Tennis aux JO de Paris 2024 : Rafael Nadal, dieu de l'Olympe redevenu simple mortel

Le champion olympique de 2008, vainqueur 14 fois ici-même à Roland-Garros, a chuté dès le 2e tour face à son plus grand rival, Novak Djokovic. Et peut-être disputé son dernier match en simple sur cette terre qui l'a fait roi.
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
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Rafael Nadal salue le public après sa défaite au 2e tour du tournoi olympique face à Novak Djokovic, le 29 juillet 2024 à Paris. (ANDRZEJ IWANCZUK / NURPHOTO)

La torche olympique, reçue des mains de Zinédine Zidane lors de la cérémonie d'ouverture, est peut-être le dernier trophée que Rafael Nadal brandira à Paris. Malgré le soutien d'un stade plus que jamais enamouré de sa légende, l'Espagnol a fait ses 38 ans, lundi 29 juillet, lors du 2e tour du tournoi de tennis des Jeux olympiques. Il a surtout confirmé, après plus de deux ans de galères et de tentatives de retour au sommet avortées, qu'il était finalement humain.

Le roi sans terre. Le roi s'enterre. Il y a quelque chose d'inexorablement fataliste à voir l'ocre qui a sacré Rafael Nadal, progressivement, se dérober sous ses pieds. Le royaume de Roland-Garros a définitivement perdu son suzerain. Battu dès le premier tour du Grand Chelem parisien cette saison, il a de nouveau abdiqué, cette fois au tour suivant, lors des Jeux olympiques. A chaque fois il est tombé les armes à la main, que ce soit contre Zverev ou Djokovic. Mais il est quand même tombé.

Avant même le début du 60e acte de la confrontation la plus fréquente de l'histoire du tennis, il flottait comme une ambiance de fin de règne Porte d'Auteuil. Les gradins étaient rapidement pris d'assaut et jamais les places en tribunes de presse n'avaient été aussi disputées. Consciente de la portée historique de l'évènement, la cour se pressait pour venir saluer son roi. "Peut-être que c'est la dernière fois que je joue sur le Chatrier. Peut-être pas", avait-il avancé, l'œil malicieux et le sourcil de guingois, en conférence de presse d'avant-match.

Le malaise et le mirage

Il serait cruel de revenir sur la première heure de ce match, tant il n'y en a presque pas eu. Rafael Nadal, dont la balle avait cette lourdeur effrayante lorsqu'il était à son sommet, ne possède plus l'engagement physique nécessaire pour lui imprégner ni poids, ni vélocité. Ses coups flottent désormais au niveau du carré de service, quand ils ne sont pas décentrés, et ne gênent plus du tout Djokovic comme par le passé. Le maître des lieux a beau s'invectiver, se taper sur cette cuisse maudite qui le handicape depuis des mois, rien n'y fait. Les jeux défilent et le spectre d'une humiliation, qui plus est des mains de son rival ancestral, fait frissonner Roland. Partout, le malaise est palpable.

Mené 6-1, 4-0, le Taureau de Manacor sent ses derniers râles lui échapper. Trop de souffrances, trop de douleur, trop de frustration. Mais si l'on doit garder une image de Nadal à Paris, ce ne sera pas celle-là. Quitte à ce que soit la dernière danse, autant danser non ? D'un coup, Nadal retrouve sa hargne, ses jambes de 20 ans, son œil noir comme un aurochs et son coup droit. Chaque point est une onde qui fait trembler le Chatrier. Chaque point rapproche Nadal du joueur qu'il a été.

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Mais, hélas, on ne peut pas être et avoir été. Même quand on s'appelle Rafael Nadal. Rattrapées par le temps qui passe, qui grippe et qui rouille, les horloges de l'Espagnol restent bloquées à 4-4. Le mirage n'aura duré quelques minutes mais il aura été magnifique. Il aura rappelé que, même diminué, l'homme aux 22 Grands Chelems reste ce héros antique qui n'abandonne jamais. Un héros qui ne remportera donc pas une deuxième médaille d'or olympique après son sacre en simple de 2008. "Quand ce tournoi sera terminé, je prendrai les décisions qu'il faut, en m'appuyant surtout sur mes envies et mes sensations", a-t-il d'ores et déjà annoncé après sa défaite. Mais, associé à Carlos Alcaraz en double, il va néanmoins tenter de prolonger son histoire d'amour avec Paris quelques jours de plus. Il faut croire que les dieux de l'Olympe apprécient leur séjour sur terre.

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