"J'ai toujours su que je pouvais rêver grand", se félicite Alice Finot, nouvelle recordwoman d'Europe du 3000 m steeple et 4e des JO de Paris

Grâce à une fin de course tonitruante dans un Stade de France incandescent, Alice Finot a battu le record d’Europe du 3000 m steeple, mardi, en finale des Jeux.
Article rédigé par Simon Bardet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Alice Finot pose à côté de son record d'Europe, le 6 août 2024 au Stade de France. (AGENCE KMSP / AFP)

Au terme d'une course folle, où elle a croqué ses adversaires les unes après les autres, Alice Finot a pris la quatrième place de la finale du 3000 m steeple des Jeux olympiques. Une place qui ne laisse aucun regret à la Française, qui a battu le record d'Europe (8'58''67), mardi 6 août, dans un Stade de France qui, selon les mots de son adversaire espagnole Irene Sanchez-Escribano, "est entré en éruption lorsqu’Alice Finot a accéléré" à 800 mètres de l’arrivée.

Alice Finot échoue au pied du podium du 3 000 m steeple malgré un nouveau record d'Europe
Paris 2024 - Athlétisme : Alice Finot termine 4e et signe un nouveau record d'Europe Alice Finot échoue au pied du podium du 3 000 m steeple malgré un nouveau record d'Europe (France TV)

Championne d’Europe à Rome cette année, Alice Finot n’a cessé de faire fondre le chrono du record de France sur la distance. C’était le cas lors des Mondiaux 2023 de Budapest, où elle a terminé quatrième (initialement cinquième, elle a récupéré cette place après le contrôle positif à l’EPO de l’Éthiopienne Zerfe Wondemagegn). La Française a fait encore mieux lors du meeting de Paris au début du mois de juillet cette année. Désormais, le meilleur chrono européen est aussi sa propriété.

Alice, comment avez-vous abordé cette finale ?

Alice Finot : J'ai fait la course rêvée, une course à mon image. J'avais écrit sur ma main : "Joue ta propre partition." C'était pour ne pas m'égarer, ne pas vibrer trop fort avec le public, ne pas me faire happer par les filles de devant, et faire la course qui me correspond pour montrer ma meilleure version.

Il y avait trois péages à passer : le 1 000 mètres, le 1 500 mètres et le 2 000 mètres. À partir de là, j'ai débranché le cerveau, j'ai lâché les chevaux et je me suis dit : "Ok, là, tu te reconnectes avec le public, laisse-les courir avec toi, laisse-les t'emmener jusqu’au bout." Les filles étaient loin devant, et il y a encore peu de temps, je me serais dit qu'elles étaient trop loin, qu'il fallait que je donne ce que je pouvais dans le dernier tour, que c'était trop dur d'être devant. Mais, j'apprends à me connaître, à me calibrer. Je travaille sur des choses spécifiques à l'entraînement, et je me suis dit que c'était à 800 mètres qu'il fallait donner le "kick".

Course rêvée signifie course parfaite ?

Sur la fin, ça commençait à devenir dur. Les dernières barrières ne sont pas bien passées. Je suis sûre que si je les passais mieux, il y avait peut-être deux secondes de gagnées encore. Mais tout ça, ça veut dire que ma carrière ne s'arrête pas à Paris 2024. Il y a encore de belles choses à aller chercher, pour aller courir avec les filles des hauts plateaux. Aujourd'hui, je suis une athlète accomplie. Que demander de mieux ? La place, c'était un bonus.

"J'ai senti le public me transmettre de l'énergie"

Que retiendrez-vous de cette course ?

Ce que je garderai, c'est la fierté d'avoir réussi à restituer tout le travail fait en amont le jour où j'allais avoir mes proches, mes amis, la France entière pour vibrer sur les mêmes ondes que moi. J'adore mon sport, il me fait vraiment vibrer et j'ai senti le public me transmettre de l'énergie. Je ne suis pas sûre de revivre ça, mais en tout cas, j'ai vécu ce moment à 200 % aujourd'hui. Je n’éprouve pas de regrets, c'est le record d'Europe, ça signifie beaucoup. J'ai toujours su que je pouvais rêver grand, faire des choses un peu atypiques dans ma discipline. Et j'arrive à le réaliser, donc j'ai encore envie de plus. Mais peut-être que je dois prendre des grosses vacances d'abord.

On vous a vu le genou à terre après votre course, en tribune…

C'est parce que j'ai demandé mon compagnon en mariage. Je m'étais dit que si je courais sous les neuf minutes, neuf étant mon chiffre porte-bonheur et vu que ça fait neuf ans qu'on est ensemble, je ferais ma demande. Je n'aime pas faire les choses comme tout le monde.

Il ne l'avait pas encore fait, et je me suis dit que c'était peut-être à moi de le faire aujourd'hui, que c'était un grand jour. Je lui ai offert un pin's avec lequel j'ai couru, sur lequel il y avait marqué "l'amour est à Paris". Je voulais qu'il me donne cette force pour courir sous les neuf minutes, et que si j'arrivais à le faire, ça signifiait beaucoup. Du coup, j'ai demandé mon copain en mariage, et il a dit oui.

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