Le couple franco-allemand bat-il de l'aile ?
François Hollande affiche son entente avec le chef du gouvernement italien Mario Monti alors que la chancelière allemande Angela Merkel critique les solutions françaises à la crise de la zone euro.
Le couple franco-allemand n'affiche plus son unité. Bien au contraire. François Hollande et Angela Merkel défendent chacun des solutions différentes pour résoudre la crise de la dette au sein de la zone euro. Jeudi 14 juin, ils n'ont rien fait pour cacher leurs divergences. Le nouveau locataire de l'Elysée semble même dessiner de nouvelles alliances au sein de l'Union européenne, marginalisant au passage l'axe Paris-Berlin.
• Merkel ne veut pas de "solution de facilité"
Pressée de toute part d'en faire plus pour lutter contre la crise, Angela Merkel a prévenu : "A tous ceux" qui attendent cela de l'Allemagne, "je leur dis : oui, l'Allemagne est forte, elle est le moteur de l'économie et le pôle de stabilité en Europe" mais "les forces de l'Allemagne ne sont pas illimitées".
Mettant dans le même sac diverses demandes adressées à Berlin, comme la création d'euro-obligations pour mutualiser la dette - comme le souhaite François Hollande - ou une relance par de nouvelles dépenses, la chancelière allemande a rejeté l'idée qu'un tel "grand coup" puisse résoudre les problèmes de l'Europe et du monde. Ce serait selon elle une "solution de facilité".
Elle a donc martelé son credo pour des réformes économiques de structures et une intégration européenne renforcée, avec à la fois plus de solidarité mais aussi plus de contrôle sur les différents pays. "Toute alternative serait de la poudre aux yeux", a tranché Angela Merkel.
• Ayrault dénonce "des formules simplistes"
Les déclarations catégoriques de la chancelière allemande n'ont pas manqué de faire réagir le gouvernement français. "La situation de l'Europe est suffisamment critique pour ne pas se laisser aller à des formules simplistes. Il faut prendre les choses avec sérieux et courage", a rétorqué le Premier ministre, lors d'un déplacement à Angers.
Jean-Marc Ayrault a relevé que, s'agissant des mesures pour "faire repartir la croissance" dans la zone euro, "le compte n'y est pas". "Il faut discuter, mais l'objectif c'est de faire bouger les lignes" et "ça bouge quand même car la voix de la France est en train de peser aujourd'hui".
• Montebourg taxe Merkel "d'aveuglement idéologique"
Et Arnaud Montebourg d'enfoncer le clou. "L'austérité imposée par la politique idéologique de la droite allemande est un énorme problème, puisque c'est cette politique qui a conduit en récession sept pays de la zone euro sur 17", a dénoncé le ministre du Redressement productif, accusant Angela Merkel "d'aveuglement idéologique".
Arnaud Montebourg n'en est d'ailleurs pas à sa première critique virulente de l'Allemagne et de sa chancelière. En novembre 2011, l'ancien candidat à la primaire PS avait suscité une polémique en prônant une confrontation dure avec Angela Merkel, accusée de mener "une politique à la Bismarck" et de faire en sorte que l'Allemagne fasse "fortune" sur "la ruine" des autres pays de la zone euro.
• Hollande joue la carte du couple franco-italien
François Hollande, lui, s'est rendu à Rome où il a rencontré le chef du gouvernement italien Mario Monti. L'entretien a duré deux heures et demie et à sa sortie, les deux hommes ont tenu à afficher leur "très forte convergence de vues" sur les moyens d'enrayer la crise de la dette dans la zone euro et de relancer la croissance en Europe.
Les deux dirigeants partagent ainsi l'idée "d'une plus grande attention à la croissance" chère à François Hollande. Tous deux sont sur la même longueur d'onde également pour prôner une union bancaire, avec une supervision "intégrée", ainsi qu'une "réadaptation de la règle d'or" qui permettrait d'exclure les investissements stratégiques, validés par l'Union européenne, du calcul des déficits nationaux.
• Rome : un "pont" entre Paris et Berlin ?
Sur certains aspects, l'ex-commissaire européen à la concurrence se rapproche des positions allemandes. Avocat de l'approfondissement du marché intérieur européen, il plaide en faveur de plus de libéralisation. Quant à la taxe sur les transactions financières, défendue par la France, elle a le soutien de Rome qui estime toutefois, comme Berlin, qu'il serait dangereux de l'adopter de manière unilatérale.
Alors que le nouveau pouvoir socialiste français inquiète quelque peu Berlin - le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a vertement critiqué l'assouplissement de la réforme des retraites décidée en France - le président du Conseil italien croule sous les louanges venues d'outre-Rhin. Chargé de prononcer son éloge à Berlin, où Mario Monti recevait un prix, Wolfgang Schäuble a jugé qu'il était "le bon dirigeant, au bon endroit, au bon moment".
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