Les cinq messages que Hollande va faire passer lors de sa conférence de presse
Francetv info a épluché les interventions des proches du chef de l'Etat et interrogé des spécialistes de la communication politique pour prédire les annonces du Président.
POLITIQUE – Nouveau grand oral pour François Hollande. Après son intervention au 20 heures de France 2 fin mai puis à celui de TF1 début septembre, le président de la République se plie mardi 13 novembre à un nouvel exercice de communication, inédit depuis son élection : la conférence de presse depuis le palais de l'Elysée.
Si vous ne pouvez pas vous libérer à 17 heures pour suivre l'évènement en direct sur France 2 ou sur notre site, pas de panique. En examinant les récentes déclarations du chef de l'Etat et de ses proches, francetv info a pu esquisser les grandes lignes de la conférence.
Tout à l'heure, François Hollande va donc dire...
1... que la rigueur n'est toujours pas là
C'est sans doute la priorité n°1 pour le chef de l'Etat. Après avoir annoncé 20 milliards d'euros d'impôts en plus en 2013, puis une hausse de la TVA pour booster la compétitivité des entreprises, Hollande veut faire de la pédagogie. Le but : convaincre les Français qu'il ne s'est pas converti à la "rigueur", comme l'avait fait François Mitterrand deux ans après son accession au pouvoir, en 1983.
Interrogé à ce sujet par Marianne, le président de la République a nié tout "tournant" dans sa politique. Pour lui, les efforts demandés aux Français sont à mettre sur le compte de la "remise en ordre des finances publiques" et de "la réindustrialisation du pays" qui, explique-t-il dans l'hebdomadaire, figuraient dans ses engagements de campagne.
Devrait-il employer le mot "rigueur" demain ? "Je pense que l'opinion est prête à l'entendre, estime Bastien Millot, directeur du groupe de conseil en communication Bygmalion et professeur de communication politique à Sciences Po. François Hollande a tout intérêt à jouer au jeu de la vérité avec les Français, son image en sortirait grandie."
2... qu'il est toujours de gauche
Dans ce contexte économique austère, le président Hollande s'emploiera également à prouver qu'il lui reste des accents de candidat ancré à gauche et capable de frapper les esprits. Les Echos estiment même que cette idée est l'un des messages "à infusion lente" que l'Elysée tente de distiller depuis la semaine dernière.
Pour aller dans ce sens, le chef de l'Etat devrait afficher sa détermination au sujet de l'ouverture du mariage aux couples homosexuels, dont la droite ne veut pas entendre parler. Cinq jours après la remise du rapport de Lionel Jospin, François Hollande va également "vouloir frapper un grand coup sur le terrain de la modernisation de la vie politique", prédit sur son blog Guillaume Tabard, rédacteur en chef adjoint aux Echos. Selon lui, le président pourrait annoncer un projet de loi sur la fin du cumul des mandats pour 2013.
3... que la série de couacs est terminée
Alors que la presse et l'opposition pointent du doigt la série de couacs de l'équipe Ayrault, la question de l'unité du gouvernement sera forcément posée à François Hollande. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, interrogé dimanche sur LCI au sujet de la conférence de presse du président, a laissé entendre que celui-ci pourrait faire amende honorable sur ce point.
"On a dit qu'il y avait une indécision à un moment donné. La réalité, c'est qu'il y avait une action de cohérence progressive", a affirmé le ministre, qui fait partie du cercle de proches du président. En clair : les choses ont mis du temps à se mettre en place, mais désormais, tout est rentré dans l'ordre.
"Hollande aurait raison de reconnaître l'existence des couacs et de les expliquer par le nécessaire apprentissage de l'exercice du pouvoir, juge Philippe Moreau Chevrolet, communicant politique et chroniqueur sur le site Le Plus. Mais le meilleur remède, à mon avis, serait de mettre en place une direction de la communication pilotée par l'Elysée, où toute la communication du gouvernement serait validée en amont."
4... que le changement, c'est vraiment maintenant
C'est en tout cas l'avis du ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll. Pour cet autre "hollandais" historique, interrogé dimanche sur Europe 1, après "l'ensemble des mesures qui ont été décidées, des lois qui ont été votées", il est désormais l'heure de "la phase d'action, de mise en œuvre".
Les premiers effets du hollandisme devraient donc bientôt se faire sentir, à l'en croire. "On est maintenant en capacité d'être dans une action qui doit aboutir au redressement, c'est ça que le président de la République va dire", a insisté le ministre, pour qui Hollande compte "donner aux Français la vision et surtout la ligne qui est la sienne".
Pour Bastien Millot, faire de telles annonces peut être "dangereux". "La stratégie du clairon, qui consiste à dire 'vous allez voir ce que vous allez voir !', est risquée. On s'attend à quelque chose de spectaculaire, mais souvent, la montagne accouche d'une souris. On prend le risque de décevoir."
5... tout autre chose
C'est ce qu'espère le député PS de Paris Jean-Christophe Cambadélis. Lundi 12 novembre, il s'est dit "sidéré" de voir les ministres proches de François Hollande annoncer "sur un ton un peu comminatoire ce que devrait être" sa conférence de presse. Pour lui, "à force de situations comme cela", les ministres courent le risque de "miner l'autorité" du président.
"Le problème de François Hollande, c'est moins Hollande que les hollandais", a lancé le député sur Radio Classique et Public Sénat, faisant référence à Jean-Yves Le Drian et Stéphane Le Foll. "Ce n'est pas aux militants socialistes, aux responsables socialistes, encore moins aux ministres socialistes de dire, [comme] Le Foll et Le Drian hier [dimanche], qui prennent le président par le paletot en lui disant 'voilà ce qu'il faut dire, voilà ce qu'il faut faire' et 'il fera ceci, et il dira cela', a-t-il jugé. Mais on marche sur la tête !"
Son analyse est partagée par Bastien Millot. Pour l'expert, "il est très contre-productif de faire des annonces avant l'heure. La conférence de presse est un évènement particulier dans la vie politique de la Ve République : c'est un exercice de style, d'autorité, et pas le royaume des petites phrases. On est là dans un domaine où l'on doit prendre de la hauteur, et désigner une direction pour le pays." La pression est désormais sur les épaules du chef de l'Etat.
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