JO 2021 : une médaille d'or partagée, Simone Biles, les sports co français au sommet... Ce qu'on a aimé et moins aimé de la deuxième semaine à Tokyo
Du samedi 31 juillet au dimanche 8 août, la deuxième semaine des Jeux olympiques de Tokyo a livré son lot d'émotions, de grands moments et de déceptions.
Les Jeux olympiques de Tokyo se sont achevés ce dimanche 8 août, après quinze jours de compétition. Après les satisfactions et déceptions de la première semaine, découvrez nos coups de coeur et coups de griffes de la deuxième partie des Jeux.
Ce qu'on a aimé
L'or partagé entre Barshim et Tamberi
C'est peut-être l'image de ces Jeux. Les deux sauteurs en hauteur Mutaz Barshim et Gianmarco Tamberi en pleine discussion avec un juge. Les deux hommes ont réussi un parcours sans-faute jusqu'à leurs trois échecs à 2,39 m, les laissant à égalité à 2,37 m. Un barrage est prévu pour les départager, sauf s'ils décident de ne plus sauter. "On peut avoir deux médailles d'or ?", demande Barshim. Le juge acquiesce. Le Qatari regarde l'Italien. D'un sourire, les deux amis tombent d'accord. À jamais, le concours du saut en hauteur des Jeux de Tokyo aura deux champions olympiques. Et une belle histoire.
Le nouveau doublé d'Elaine Thompson-Herah, et le record historique d'Allyson Felix
Il ne fallait pas douter de la reine. Face au retour au sommet d'une autre souveraine du sprint, Shelly-Ann Fraser-Pryce, la Jamaïcaine Elaine Thompson-Herah a rappelé la hiérarchie actuelle. D'abord en réglant le 100 m en 10 secondes et 61 centièmes, deuxième meilleur chrono de l'histoire derrière le record du monde de la controversée Florence Griffith-Joyner (10"49). Puis en s'offrant un nouveau doublé, après celui de Rio en 2016, sur le 200 m avec quasiment trois dixièmes d'avance sur ses poursuivantes (21"53). À 29 ans, Thompson-Herah est devenue la première athlète à conserver les deux titres olympiques majeurs du sprint. Un exploit à la hauteur de son talent.
Si le 400 m a vu triompher la Bahaméenne Shaunae Miller-Uibo, il a également été historique pour l'Américaine Allyson Felix. La sprinteuse de 35 ans, porte-voix des athlètes ayant mis leur carrière en pause pour devenir mères, a décroché le bronze. Une 10e médaille olympique pour ses 5e Jeux, faisant d'elle l'athlète féminine la plus médaillée de l'histoire.
Elle a ensuite ajouté un 11e podium, avec un sacre sur le relais 4x400 m, pour doubler Carl Lewis dans le classement des médailles tous sexe confondus. Neuf titres et une médaille d'argent pour "King Carl", sept titres, trois médailles d'argent et une de bronze pour Felix. Seul le Finlandais Paavo Nurmi, fort de ses 12 médailles olympiques entre 1920 et 1928 (dont 9 titres), a fait mieux.
L'Italie, reine surprise du sprint masculin
On attendait le retour au sommet du sprint américain, désormais débarrassé d'Usain Bolt. Ou peut-être le sacre du Canadien Andre de Grasse, si souvent médaillé mais jamais titré. Mais le 100 m a couronné un roi inattendu : Marcell Jacobs. L'Italien, jamais descendu sous les dix secondes avant 2021, s'était déjà offert le record d'Europe en demi-finale. Il l'a amélioré en finale pour s'imposer en 9 secondes et 80 centièmes, plus rapide que Bolt à Rio. Cette performance lui a valu son lot d'interrogations, encore plus après l'ouverture d'une enquête sur son ancien nutritionniste.
Ce hold-up aurait pu suffire à l'Italie, après avoir offert à l'Europe un premier titre sur 100 m depuis 1992 et le Britannique Linford Christie. Entre-temps, seul le Portugais Francis Obikwelu avait ramené le Vieux Continent sur le podium olympique (2e en 2004). Mais les Italiens n'étaient pas rassasiés. Ils ont remis le couvert dans le relais 4x100 m. Cette fois, le héros s'appelait Filippo Tortu. À contre-pied de la fable, cette tortue là était en retard au dernier passage de relais. Mais le final fulgurant du sprinteur de 23 ans lui a permis de doubler le Britannique Nethaneel Mitchell-Blake sur la ligne.
