Des diplomates syriens priés de faire leurs valises
Paris a annoncé, mardi, l'expulsion des ambassadeurs syriens, en réponse au massacre de Houla, qui a fait 108 morts, dont 49 enfants. Partout dans le monde, des Etats ont pris des mesures diplomatiques pour protester contre la tuerie.
Sanctions diplomatiques en chaîne. Après le massacre de Houla (centre), dans lequel ont péri au moins 108 personnes, et alors que le plan de paix élaboré par le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, n'est toujours pas appliqué par Damas, la communauté internationale tape du poing. Elle a décidé de prendre de fortes mesures diplomatiques, depuis le mardi 29 mai, afin d'isoler le régime de Bachar Al-Assad. Des mesures saluées par l'opposition syrienne.
En Europe : des mesures individuelles, mais concertées
• Des ambassadeurs expulsés...
La France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Bulgarie ont annoncé mardi que les ambassadeurs de Syrie dans ces pays seraient expulsés. "Ce n'est pas une décision unilatérale de la France, mais concertée avec nos partenaires", a précisé pour sa part François Hollande lors d'un point presse, à l'issue d'un entretien avec le président béninois, Thomas Boni Yayi. Le président français a indiqué que l'ambassadrice de Syrie à Paris, Lamia Chakkour, allait être expulsée mardi ou mercredi. La Suisse, pour qui cette dernière est également ambassadrice, l'a déclarée "persona non grata".
Enfin les Pays-Bas, qui partagent le représentant syrien avec la Belgique, lequel est établi à Bruxelles, a également annoncé que ce dernier n'était "plus le bienvenu" dans le royaume, ne pouvant pas l'expulser.
• ... et des diplomates qui font leurs valises
Un porte-parole du ministère des Affaires internationales britannique a indiqué, pour sa part, que le Royaume-Unis s'apprêtait à expulser le chargé d'affaires syrien à Londres, plus haut représentant du régime de Bachar Al-Assad, en l'absence d'ambassadeur, et de deux autres diplomates syriens. La Syrie ne disposait plus d'ambassadeur en Grande Bretagne depuis plusieurs mois.
• Paris durcit le ton
Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, s'est par ailleurs dit favorable à la saisine de la Cour pénale internationale. Dans un entretien au Monde daté du 30 mai, il a estimé que le massacre de Houla "peut avoir comme conséquence que des pays jusque-là réticents évoluent" sur la question syrienne. Il souligne que Bachar Al-Assad, "l'assassin de son peuple", "doit quitter le pouvoir". Selon le nouveau chef de la diplomatie française, "le plus tôt sera le mieux".
Hors Europe, le rythme s'accélère
• Des mesures diplomatiques
L'Australie a également annoncé l'expulsion de deux diplomates syriens. Tout comme le Canada qui a, lui aussi, expulsé tous les diplomates syriens en poste à Ottawa. Les Etats-Unis ont à leur tour annoncé l'expulsion du représentant de la Syrie sur leur sol. Le Japon a fait la même chose mercredi matin.
Le regain de violences de ces derniers mois a pu favoriser l'émergence d'un consensus international pour mettre en place des actions plus fermes, estiment des analystes, interrogés par Reuters.
• Israël "sort de sa réserve"
Le président israélien, Shimon Peres, a haussé le ton. "Leur président, supposé être le père de la nation, est devenu leur assassin", a-t-il dit lors d'une conférence de presse conjointe avec le président allemand, Joachim Gauck.
"Personne ne doit rester indifférent à son égard", a-t-il lancé, disant déplorer que jusqu'ici, les "réactions se résument à des déclarations". Israël, qui a annoncé lundi avoir décidé de sortir de sa "réserve médiatique" à propos de la Syrie, semble désormais appeler à une mobilisation de la communauté internationale. "Je crois qu'il est temps d'aider les Syriens à réaliser la paix et à recouvrer leur liberté", a conclu Shimon Peres.
• La Turquie perd patience
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a lui aussi condamné le carnage de Houla, prévenant: "Il y a une limite à la patience, et je suis persuadé que si Dieu le veut, il y a aussi une limite à la patience au sein du Conseil de sécurité de l'Onu."
• L'opposition syrienne se félicite
Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a aussitôt salué l'expulsion des diplomates syriens par ces pays occidentaux. "Le CNS apporte son soutien total à de telles mesures" et "appelle la communiqué internationale à rompre tous les liens diplomatiques avec le régime syrien", a indiqué le Conseil dans un communiqué.
• Kofi Annan vante à nouveau son plan de paix à Al-Assad
Kofi Annan a fait part, mardi, au président Bachar Al-Assad, des graves préoccupations de la communauté internationale. Le diplomate ghanéen, missionné par l'ONU et la Ligue arabe, a insisté "de manière franche" sur les "mesures courageuses" requises dans son plan en six points pour mettre un terme aux violences et remettre en liberté les détenus, a déclaré à Genève son porte-parole, Ahmad Fawzi, à l'issue des entretiens de Kofi Annan à Damas.
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