il dit avoir agi de sa propre initiative, mais selon Libération, "la thèse ne convainc personne dans l'entourage des deux hommes".
• Navarro : chères pizzas
Non loin, dans l'Hérault, un autre ancien patron de fédération socialiste (2008-2010) intéresse la justice : Robert Navarro. Exclu du parti pour son soutien à feu Georges Frêche, le sénateur est visé par une plainte du PS après la découverte des "nombreuses factures" de la fédération pour des déplacements en avion sans lien avec son fonctionnement.
On trouve aussi de drôles de frais de fournitures, payées par la "fédé" mais livrées au Parlement européen de Bruxelles où Navarro siégeait jusqu'en 2008, ou encore des frais de bouche extravagants, notamment 19 710 euros de pizzas en 2010. La femme de Robert Navarro a été mise en examen dans l'affaire et, selon l'AFP, les juges d'instruction en charge du dossier souhaitent demander la levée de l'immunité parlementaire du sénateur.
Influent localement, il a fait partie de l'équipe de campagne de François Hollande pour la primaire socialiste avant d'en être écarté, se disant alors victime d'un "flinguage politique".
• Pas-de-Calais : un ancien maire bavard
L'ex-maire socialiste d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Gérard Dalongeville, mis en examen en avril 2008 pour détournement de fonds, faux et usage de faux puis corruption, dénonce ses anciens camarades. Isolé, l'ancien édile, qui a géré de manière catastrophique la ville où le Front national s'est imposé comme la principale force d'opposition, a rédigé une lettre à la juge de Béthune Véronique Pair où il dresse le portrait d'un système de financement occulte du Parti socialiste.
La lettre, qui a fuité dans Le Point et Les Inrockuptibles en décembre, décrit un système de surfacturations destinées, par rétrocommissions, à enrichir la puissante fédération du Pas-de-Calais et quelques-uns de ses pontes. Selon le maire, le système repose sur le parc de logements des Houillères (plus de 62 000 anciens logements miniers gérés par un établissement public) et une société d'économie mixte, Adévia, régnant localement sur les opérations d'aménagement urbain. Le nom du député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, soupçonné d'enrichissement personnel, apparaît à la tête de l'organigramme des deux structures.
Embarrassée, la maire de Lille et première secrétaire du PS, Martine Aubry, a fait ouvrir une commission d'enquête interne. De son côté, le député PS de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg ne s'est pas gêné pour dénoncer la "corruption" des élus du Pas-de-Calais.
En juillet 2009, Arrêt sur images évoquait déjà d'étranges pratiques dans une longue émission en présence de l'ancienne ministre socialiste Marie-Noëlle Lienemann.
• DSK : l'avalanche d'affaires
Depuis l'arrestation à New York le 14 mai 2011 de Dominique Strauss-Kahn, accusé de viol par une femme de chambre du Sofitel, Nafissatou Diallo, les révélations ne finissent plus de pleuvoir sur celui qui faisait hier figure de meilleur adversaire à Nicolas Sarkozy. Les charges pénales ont finalement été abandonnées contre lui aux Etats-Unis, mais une procédure au civil est toujours en cours. De même, la plainte de la romancière Tristane Banon pour "tentative de viol" est classée sans suite, mais le parquet a estimé que des faits qualifiés d'agression sexuelle étaient "reconnus" bien que prescrits.
L'affaire de proxénétisme du Carlton de Lille est venue écraser un peu plus DSK. L'ancien directeur du Fonds monétaire international aurait participé à des parties fines avec des call-girls à Paris et aux Etats-Unis. Selon Le Point, il aurait eu des relations tarifées avec une dizaine de prostituées.
Enfin, en janvier, l'entrepreneur forain Marcel Campion a affirmé à l'hebdomadaire VSD qu'en 1990, Dominique Strauss-Kahn, alors député du Val-d'Oise, avait réclamé 5 millions de francs pour intervenir en faveur de la reprise d'un parc d'attractions, Mirapolis, fermé depuis. L'ex-ministre socialiste a porté plainte pour diffamation.
• Clamart : une étrange vidéo
Une vidéo troublante diffusée sur YouTube et le sénateur-maire socialiste de Clamart (Hauts-de-Seine), Philippe Kaltenbach, se retrouve dans la tourmente. Dans le document, filmé en caméra cachée, on le voit empocher une enveloppe tendue par son adjoint Mohamed Abdelouahed et contenant 1 000 euros. Les deux hommes discutent de ce qui semble être l'attribution d'un logement à un tiers.
Cette vidéo a été livrée au procureur de Nanterre, Philippe Courroye, au printemps 2011. Le magistrat a ouvert une enquête préliminaire pour corruption. Ce n'est qu'en janvier 2012 que le film s'est retrouvé sur le réseau de partage de vidéos.
Philippe Kaltenbach se dit "victime d'une manipulation montée" par le maire UMP de la commune voisine du Plessis-Robinson et estime que Philippe Courroye "semble jouer un jeu trouble".
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