L'escalade, une belle découverte
Nouvelle arrivée aux Jeux olympiques, l'escalade a rempli son contrat. En proposant des épreuves impressionnantes et agréables à suivre. L'adrénaline de la vitesse, ce sprint entre deux athlètes vers le sommet où un mauvais appui coûte la victoire. La force impressionnante déployée lors des épreuves de bloc et de difficulté, où les grimpeurs prennent cette fois leur temps pour atteindre des hauteurs.
On pourra regretter l'absence de médaille pour le clan tricolore, malgré les belles performances des frères Mawem, Mickaël (5e du combiné) et Bassa (forfait pour la finale), d'Anouck Jaubert (7e du combiné) et Julia Chanourdie (13e). Rendez-vous est pris pour 2024, à Paris.
Le bronze de Simone Biles, plus forte que "ses démons"
Après ses quatre médailles d'or à Rio, Simone Biles repartira des Jeux olympiques sans titre. Pourtant, sa médaille de bronze obtenue à la poutre aura sans doute autant de valeur. Car pour l'obtenir, l'Américaine a dû gravir une montagne de difficultés. À Tokyo, elle a été rattrapée par la pression de son statut de star, par les attentes autour d'elle et par une olympiade marquée par le procès pour agressions sexuelles de l'ancien médecin de la fédération américaine Larry Nassar, dont Simone Biles est une des 265 victimes.
Atteinte d'une perte de figures, un mal connu des gymnastes dans des situations de fatigue (mentale ou physique) extrême, l'Américaine s'est retirée du concours complet par équipes, avant de déclarer forfait pour le concours individuel, puis pour le saut de cheval, les barres asymétriques et le sol. Simone Biles est finalement revenue pour le concours de la poutre, soudainement devenu l'agrès le plus suivi des Jeux. Ovationnée avant, pendant et après son passage, la gymnaste de 24 ans a décroché une place sur le podium. En mettant la santé mentale des athlètes au centre des discussions, en surpassant "ses démons", Simone Biles a une nouvelle fois marqué les Jeux olympiques.
Les sports collectifs français, stars des podiums
Une moisson inattendue. Avec trois titres olympiques et trois médailles d'argent pour huit équipes engagées, les sports collectifs ont amené le drapeau français sur les podiums de Tokyo. Et des belles histoires. Les Bleues du rugby à 7 ont lancé le bal avec une médaille d'argent contre les favorites néo-zélandaises, cinq ans après leur élimination cruelle contre le Canada en quarts à Rio. Le handball français a lui pris sa revanche, avec les mêmes finales qu'en 2016. Cette fois, les hommes, contre le Danemark, et les femmes, contre le Comité olympique de Russie, sont repartis avec l'or autour du cou.
Une autre revanche, celle des Bleues du basket contre la Serbie pour décrocher le bronze. Les Serbes avaient dominé l'équipe de France en finale de l'Euro, fin juin. L'épopée improbable des volleyeurs, qualifiés in extremis pour les Jeux puis plusieurs fois au bord du gouffre pendant la compétition, avant de devenir champions olympiques. Puis le parcours de rêve des basketteurs, avec une victoire en poule contre les États-Unis avant de les retrouver en finale. Cette dernière marche était trop haute, mais n'empêchera pas la bande de Vincent Collet de savourer cette médaille d'argent.
Le basket 3x3, où les Bleues ont terminé 4e, a failli s'ajouter à ce joli total. Le football lui, fait figure de mauvais élève avec une élimination piteuse dès la phase de groupes. Pas de quoi gâcher la joie des sports collectifs tricolores.
Ce qu'on n'a pas aimé
La tentative d'expulsion de Krystsina Tsimanouskaya
Les Jeux olympiques devaient être le rêve d'une vie, ils ont tourné au cauchemar pour Krystsina Tsimanouskaya. Après des critiques de la sprinteuse envers ses entraîneurs, la Biélorussie a tenté de la rapatrier de force. Transportée malgré elle à l'aéroport de Tokyo, Tsimanouskaya a demandé l'aide des autorités japonaises, puis du Comité international olympique.
