Vote des étrangers : la question du timing divise la gauche
Pour certains, c'est une priorité, pour d'autres non. Les avis divergent au sein du gouvernement, parmi la majorité et à la gauche de la gauche.
POLITIQUE - Le vote des étrangers, l'une des promesses phares de François Hollande, a du plomb dans l'aile. En attendant de voir si elle sera tenue ou non, la gauche s'écharpe sur son degré de priorité. Les avis divergent au sein du gouvernement et de la majorité. La gauche de la gauche, elle, n'hésite pas à critiquer l'exécutif. FTVi revient sur les prises de position des uns et des autres.
Le gouvernement souffle le chaud et le froid
Pour le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, le vote des étrangers n'est pas une urgence, même s'il disait l'inverse en 2007. "Est-ce que c'est aujourd'hui une revendication forte dans la société française ? Un élément puissant d'intégration ? Non, déclare-t-il dans une interview au Monde publiée lundi 17 septembre. Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration."
Le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, partage cet avis. Il a lui aussi jugé, sur i-Télé, que le vote des étrangers n'était "pas une priorité".
Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a assuré lundi soir que cet engagement présidentiel serait "tenu", sans toutefois en préciser la date.
Pour la ministre du Logement, Cécile Duflot, François Hollande va tenir bon. Interrogée mardi 18 septembre sur France Inter, l'électron libre du gouvernement a contredit Manuel Valls : "Ça fait quelques années que c'est une revendication forte et un élément puissant d'intégration." Elle a précisé que "ce [serait] fait l'année prochaine" pour une application en 2014.
Dans l'entourage du chef de l'Etat, on assure que la promesse sera tenue, "quelles que soient les positions des uns et des autres", sans plus de détails sur le calendrier.
Les députés PS recadrés par leur chef
Quelque 75 députés socialistes ont signé, lundi 17 septembre, un appel dans Le Monde pour rafraîchir la mémoire de François Hollande sur cette question. Les signataires de l'appel, intitulé "Le droit de vote des étrangers aux élections, c'est maintenant", estiment que "le temps presse" car "la réforme de la Constitution par le Parlement, la loi organique et sa mise en application requièrent un temps incompressible".
Bruno Le Roux, chef de file des députés socialistes, a réagi à cette initiative. "Le problème de l'appel des 75, c'est qu'il manque un peu plus de 220 députés qui auraient pu tous le signer", a-t-il lancé lors d'une présentation à la presse des journées parlementaires socialistes, à Dijon. Il a en profité pour recadrer ses troupes : "C'est un engagement qui ne doit souffrir aucune imprécision et qui ne doit pas être un sujet d'appel, mais un sujet de travail."
Mélenchon dénonce "un fumigène"
Le coprésident du Front de gauche a estimé mardi que le vote des étrangers était "un leurre", un "fumigène" qui permet au gouvernement d'éluder certains thèmes brûlants comme le traité budgétaire européen. "Pendant que l'on parle de ça, on ne parle pas d'autre chose !" a-t-il lancé lors de la journée parlementaire du Front de gauche à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). L'ancien candidat à la présidentielle estime que ce n'est pas le moment de mettre le sujet sur la table, même si cette mesure faisait partie de son programme.
Le PCF appelle à l'union de la gauche
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, s'est inquiété d'un report de la mise en œuvre de cette réforme. "Ça fait trente ans qu'on promet cette mesure et à nouveau, on y renoncerait ? C'est totalement invraisemblable… a-t-il déploré. Nous pouvons trouver dans toute la gauche les forces nécessaires pour empêcher qu'il y ait à nouveau renoncement en la matière."
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