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Le soldat afghan dit avoir tué les soldats français à cause de la vidéo des marines

On y voyait des militaires américains en train d'uriner sur des cadavres d'insurgés afghans.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Capture d'écran de la vidéo montrant des marines américaines en train d'uriner sur des cadavres d'insurgés afghans, diffusée le 11 janvier 2012 sur internet.  (FTVI)

Le soldat afghan qui a tué quatre soldats français mercredi affirme l'avoir fait après avoir visionné la vidéo montrant des marines américains en train d'uriner sur des cadavres d'insurgés afghans, indiquent des sources sécuritaires citées par l'AFP dimanche 22 janvier. "C'était un vrai soldat, enregistré", a indiqué l'une de ces sources. Le tueur "n'avait aucun contact direct avec les talibans mais il ne les haïssait pas non plus", a ajouté une autre source.

Ces déclarations semblent contredire la version selon laquelle l'homme était infiltré par les talibans. Un peu plus tôt, Gérard Longuet, le ministre de la Défense, avait en effet annoncé depuis la base de Surobi, à l'est du pays, que ce soldat était "un taliban manifestement infiltré depuis longtemps" dans les rangs de l'armée afghane.

Revendication ambigüe des talibans

Le tueur, âgé de 21 ans, identifié comme Abdul Mansour, a été arrêté après les évènements. Selon le ministre français, il s'agit d'un ancien soldat de l'armée afghane qui a déserté, et qui est probablement passé ensuite au Pakistan, avant de s'engager à nouveau dans les rangs de l'Armée nationale afghanse. Il était depuis environ deux mois dans l'unité de Gwan.

Selon Reuters, les talibans ont revendiqué cette attaque, l'un des porte-parole du mouvement affirmant samedi à l'agence : "L'émirat islamique d'Afghanistan a recruté des personnes occupant d'importantes fonctions. Certains ont déjà accompli leurs missions". Mais l'AFP indique de son côté que les insurgés, généralement prompts à reconnaître des pertes infligées aux troupes étrangères, ont pourtant nié être à l'origine de cette attaque. 

Evaluer les conditions de sécurité

Gérard Longuet, accompagné du chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, est chargé d'évaluer la dangerosité de la mission des soldats français qui forment des militaires afghans. En jeu, un possible retrait anticipé des troupes françaises "si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies".

A deux reprises ces trois dernières semaines, un soldat a retourné son arme contre ses instructeurs, tuant six Français, pour un total de 82 morts sur le front afghan depuis le déploiement de la force internationale, fin 2001.

La décision d'un retrait revient à Sarkozy

Dans un entretien au Parisien, la compagne de Geoffrey Baumela, l'un des quatre soldats français tués vendredi 20 janvier. "Je voudrais demander au président de faire rentrer tous les soldats français encore présents en Afghanistan", lance cette mère d'une petite fille de 14 mois.

Il reviendra à Nicolas Sarkozy de "tirer les conséquences" de cette attaque et de décider d'un retrait anticipé des troupes françaises d'Afghanistan, a rappelé dimanche le ministère des Affaires étrangères. Un peu plus tôt, le département d'Etat américain avait indiqué que la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et son homologue français Alain Juppé étaient tombés d'accord samedi pour "travailler ensemble" en Afghanistan.

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