JO 2021 - Athlétisme : trois questions autour de la piste aux records du stade olympique de Tokyo
Plus rapide, la piste du stade olympique de Tokyo serait à l'origine des records du monde qui tombent lors de ces Jeux. Vraiment ?
Triple saut, 400 m haies, 100 m... Les records du monde ou olympiques tombent les uns après les autres au stade olympique de Tokyo, et les questions pleuvent. Comment expliquer un tel niveau de performance ? Pour beaucoup, la piste olympique en est à l'origine. "On a l'impression de marcher sur des nuages", a poétisé le sprinteur américain Ronnie Baker, cinquième du 100 m (9''95).
Favorite du 400 m haies, Sydney McLaughlin a été un peu plus concrète : "Certaines pistes absorbent votre rebond et votre mouvement, celle-ci le régénère et vous le rend". Alors, le tapis rouge déroulé aux athlètes explique-il leur performance, ou s'agit-il d'une fausse piste ? La vérité se cache quelque part entre les deux, comme l'explique notre consultant Stéphane Diagana.
Qui a conçu cette piste ?
Pour la douzième fois de l'histoire des Jeux, c'est l'entreprise italienne Mondo, créée en 1948, qui a conçu la piste olympique. Certains y verront un signe annonciateur d'un futur record du monde à la perche pour Armand "Mondo" Duplantis. Peut-être. Mais les raisons d'attendre d'autres records sont bien plus tangibles qu'un simple jeu de mots. Sur les 20 dernières années, la moitié des records du monde battus l'ont été sur une piste Mondo, au point que la marque en a fait un argument marketing. Testé depuis trois ans, le tapis rouge tokyoïte a été soumis à de nombreux avis, y compris d'athlètes. Le but : en faire la piste la plus rapide possible.
Comment ? Grâce à des "des granulés de caoutchouc tridimensionnels spécialement conçus avec un système polymère", à un "composé semi-vulcanisé (…) qui garantit liaison moléculaire entre les granules et la matière environnante" ou encore à des "cavités remplies d'air", énumère le site du constructeur. Vous n'avez pas tout compris ?
Nous non plus, mais notre consultant Stéphane Diagana traduit : "On a deux types de piste : celle qu'on coule, littéralement, comme du béton, et celle qu'on déroule comme un tapis, ce qui est le cas à Tokyo. Quand on les coule, on ne peut pas organiser la structure des matériaux. Le tapis, lui, permet d'organiser comme on veut pour organiser le renvoi plus vers l'avant et par vers le haut. C'est de la mécanique."
La piste explique-t-elle les records battus ?
Maintenant que les présentations sont faites, place au cœur de la question : la piste Mondo du stade olympique est-elle à l'origine des records qui tombent comme des mouches à Tokyo ? C'est en tout cas ce qu'ont laissé entendre plusieurs athlètes. Stéphane Diagana prend le relais : "Cette piste est travaillée pour que lors de la foulée, le renvoi se fasse dans le sens de la traction, c'est-à-dire que la force, le rebond s'exercent vers l'avant et pas vers le haut". Mais l'ancien champion du monde de 400 m haies précise : "Après, ce procédé existe depuis un moment. Ça ne suffit pas à expliquer les records".
Concernant sa discipline, le 400 m haies, dont le record du monde a été pulvérisé par le Norvégien Karsten Warholm (45''94) et l'Américain Ray Benjamin (46''17), Stéphane Diagana tient à préciser qu'il s'agit-là de deux coureurs révolutionnaires pour la discipline : "Ce sont deux vrais athlètes spécialisés en 400 m à la base, et ils feraient partie des meilleurs du monde en 400 m". Certes, mais comment expliquer les performances en triple saut ou 100 m féminin ?
"On voit des progrès partout en terme de chrono, y compris pour des athlètes en fin de carrière de plus 30 ans, et qu'on n'arrive pas à expliquer. La piste a un petit rôle, mais ce sont surtout les pointes nouvelles générations qui jouent", expose Diagana, qui résume : "Les pointes sont récentes, alors que la technologie Mondo est plus ancienne. Or, cette pluie de records est très récente". CQFD.
Tous les records sont-ils menacés ?
Pour résumer, c'est donc une conjonction de facteurs qui provoque ces nombreux records : une piste plus rapide, et des pointes magiques. "Avant la chaussure était l'outil de protection de l'athlète, maintenant c'est un outil de performance. On vit une évolution comparable à celle de la natation il y a quelques années, avec l'arrivée des combinaisons intégrales", résume Stéphane Diagana.
Une évolution qui pose plusieurs questions. D'abord, celle de l'équité entre athlètes : "Tous les fabricants ne sont pas au même niveau d'avancement sur ces pointes, donc selon l'équipementier, un athlète n'a pas les mêmes avantages. Mais ça va s'équilibrer assez vite", rassure Stéphane Diagana, qui milite toutefois pour encadrer ces pointes magiques.
Le deuxième problème, c'est que grâce à ce matériel, les nombreux records datant des époques où le chrono ne dépendait que du corps, et pas du reste, vont tomber. L'athlétisme, qui était jusque-là un des rares sports à pouvoir s'autoriser des comparaisons d'une époque à l'autre, ne le pourra plus.
"Avec ces nouvelles pointes, on ne peut pas comparer un coureur d'aujourd'hui à celui d'il y a 10, 20, 30 ans. Il faudra recontextualiser les nouveaux records du monde, car ils vont tomber, pas forcément à Tokyo, mais ils tomberont", prévient Diagana, qui conclut : "Ce n'est pas grave, on saura qu'il y a un apport des pointes dans ces nouveaux records. D'où la nécessité de normer tout ça".
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