Le smic augmente de 2% à partir du 1er juillet
En ces temps de "redressement" des finances publiques, cette revalorisation est raisonnable pour les uns, décevante pour les autres.
Ce sera 2%. Le gouvernement, qui travaillait sur une hypothèse comprise entre 1,5 et 2,5% d’augmentation du salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic), a tranché, selon une source proche du dossier citée par l'AFP. 2%, c’est 9,40 euros brut de l'heure pour les quelque 2,7 millions de salariés au smic, soit près de 28 euros brut supplémentaires sur la fiche de paie pour un temps plein, et ce, dès le mois de juillet.
Pour Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, il s’agit "d'envoyer un signal" dans une "période difficile". Mais les syndicats toussent. Cette hausse est en grande partie une anticipation de la revalorisation de 1,4% du smic correspondant à l’inflation, prévue le 1er janvier. Le coup de pouce supplémentaire n’est donc en fait que de 0,6%.
Selon un sondage Viavoice-BPCE pour Les Echos et France Info fin mai, la hausse du smic était la mesure concernant le pouvoir d’achat la plus attendue des Français. Elle était jugée prioritaire par 39% des personnes interrogées, devant le blocage des prix de l'essence et l'encadrement des loyers. Invité au 20 heures de France 2 le 29 mai dernier, François Hollande avait promis de donner "un coup de pouce" et de "rattraper ce qui n’[avait] pas été accordé" durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
• La loi
Depuis le 1er janvier 2012, le smic horaire brut s’élevait à 9,22 euros, soit 1 398,37 euros brut mensuels sur la base de la durée légale de 35 heures hebdomadaires. Légalement, le smic est revalorisé chaque 1er janvier, "en tenant compte de l’évolution de l’indice des prix à la consommation (hors tabac) des ménages urbains dont le chef est ouvrier ou employé, augmentée de la moitié de l’évolution du pouvoir d’achat", et/ou "lorsque l’indice national des prix à la consommation atteint un niveau correspondant à une hausse d’au moins 2% par rapport à l’indice constaté" lors de la précédente augmentation.
• La tradition
Au-delà de ce cadre légal fixé par le Code du travail, le gouvernement peut décider d’une augmentation supplémentaire. Traditionnellement, un geste est fait après chaque élection. François Mitterrand l'avait revalorisé de 6,4% en 1981, Lionel Jospin de 4% en 1997 et Jacques Chirac de 4% en 2002. Nicolas Sarkozy s’était, lui, vanté de ne pas l’avoir fait, comme le rappelle Le Monde.fr sur son blog consacré à l’Elysée.
• 2,55 euros de hausse entre 2001 et 2012
De 43,72 francs (6,67 euros) en 2001, le smic est passé à 9,22 euros brut de l'heure au 1er janvier 2012. Il était revalorisé en fonction de l'inflation tous les 1er juillet jusqu'à la loi du 3 décembre 2008, qui fixe cette augmentation au 1er janvier pour offrir une "lisibilité accrue aux partenaires sociaux".
En 2008 et 2011, le smic a été revalorisé deux fois, l'indice national des prix à la consommation ayant augmenté de plus de 2%.
• De nombreux détracteurs
Le coup de pouce au smic a ses opposants. D'abord le patronat, qui invoque le poids des charges pour les entreprises et dont la chef de file, Laurence Parisot, a estimé lundi 25 juin : "Toute augmentation au-delà des critères objectifs ferait peser un risque majeur pour l'emploi." Mais aussi certains économistes, comme ceux du Centre de recherche en économie et statistique (dépendant de l'Insee), qui calculent qu'"une augmentation de 1% du smic correspond à une destruction d'environ 1,5% des emplois situés au salaire minimum, soit entre 15 000 et 25 000 postes."
Des arguments repris par l’UMP, et notamment Valérie Pécresse, qui a qualifié cette revalorisation de "fausse bonne décision" sur Europe 1.
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