Le patron de la chaîne des Guignols tunisiens menacé de prison
Un mandat de dépôt a été émis contre lui.
AFRIQUE - "Tout cela m'arrive à cause de quatre Guignols." Sami Fehri, le patron de la chaîne Ettounissiya TV, qui diffusait l'émission satirique de Guignols tunisiens, pourrait aller en prison. Un tribunal de Tunis a ordonné son placement en détention, vendredi 24 août. Il est accusé "d'usage illicite des ressources de l'Etablissement de la télévision tunisienne" à l'époque du régime du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, selon l'agence de presse tunisienne officielle TAP. Samedi, il a dénoncé cette décision de justice, car il estime qu'elle est liée à la diffusion de l'émission satirique.
Jeudi, Sami Fehri avait en effet indiqué à l'AFP avoir brusquement arrêté la diffusion des Guignols à la suite à des pressions des autorités. Mais selon Le Monde.fr, c'est un "contentieux commercial entre deux chaînes de télévision tunisienne Nessma TV et Ettounssiya TV" qui est à l'origine de l'arrêt de l'émission. Elles "se battent pour obtenir l'exclusivité sur une émission satirique avec des marionnettes", indique le site d'information.
Avant la révolution tunisienne, Sami Fehri était associé au sein de la société Cactus, qui produit encore l'émission des Guignols. L'autre propriétaire de la société de production était Belhassan Trabelsi, le frère de l'épouse du chef de l'Etat déchu Ben Ali. Après la révolution, Cactus a été placée sous contrôle judiciaire. L'Etat tunisien a saisi 51% des parts de l'entreprise.
Des relations tendues entre le gouvernement et les médias
Samedi, Sami Fehri a indiqué à l'antenne de la radio Express FM avoir subi les pressions d'un influent conseiller du chef du gouvernement tunisien. "Lotfi Zitoune m'a contacté et m'a dit qu'il y avait un grand mécontentement et que ce que la chaîne diffusait était inacceptable", a-t-il déclaré.
Comme en France, les Guignols tunisiens traitaient de manière satirique la vie politique. En Tunisie, l'émission raillait particulièrement les dirigeants du pays et d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir. Elle avait été lancée en mars dans une version hebdomadaire avant de devenir quotidienne il y a moins d'un mois.
Cette affaire intervient alors que le climat entre les médias et le gouvernement est délétère. De nombreux organes de presse et des représentants de la société civile accusent les islamistes de chercher à contrôler les médias jugés trop critiques à l'égard de la politique du gouvernement.
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