La Biélorussie est dirigée par Alexandre Loukachenko depuis 1994, et a connu un fort mouvement prodémocratie l'an dernier. Une opposition réprimée violemment par le gouvernement. Refusant de rentrer dans son pays par crainte des répercussions, Krystsina Tsimanouskaya a finalement obtenu un visa humanitaire pour rejoindre la Pologne.
L'affaire Annika Schleu en pentathlon moderne
De la tristesse au malaise. La détresse d'Annika Schleu au pentathlon moderne ne pouvait qu'émouvoir. En tête après les deux premières épreuves, l'Allemande a tout perdu lors de l'épreuve d'équitation, où les concurrents tirent au sort leur cheval juste avant le saut d'obstacles. Avec Saint Boy, Annika Schleu a hérité du "vilain petit canard". Comme avec la Russe Gulnaz Gubaydullina, l'étalon s'est montré difficilement maîtrisable, entraînant même un coup de poing de l'entraîneure allemande (qui lui vaudra une exclusion des Jeux).
Après quatre premiers saut passés, Saint Boy est venu heurter l'obstacle suivant, avant de refuser de continuer le parcours. L'Allemande a poursuivi son calvaire pendant de longues minutes, se présentant devant chaque obstacle pour tenter de pousser son cheval au saut. C'est là que la scène a basculé dans le malaise, entre les coups de cravache répétés sur un étalon visiblement incapable de concourir ce jour-là et les larmes d'une Annika Schleu dont le rêve olympique vient de s'effondrer.
L'équitation est une épreuve en duo, un cheval et son cavalier, la conclusion d'une relation construite dans le temps pour culminer aux Jeux, quitte à accepter l'échec, le refus. Au pentathlon, le tirage au sort rend impossible cette relation. Et peut aboutir à ces scènes plus proches du triste bêtisier que de la célébration de l'excellence olympique.
Le bilan décevant de l'athlétisme français
Une médaille, et puis c'est tout. Après la natation en première semaine, l'athlétisme français a vécu à son tour un calvaire olympique. Seul Kevin Mayer, au bout de la souffrance après une blessure au dos, est parvenu à décrocher un podium avec sa médaille d'argent en décathlon. On est loin des six médailles de Rio, et de l'objectif de 3 à 5 podiums fixé par la fédération. Seuls huit français ont atteint les finales de leur sport, contre treize au Brésil. Et c'est un échec de plus après des Mondiaux de Doha ratés en 2019 (deux médailles).
L'athlétisme français tremble à trois ans des Jeux de Paris. Et l'éclosion attendue d'une star comme Sasha Zhoya ne pourra pas tout sauver. Ce chemin de croix à Tokyo relance les débats sur les moyens investis dans l'athlétisme, dans l'encadrement des athlètes, dans la recherche de la haute performance. Lancée en 2019 pour propulser le haut niveau français vers Paris 2024, l'Agence nationale du sport a encore beaucoup de travail. Si les Bleus veulent tenir leur objectif de 80 médailles, l'athlétisme (qui décerne trois médailles au terme de 48 finales) ne pourra pas être oublié.
Mourad Aliev, une ultime polémique pour la boxe
L'éternel débat sur la présence de la boxe aux Jeux olympiques n'est pas prêt de s'interrompre. Après les déboires arbitraux de Samuel Kistohurry et Maiva Hamadouche et Sofiane Oumiha en première semaine, le terrible été des boxeurs tricolores s'est conclu sur l'imbroglio autour de Mourad Aliev.
Le super-lourds français a été disqualifié lors de son combat contre le Britannique Frazer Clarke, dimanche 1er août. Alors que le Français venait d'ouvrir l'arcade de son adversaire d'un coup de poing, les juges ont considéré qu'il s'agissait... d'un coup de tête ! Disqualifié, Mourad Aliev a refusé de quitter le ring pour protester. Les images revisionnées, les juges ont reconnu leur erreur mais ne pouvaient plus revenir dessus. Neuf ans après la polémique de la défaite aux points d'Alexis Vastine à Londres, la boxe olympique n'est toujours pas sortie du marasme.
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