Infographie JO de Paris 2024 : quels sont les pays qui ne dépendent que d'un seul sport (ou presque) pour remporter des médailles ?

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Avec 120 médailles, l'escrime est le sport qui a rapporté le plus de récompenses olympique au sport français : 15% du total tricolore a été acquis à la pointe de l'épée, du sabre ou du fleuret. (HELOISE KROB / FRANCEINFO)
Il y a 41 disciplines aux JO mais certains pays n'ont d'autres choix que de mettre tous leurs œufs dans le même panier.

Savez-vous citer le sport où la France excelle aux Jeux olympiques ? Le judo ? Pas mal, mais avant David Douillet et Teddy Riner, ce sport était moins pourvoyeur de médailles... Le handball ? Alors certes, le ratio de médailles sur le nombre de participations est très solide, mais dans les sports collectifs,on ne peut gagner qu'une seule médaille par édition. La natation ou l'athlétisme alors, disciplines classiques des JO ? Vous n'y êtes toujours pas, même si la piste a rapporté 59 médailles sur les 759 glanées par notre pays depuis les premiers Jeux de l'ère moderne, à Athènes, en 1896. La réponse était l'escrime, avec 120 médailles. 15% du total tricolore a été acquis à la pointe de l'épée, du sabre ou du fleuret. Un pourcentage qui place notre pays dans la catégorie des puissances olympiques qui ne sont pas dépendantes d'une poignée de disciplines.

Cent pays, tout pile, poussent la spécialisation au point d'obtenir plus de 30% de leurs médailles dans un seul sport. L'exemple caricatural, c'est l'Ethiopie, avec 100% de ses 58 médailles réalisées en athlétisme, et plus précisément en fond et en demi-fond (du 800 m au marathon). De l'autre côté du miroir, la Jamaïque a glané 85 de ses 88 médailles olympiques en sprint (entre 100 et 400 m). L'athlétisme constitue ainsi la rente de situation des cinq pays les plus monosports de notre classement : l'Ethiopie, la Jamaïque, le Kenya, les Bahamas et la Namibie. 

L'Australie mouille le maillot de bain

Si beaucoup de pays misent sur l'athlétisme, bien peu se focalisent sur l'autre sport roi des Jeux olympiques : la natation. Sauf l'Australie, dont 38% des médailles ont le goût du chlore. Une stratégie assumée d'y investir beaucoup d'argent (via le programme Winning Edge et désormais le nouveau plan en vue de briller aux JO de Brisbane 2032) et de développer des outils technologiques de pointe pour asseoir leur domination. "Ça nous apporte une somme de données inestimables, mais encore faut-il savoir bien les interpréter. Nous avons recours à la technologie pour les relais en natation depuis les années 1990 [bien avant l'arrivée du logiciel dernier cri d'Amazon qui permet désormais d'aider les coachs à déterminer l'ordre de passage des relayeurs, entre autres fonctionnalités très poussées], nuance Rohan Taylor, l'entraîneur en chef de Swimming Australia, soucieux de mettre en avant son armée de coachs et son réseau de détection dans toutes les universités et les clubs du pays. "Mais on se doit d'embrasser cette technologie pour rester devant nos concurrents. Et on va encore accélérer là-dessus d'ici aux Jeux de Brisbane, à domicile, en 2032." Le pays situé aux antipodes entretient même une drôle de dépendance aux sports aquatiques : 62% de ses médailles sont obtenues par des athlètes dans ou sur l'eau (via les épreuves de voile, triathlon, water-polo, etc.).

Et nous ? A titre de comparaison, la France a décroché 44 médailles en natation de son histoire, soit 5% de son total global.

La Turquie prend la lutte à bras-le-corps

La Turquie, qui a dépassé la barre des 100 médailles olympiques, en a obtenu les deux tiers en lutte. Un véritable phénomène national au pays, où les tournois se pratiquent torse nu, avec un pantacourt en cuir et le corps enduit d'huile pour rendre toute prise difficile. En témoigne le succès jamais démenti du festival de Kirkpinar, créé en 1362, où chaque année, 2 400 litres d'huile sont utilisées pour oindre les 2 380 lutteurs venus de tout le pays pour participer à l'évènement.

Et nous ? La France a décroché 18 médailles en lutte dans son histoire, soit un peu plus de 2% du total.

La Finlande a longtemps régné sur le tartan

Bien avant les Kenyans, roi du demi-fond et du fond, il y avait les "Finlandais volants". Une génération dorée, emmenée par Paavo Nurmi, dont le nom ne parle plus qu'à quelques historiens de l'athlétisme, mais qui régnait sur le tartan olympique dans les années folles. Jugez plutôt de son palmarès, qui ne déparerait pas à côté de celui du nageur Michael Phelps, le sportif le plus médaillé aux Jeux : douze breloques olympiques, neuf en or, cinq rien qu'en 1924 à Paris et deux obtenues en moins d'une heure, sur 1 500 m et 5 000 m le 10 juillet ! Au total, sur les 114 médailles obtenues en athlétisme par le pays, 82 datent d'avant la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1945, la Finlande a surtout tenu son rang en javelot, avec quatorze médailles décrochées dans l'exercice, hommes et femmes confondus.

Et nous ? L'athlétisme français, avec ses 71 médailles glanées en 120 ans, pèse pour 9% du total des sports français.

L'Irlande boxe au-dessus de sa catégorie

Quand vous pensez "sport" et "Irlande", vous pensez d'abord au rugby. Mais aux JO, le vrai filon de médailles, c'est la boxe. "C'est un incontournable du paysage dans tous les quartiers ouvriers", appuie Jonny Stapleton, expert local qui porte sur ses épaules le site Irish Boxing. "On est même devenu l'équivalent de Cuba pour la boxe féminine. Une boxeuse comme Katie Taylor a même permis à la boxe de se répandre dans d'autres classes sociales. Dans le Panthéon irlandais du sport, certains la placent au-dessus de Brian O'Driscoll ou de Roy Keane !" Ce spécialiste voit moins l'impact du programme intitulé "High Performance" dans cette présence continue au plus haut niveau. "Ça n'a rien pas grand-chose à voir avec les programmes gouvernementaux, qui ne sont de toute façon pas très bien gérés. On doit avoir ça dans le sang."

Et nous ? La France a décroché 25 médailles en boxe au cours de son histoire olympique, soit 3% du total des médailles nationales.

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