Canoë-kayak aux JO de Paris 2024 : pompes surpuissantes, jeu de "Lego", eau molle... Comment fonctionne le bassin de Vaires-sur-Marne

Article rédigé par Simon Bardet
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Français Titouan Castryck lors de la finale de kayak monoplace (C1), le 1er août 2024 à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), à l'occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. (ANTOINE COUVERCELLE / AFP)
Avec un titre olympique pour Nicolas Gestin en canoë et une médaille d’argent pour Titouan Castryck en kayak, le bassin artificiel de Vaires-sur-Marne réussit à l’équipe de France. Et ce n’est pas sans raison.

Pour voir des Français avec des médailles autour du cou à Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne), mieux vaut garder un œil sur les épreuves de canoë-kayak. Pendant que l'aviron tricolore voyait son compteur désespérément bloqué à zéro, un peu plus loin, sur le bassin artificiel de slalom, les Bleus enchantent le public. De l'or triomphant pour Nicolas Gestin en canoë, de l'argent légèrement mécontent pour Titouan Castryck en kayak, jeudi 1er août : les Français ont su dompter des courants qu'ils connaissent bien.

L'image idyllique de ce public fourni dans une grande tribune ensoleillée, qui ne refuserait certainement pas un saut rafraîchissant dans le bassin inauguré en 2019, est pourtant un peu différente avant le début de la compétition. Trois heures avant la demi-finale de kayak slalom, jeudi 1er août, le bassin était encore vide. Il a fallu attendre 13 heures, pour un début d'épreuve à 15h30, pour que des pompes commencent à tracter l'eau vers le haut.

Départ du travail des pompes, pour remonter l'eau jusqu'au départ du slalom.
Départ du travail des pompes, pour remonter l'eau jusqu'au départ du slalom. Départ du travail des pompes, pour remonter l'eau jusqu'au départ du slalom. (Simon Bardet / franceinfo: sport)

"Le bassin de canoë-kayak, c'est de l'eau qui est prise par des pompes et montée à 4 mètres de haut, détaille Ludovic Royé, directeur technique national de la Fédération française de canoë-kayak (FFCK). Quatorze tonnes d'eau par seconde sont puisées en bas, avant de redescendre toute la rivière avec la gravité." Une fois le travail des pompes commencé, le bassin se remplit progressivement, en une petite dizaine de minutes.

Un jeu de "Lego" pour créer du mouvement

Pendant la descente, après avoir appuyé sur un simple bouton pour lancer la machine, l'eau rencontre de gros blocs de plastique, qui vont permettre la création des différents courants. "Pour faire ces mouvements d'eau, on met sur le chemin ce qu'on appelle des 'Lego', que l'on accroche au sol et qui viennent simuler les cailloux. Le dernier dessin de la rivière s'est fait en mai, pour qu'il y ait une certaine équité entre tous les pagayeurs qui font les Jeux olympiques. Grâce à ce système, on se retrouve avec une rivière de montagne artificielle en région parisienne", poursuit le DTN.

Le bassin se remplit, recouvrant les "Lego" qui créent les mouvements d'eau.
Le bassin se remplit, recouvrant les legos qui créent les mouvements d'eau. Le bassin se remplit, recouvrant les "Lego" qui créent les mouvements d'eau. (Simon Bardet / franceinfo: sport)

Tout a été pensé pour éviter que cette rivière ne tarisse. Une coupure de courant en pleine compétition ? Aucun problème pour les spécialistes du slalom. "On a toujours comme sécurité des groupes électrogènes. Même en cas d'orage, le site reste opérationnel", rassure Ludovic Royé. Ce système implique évidemment une consommation électrique assez importante, mais le DTN assure qu'elle n'est pas le principal coût économique du bassin. "Contrairement à ce qu'on peut imaginer, le principal coût, c'est le coût RH [ressources humaines], parce qu'il faut toujours quelqu'un pour appuyer sur le bouton pour lancer le remplissage, et ensuite pour éteindre le système.'

Bassin d'eau vive rempli d'eau molle

Cette rivière d'eau vive est singulière parce que "l'eau va vite, tout en étant assez molle". Une particularité que connaissent parfaitement les athlètes français, qui s'entraînent sur le bassin depuis plusieurs années. "Naviguer pendant des heures et des heures ici, c'est un vrai avantage, parce qu'on apprend à créer de la vitesse dans de l'eau molle, ce qu'on ne retrouve pas souvent ailleurs. Par exemple, à Pau, c'est de l'eau qui va très vite, mais qui est dure. Quand on place la pagaie, je dirais que le bateau avance presque tout seul. Alors qu'ici, avec le même mouvement, le bateau ne bouge pas", détaille Ludovic Royé. Cette particularité est due à la faible inclinaison du bassin de Vaires-sur-Marne, qui crée une vitesse d'écoulement de l'eau moins importante.

Une connaissance du terrain dont les Bleus ont su profiter, en élevant petit à petit leurs capacités physiques et leur aptitude à donner de la vitesse au bateau. Pour des résultats de bon augure, alors que se profilent les épreuves de kayak cross, à partir de vendredi 2 août.

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