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Paris 2024 : consommation accrue, normes sanitaires, sécheresse... L'eau, cet autre enjeu des JO

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Article rédigé par Olivier Chauve
Radio France
Avec la cérémonie d'ouverture et certaines épreuves en eau libre, la qualité de l'eau de la Seine est l'objet de nombreux débats. Mais au-delà de la baignabilité du fleuve, l'enjeu est d'accueillir trois millions de personnes supplémentaires dans la métropole parisienne en période de fortes chaleurs.

Accueillir le monde du sport en plein été alors que les périodes de sécheresse se multiplient, est-ce bien raisonnable ? "On ne risque pas la panne sèche", désamorce d'emblée Pierre Rabadan, adjoint à la maire de Paris en charge du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine, à l'occasion de la deuxième édition de Demain le sport, organisée à la Maison de la Radio et de la Musique par franceinfo, France Télévisions et L'Équipe. "On attend un volume de nombre de personnes supérieur de trois millions. Durant cette période, il y a environ 12 millions de personnes à Paris, pendant la période olympique, on sera 15 millions de personnes", poursuit l'ancien rugbyman professionnel. 

De son côté, Eau de Paris, l'entreprise publique chargée de la production et de la distribution de l'eau potable dans la capitale a sorti sa calculette, elle prévoit des pics de consommation de +7 % maximum, soit un total de 550 000 mètres cubes par jour, alors que ses usines de productions sont capables de fournir un million de mètres cubes. Par mesure de sécurité, il n'y aura toutefois ni travaux, ni arrêts d'usine entre juillet et septembre 2024. 

"7 % ça n'a pas l'air grand-chose en situation normale, mais lorsque vous avez une période de sécheresse avec des rationnements d'eau et qu'en plus vous avec des pics de consommation, là ça peut poser de gros problèmes", met en garde François Gemenne, chercheur sur la Climat et auteur pour le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). "Il va absolument falloir anticiper cela, notamment par des réserves", ajoute-t-il. Et de ce point de vue, la Seine peut compter sur ses grands lacs de rétention qui permettent de maintenir son débit lors des périodes de sécheresse.

Les JO, accélérateurs de l'assainissement de la Seine

Et à l'autre bout du tuyau ? Pas d'inquiétude non plus. Le Siaap, service public de l'assainissement francilien, n'est pas inquiet non plus. "Nos six usines retraitent quotidiennement 2 400 000 mètres cubes d'eaux usagées domestiques, artisanales et industrielles", rappelle François-Marie Didier, son président. "En août, le volume de retraitement diminue à 2 000 000 mètres cubes", précise-t-il, une marge qui permet d'envisager sans crainte particulière l'afflux de délégations et de touristes à l'été 2024.

Surtout, en ligne de mire de ces Jeux olympiques et paralympiques, les épreuves dans la Seine, et la nécessité d'atteindre les normes qui permettent de rendre le fleuve baignable. Le Siaap "ne nettoie pas la Seine", prévient François-Marie Didier, "on y rejette l'eau la plus propre possible". Et pour cela, trois axes ont été suivis : un meilleur raccordement aux égouts pour les foyers franciliens, davantage de capacités des eaux de pluies afin que les égouts ne débordent pas lors des fortes précipitations et de la désinfection des eaux rejetées.

S'adapter au changement climatique

Mais parfois, la nature reprend ses droits comme le montre l'annulation d'épreuves test au mois d'août 2023, après de violents orages. "Si on a des épisodes de pluie majeurs qui durent plusieurs semaines, on n'aura pas la capacité de tout absorber", reconnaît Pierre Rabadan. Période de sécheresse ou de fortes pluies, "il n'est aujourd'hui pas possible, quelques mois avant, de savoir quel impact [du changement climatique] touchera quelle région. Cela nécessite pour chaque site d'avoir un plan d'adaptation, et c'est un domaine sur lequel nous sommes en retard en Europe, car nous nous sommes longtemps immunisés de ces impacts, et que cela peut toucher de grandes compétitions sportives", développe François Gemenne. 

"Si nous avons des vagues de chaleur en milieu urbain, si la température dépasse 40, 41, 42 ou 43 degrés, certaines compétitions comme le marathon devront se courir à des moments différents", poursuit le chercheur. Et de prendre exemple sur la Coupe du monde au Qatar, déplacée l'hiver pour éviter les trop fortes chaleurs. 

Rafraichir, hydrater... sans déchets

Éviter la surchauffe, pour les sportifs... mais aussi pour les spectateurs,  avec une contrainte : "Dans tous les sites de festivités et de compétition, il n'y aura plus de bouteilles plastiques à usage unique, mais des systèmes de gobelets réutilisables dans lesquels on pourra se servir de l'eau et d'autres boissons via des fontaines", assure Pierre Rabadan. Un système généralisé à tous les événements organisés à Paris après les Jeux.

Aux 1 200 points d'eau présents dans la capitale, 700 seront ajoutés dans les "zones d'approches" des compétitions indique l'élu parisien. Des dispositifs de brumisation, "comme ceux utilisés lors de Paris Plages, très rafraîchissants et peu consommateurs d'eau", ainsi que des ombrières, pérennes ou temporaires, seront également installés explique Pierre Rabadan. 

Des défis auxquels seront confrontées Los Angeles (États-Unis) en 2028 et Brisbane (Australie) en 2032, deux villes elles aussi soumises à des fortes chaleurs et à des risques importants de sécheresse.

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