L'hippodrome de Compiègne aurait bien été vendu au rabais par Eric Woerth
D'après le site Mediapart, qui cite un rapport d'experts rendu à la justice, l'ancien ministre du Budget a vendu au tiers de son prix une grande parcelle de la forêt de Compiègne en 2010. Son avocat dément.
Les terrains de l'hippodrome de Compiègne (Oise), cédés par l'Etat en 2010, ont bien été vendus au rabais, selon Mediapart. Le site internet cite samedi 21 janvier un rapport d'experts récemment remis à la Cour de justice de la République qui estime que ces terrains ont été vendus au tiers de leur prix. C'est cette Cour qui instruit l'enquête pour "prise illégale d'intérêts" qui vise l'ancien ministre du Budget dans cette affaire. Son avocat dément.
Eric Woerth est soupçonné d'avoir bradé en mars 2010 pour 2,5 millions d'euros une parcelle de 57 hectares de la forêt de Compiègne à la Société des courses de Compiègne, estimée dans ce rapport entre 8 et 10 millions d'euros. Il avait été entendu comme témoin assisté dans cette affaire, en mai dernier.
La cession de ces terrains proches du château de Compiègne, qui comprennent également un golf luxueux, a été effectuée de gré à gré, empêchant toute mise en concurrence. Une chose que les experts critiquent également dans ce rapport, cité mais non reproduit par Mediapart.
"Aucune faute pénale" selon son avocat
"Cette présentation est tendancieuse", a réagi Me Jean-Yves Le Borgne, son avocat. Il assure que "le rapport confirme l'évaluation de l'administration concernant la valeur du terrain, entre 2,5 et 2,7 millions d'euros" et non entre 8 et 10 millions d'euros, comme l'indiquent les experts. Mais il explique le différentiel entre la valeur totale et le prix de vente par le fait que c'est la Société des courses qui avait payé la construction des bâtiments.
"On n'allait pas faire payer deux fois l'acquéreur", a fait valoir l'avocat. Pour lui, "l'évaluation" de l'administration "correspond à l'expertise". Evoquant l'hypothèse d'une éventuelle mise en examen de l'ancien ministre dans ce dossier, avancée par Mediapart, Me Le Borgne a répondu que "la discussion en cours est financière et n'a rien à voir avec une quelconque faute pénale".
Difficile de dire si il y a eu un rabais
Dans une enquête publiée en juillet 2010, lemonde.fr avait interrogé plusieurs experts qui trouvaient le prix de vente convenable. "Le microcosme local trouvait que le prix était même trop élevé" déclarait même un bon connaisseur du dossier.
L'enquête de la commission d'instruction aboutira à un non-lieu ou au renvoi d'Eric Woerth devant la formation de jugement de la CJR, chargée de juger les crimes et délits commis par les membres du gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions.
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