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"On a vraiment l'impression de se baigner dans la nature" : en attendant de nager dans la Seine, des Parisiens profitent du bassin de la Villette

Une compétition de triathlon va se dérouler à partir de jeudi à Paris, avec une partie natation dans la Seine. La mairie s'en réjouit car elle entend proposer de plus en plus de sites de baignade urbaine, à l'image du bassin de la Villette qui accueille déjà des nageurs.
Article rédigé par Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le Bassin de la Villette à Paris, le 10 juillet 2023. (YOAN VALAT / EPA)

"C'est verdâtre, contrairement aux eaux des piscines qui sont bleues. Je vais y aller progressivement", décrit Nabil qui s'approche prudemment du bassin de la Villette, avec ses palmes aux pieds. Depuis 2017, des milliers de baigneurs piquent une tête chaque année dans cet espace situé, dans le XIXe arrondissement de la capitale. À l'instar de cet emplacement, la mairie de Paris veut développer la pratique de la baignade urbaine. Trois sites de baignade seront inaugurés en 2024 sur la Seine.

>> Paris : trois sites retenus pour la baignade dans la Seine après les JO

Pour Nabil, cette plongée dans le bassin de la Villette est une première : "C'est génial, il n'y a pas d'odeur du tout". Alice, une habituée du Bassin, apprécie "le plaisir d'une eau naturelle". L'avantage pour Rizlaine qui est venue avec ses trois filles, c'est que "c'est en plein air"

"D'habitude, mes filles vont à la piscine et elles ont plus aimé le bassin que la piscine."

Rizlaine, une maman de trois enfants

à franceinfo

C'est une vraie respiration pour ces enfants dont beaucoup viennent de quartiers populaires. "Je trouve que c'est très bien pour les enfants qui n'ont pas beaucoup de moyens et qui ne peuvent pas partir en vacances. Ils ont l'impression d'être un peu à la campagne", estime Peggy qui surveille son neveu en pleine baignade.

Cette plongée dans le Bassin de la Villette était la première baignade urbaine de Nabil. (BORIS LOUMAGNE / RADIOFRANCE)

"Il y a un peu d'algues, note malgré tout Nabil. Mais on se sent sécurisés. Je vais venir tous les jours, on a vraiment l'impression de se baigner dans la nature". Le fait de vouloir se baigner dans un espace moins aseptisé que les piscines explique en partie l'essor de la baignade urbaine ces dernières années. "Des collectifs, comme le Laboratoire des baignades urbaines, se sont créés pour demander le droit de se baigner dans les cours d'eau parisiens. Ensuite, de nombreuses personnes se sont approprié le Canal Saint-Martin ou le Canal de l'Ourcq pour se baigner quand il fait très chaud", explique Julia Moutiez, architecte et chercheuse au laboratoire LAVUE (laboratoire de recherche en sciences sociales sur l'urbanisme) qui écrit une thèse sur la baignade à Paris. 

Des zones de baignade progressivement aménagées à Pantin ou Bobigny

Le développement de la baignade urbaine est étroitement lié au changement climatique et à l'intensification des périodes de fortes chaleurs en zone urbaine. "L'offre existante de lieu frais n'est pas suffisante pour faire face aux canicules d'aujourd'hui, indique cette chercheuse. Les autorités cherchent donc à rafraîchir les populations parce que c'est une question de santé publique. Et comme la principale source de rafraîchissement dans une ville aussi dense que Paris, ce sont les cours d'eau, cela amène forcément un regard nouveau sur ces espaces de baignade".

>> Canicule : à Paris, les citadins à la recherche d'îlots de fraîcheur

Des communes en Île-de-France, comme Pantin ou Bobigny, aménagent donc progressivement des zones de baignade le long de leur cours d'eau. Cette dynamique va certainement s'amplifier grâce aux coups de projecteurs apportés par les compétitions sportives dans la Seine, selon Julia Moutiez : "Ces compétitions permettent de démontrer qu'il est possible de se baigner dans la Seine. Cela souligne aussi les efforts qui ont été faits ces dernières années pour améliorer la qualité de l'eau à Paris et cela va faire changer le regard que l'on porte sur la Seine qui a longtemps été vue comme un égout ou comme une simple voie de circulation et non comme un lieu de baignade et de biodiversité." À un an des JO, une répétition grandeur nature d'une compétition de triathlon a lieu à partir du jeudi 17 août jusqu'au dimanche 20 août, avec pour la première fois, une épreuve de natation dans la Seine. Les athlètes vont bien se mettre à l'eau et c'est une satisfaction pour la ville de Paris après le report puis l'annulation début août d'une compétition de nage en eau libre, à cause de la pollution de la Seine.

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