Les Français fâchés avec leur oreiller
Une batterie d'études démontre que les troubles du sommeil perturbent les nuits des Français de plus en plus tôt.
SANTE - Vous venez de déjeuner et vous éprouvez une vague envie de faire une petite sieste au lieu de vous remettre au travail ? Vous êtes loin d'être les seuls. Une batterie d'études, publiées dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), démontrent que les troubles du sommeil sont de plus en plus courants, dès l'adolescence. Ces nuits courtes et parfois agitées sont compensées par une tendance à somnoler la journée. Etat des lieux.
7h13 de sommeil en moyenne
Les Français dorment en moyenne 7h13 par jour. Une durée que la plupart jugent insuffisante par rapport au temps "nécessaire", selon une étude de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) en 2010, réalisée sur 27 653 personnes de 15 à 85 ans. Près d'un Français sur cinq (24% des hommes et 16% des femmes) dort moins de six heures par nuit.
Les premiers à se plaindre sont les jeunes de 15 à 19 ans, avec un "déficit" qui atteint 41 minutes chez les garçons et 54 minutes pour les filles. Dès le début de l'adolescence, la durée du sommeil chute de façon spectaculaire, d'après une enquête menée auprès de 9 251 élèves de 11 à 15 ans. Un adolescent de 15 ans dort ainsi 1h31 de moins qu'à 11 ans.
Horaires de travail et écrans coupables
Temps accru passé sur des écrans, horaires de nuit ou décalés, trajets plus longs pour se rendre au travail, les habitudes de vie des Français affectent la durée et la qualité de leur sommeil. Chez les adolescents, ce sont les horaires de cours, mais surtout l'accès à internet, aux jeux vidéos et au téléphone portable le soir qui seraient responsables des nuits écourtées. "Le rapport aux écrans est tellement fusionnel qu'il n'y a plus de véritable rupture entre le temps de vie et le temps de sommeil", affirme François Beck, le responsable des études statistiques de l'Inpes.
Des insomnies fréquentes
Si l'on regarde dans la chambre des adultes, un Français sur trois se plaint de troubles du sommeil, dont 15 à 20% d'insomnie chronique, avec des symptômes qui durent depuis plus d'un mois. En hausse depuis 1995, l'insomnie chronique est plus fréquente chez les femmes (plus de 20%, contre 15% des hommes) et augmente avec l'âge.
L'insomnie se manifeste de diverses manières : difficultés d'endormissement chez les plus jeunes, réveils fréquents ou précoces chez les plus âgés. Et les quelques heures qui restent ne sont pas réparatrices. Après une nuit de sommeil habituelle, un tiers des Français se sentent fatigués, contre près de deux tiers chez ceux qui se plaignent d'insomnie.
Quelque 5% de la population française sont aussi victimes d'apnée du sommeil, c'est à dire, d'interruptions de quelques secondes ou de difficultés à respirer.
De lourdes conséquences
Piquer du nez dans le métro où au bureau est par conséquent devenu courant. Parmi le millier de Français interrogés, 21% ressentent de la somnolence dans la journée au moins 3 fois par semaine, y compris lorsqu’ils ont bien dormi. Un sur dix se sent même somnolent tous les jours et 15% des hommes s’assoupissent régulièrement sans pouvoir lutter, au moins 3 fois par semaine.
Les conséquences peuvent être dramatiques, particulièrement sur la route et au travail. L'accident de Bhopal en 1984 ou le naufrage de l’Exxon Valdez en 1989 sont en partie dus "à la dette de sommeil des travailleurs fut un élément clé", rappelle le site Pourquoi Docteur ?. Sur l’autoroute, le manque de sommeil, mis en cause dans un accident mortel sur trois, tue plus que l'alcool et la vitesse.
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