Malgré les sanctions américaines, l'Iran montre les muscles
Dimanche, Téhéran a annoncé avoir tiré un missile dans un détroit stratégique, puis avoir franchi une nouvelle étape dans le développement de son nucléaire civil.
Les sanctions américaines prises à la veille de la nouvelle année n'intimident pas l'Iran. Tel est en substance le message lancé par Téhéran dimanche 1er janvier, en tirant un missile de moyenne portée près du détroit stratégique d'Ormuz et en annonçant avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire.
Cette démonstration de force intervient au moment où les pays occidentaux accentuent la pression sur la République islamique d'Iran, accusée malgré ses multiples dénégations de chercher à fabriquer la bombe atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.
Essai d'un missile près d'un détroit stratégique
L'Iran a tiré dans la matinée de dimanche un missile de moyenne portée sol-air lors de manœuvres navales près du détroit d'Ormuz, par où transite entre un tiers et 40 % du trafic maritime pétrolier mondial. Ce missile "conçu et fabriqué" en Iran "est équipé de la technologie la plus récente pour combattre les cibles furtives et les systèmes intelligents qui tentent d'interrompre la trajectoire du missile", selon un amiral iranien. Ce dernier a par ailleurs précisé qu'il s'agissait du premier test de ce type de missile.
Ce tir intervient dans le cadre de manœuvres navales entamées le 24 décembre dans la zone. Téhéran a par ailleurs menacé de fermer le détroit en cas de nouvelles sanctions contre ses exportations pétrolières. Le régime devrait même tester la capacité de ses forces navales à fermer effectivement la voie lundi.
Les Etats-Unis ont immédiatement dénoncé "le comportement irrationnel de l'Iran" et affirmé qu'"aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne serait tolérée".
Téhéran annonce avoir testé son combustible nucléaire
Plus tard dans la journée de dimanche, Téhéran a annoncé (lien en persan) avoir testé pour la première fois des barres de combustible nucléaire produites localement. Ces éléments, qui permettent de piloter le fonctionnement d'un réacteur, sont indispensables à la production d'énergie atomique. Cette déclaration fait suite à celle du 15 décembre venant du ministre des Affaires étrangères iranien. Il avait affirmé que son pays allait pour la première fois introduire de l'uranium enrichi à 20 % produit localement dans son réacteur de Téhéran.
L'enrichissement d'uranium par l'Iran est au cœur d'un conflit avec la communauté internationale qui soupçonne Téhéran, malgré ses démentis répétés, de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Enrichi à seulement 20 %, l'uranium a un usage purement civil, mais si l'enrichissement est poussé au-delà de 90 %, il peut être utilisé pour la fabrication de l'arme atomique.
Cette fois-ci, l'Iran n'a pas précisé le niveau d'enrichissement de l'uranium introduit dans les barres. Mais habituellement, l'uranium enrichi à 20 % est produit sous forme de plaques et non de barres, pour son utilisation comme combustible.
Obama adopte des sanctions financières
Ces annonces surviennent au lendemain de la promulgation par le président Barack Obama d'une loi de financement du Pentagone qui renforce les sanctions contre le secteur financier de l'Iran. La Banque centrale du pays est particulièrement visée, dans le but de contraindre Téhéran à abandonner son programme nucléaire.
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a assuré que la Banque centrale iranienne réagirait avec "force" aux sanctions américaines. Cependant, la monnaie iranienne, le rial, a enregistré une baisse record dimanche. Sa valeur à la revente dans les bureaux de change a baissé à environ 16 000 rials pour un dollar, contre 11 000 rials pour un dollar au taux officiel.
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