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Le handball se relèvera-t-il de l'affaire des paris suspects ?

Après le sacre olympique, 2012-2013 devait être l'année du handball. L'affaire des paris truqués remet tout en question. 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nikola Karabatic entre dans une voiture de police après le match PSG-Montpellier handball, le 30 septembre 2012 à Paris.  (FRANCK FIFE / AFP)

HANDBALL-PARIS SUSPECTS - "Voir mon sport traité comme ça, ça me fait mal", lâche Nicolas Chardon, éditeur du site spécialisé handnews.fr. L'affaire des paris suspects lors du match Cesson-Montpellier va laisser des traces. Nikola Karabatic emmené dans une voiture de police, les policiers au bord du terrain de la salle Coubertin, la conférence de presse du procureur de Montpellier retransmise pratiquement en mondovision, la une de L'Equipe avec "On ne joue plus" en manchette, ça fait beaucoup pour un sport qui se plaignait de sous-médiatisation voilà quelques mois. Cela dit, le tableau n'est pas tout noir.

Un acte "isolé" et un seul club à trinquer

C'est la ligne de défense des acteurs du handball. "Ce ne sera le fait que de quelques joueurs isolés", veut croire Philippe Bernat-Salles, président de la Ligue nationale de handball (LNH). "Karabatic s'est comporté comme un petit con", fustige Daniel Constantini, ancien sélectionneur de l'équipe de France. "S'ils sont avérés, ça reste des actes isolés et on saura reconstruire", veut croire Etienne Capon, directeur général de la LNH. Jérôme Fernandez, capitaine de l'équipe de France, nuance : "Ce n'est pas l'image du handball qui est dégradée, mais celle de certains garçons qui font partie de l'équipe de France." 

De l'avis général, c'est surtout le club de Montpellier qui va être touché par cette affaire. Au-delà des dégâts psychologiques, si les faits sont avérés, le club devra se priver un temps voire se séparer de ses meilleurs éléments. 

Un sport qui avait le vent en poupe

Depuis vingt ans, le handball français accumule tous les succès. Deux titres olympiques, quatre titres de champions du monde, deux titres de champions d'Europe, des surnoms entrés dans la légende, "les Barjots", "les Bronzés", "les Costauds" et maintenant "les Experts". Une pluie de titres qui a séduit le grand public : "45% des Français attribuent une note de 8 sur 10 et plus à l'équipe de France de handball, ce qui en fait l'une des équipes préférées des Français, à égalité avec le rugby", relevait Sportlabgroup.com en janvier dernier. L'étude montrait aussi que le jeune public s'intéressait beaucoup plus aux exploits de Nikola Karabatic qu'à ceux de Tony Parker. Et même l'affaire de la table brisée sur le plateau de L'Equipe TV n'avait pas altéré leur image.

"C'est un coup d'arrêt à quelque chose qui venait de démarrer", se désole Nicolas Chardon. "Ce serait vraiment dommage que cet épiphénomène vienne remettre en cause l'élan du handball français. On n'a jamais eu un championnat aussi relevé, juste derrière l'Allemagne. Certes, il y a le PSG Handball dont on a beaucoup parlé, mais aussi Dunkerque, Chambéry, Nantes, Saint-Raphaël…"

Pour Antonin Régiani-Pierson, président du groupe de supporters du PSG Handball "Le huitième homme", "le handball avait l'image d'un sport exemplaire. Si l'affaire avait concerné un club mal classé, personne n'en aurait parlé. Dans mon entourage, des gens qui ne s'intéressaient pas au handball sont venus m'en parler. Certains ont appris le nom de Karabatic comme ça. C'est l'image du handball qui est abîmée." 

Canal+ et les Bleus à la rescousse

Canal+ n'a pas caché sa volonté de miser sur le handball pour occuper la troisième place derrière le football et le rugby. Le match PSG-Montpellier, dimanche 30 septembre, était le premier à être diffusé sur la chaîne cryptée, avec une audience intéressante (450 000 téléspectateurs). Une exposition sans commune mesure avec le basket ou le volley-ball qui ne sera vraisembablement pas remise en cause, faute de concurrence.

Si l'affaire des paris suspects trouve un épilogue rapide, le climat de suspicion qui pèse sur le championnat de France mettra quelque temps à se dissiper. A moins que l'équipe de France, meilleure vitrine du handball tricolore, sorte la grosse artillerie. "En janvier, si l'équipe de France est sacrée championne du monde, on tournera la page, veut croire Nicolas Chardon. C'est avec des victoires qu'on effacera cette affaire."

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