VTT aux JO de Paris 2024 : "Je pensais craquer, mais finalement, la motivation est plus forte"... Loana Lecomte affiche ses ambitions après sa lourde chute

En préparation pour les championnats du monde de VTT, Loana Lecomte s'est entretenue avec France 2. Elle revient sur ses Jeux olympiques, sa chute spectaculaire et sa récupération en vue de sa prochaine échéance.
Article rédigé par franceinfo: sport, Justin Schroeder
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
Loana Lecomte durant sa course de VTT aux Jeux olympiques de Paris, le 28 juillet 2024 sur la colline d'Elancourt (Yvelines). (JOHN MACDOUGALL / AFP)

C'était l'objectif de sa saison. Loana Lecomte, coureuse française de VTT, faisait partie des favorites de la course de cross-country des Jeux olympiques, le 28 juillet. A domicile, sur le circuit de la colline d'Elancourt qu'elle connaissait à la perfection, la Française de 25 ans, quadruple championne de France en titre, se battait pour les premières places. Même si Pauline Ferrand-Prévôt s'était déjà envolée vers son sacre olympique, Loana Lecomte avait encore une belle carte à jouer en vue d'une médaille. Cependant, la coureuse originaire d'Annecy a lourdement chuté sur une descente technique.

Loana Lecomte s'est ouvert le menton et est restée au sol un long moment, mettant fin à ses espoirs de podium olympique. Près d'un mois plus tard, elle a accepté de revenir sur sa course et de parler de sa préparation pour les championnats du monde de VTT, qui auront lieu le 1er septembre à La Massana (Andorre). Un nouvel objectif pour celle qui s'est déjà relevée de sa déconvenue.

Franceinfo: sport : Vous souvenez-vous du moment de la chute ?

Loana Lecomte : J'avais retrouvé un second souffle, je me sentais bien, la médaille était jouable. Au moment où je suis tombée, dans une descente technique que je connaissais par cœur, j'ai vu qu'il n'y avait pas le caillou pour poser ma roue. Dans ma tête, j'ai tout de suite su que c'était mort. Je ne me souviens pas de l'impact au sol. Il y a quatre ou cinq secondes dont je ne me souviens pas du tout, un blackout. Je me suis réveillée, incapable de bouger, tétanisée au sol, avec du sang au menton, la bouche ouverte mais incapable de la fermer, c'était cauchemardesque.

Paris 2024 - VTT : Loana Lecomte au tapis

Comment ont réagi vos supporters après votre chute aux Jeux olympiques ?

J'ai des supporters qui sont contents que je sois vivante. Certains m'ont dit ça. Après ma chute, tous les écrans se sont coupés [la réalisation télévisuelle n'est pas revenue sur l'accident], donc personne n'avait de nouvelles de moi. La dernière image qu'ils avaient, c'était moi au sol, complètement inanimée. Il n'y a eu que des messages positifs après la course.

Comment avez-vous vécu les Jeux ?

J'étais venue pour n'avoir aucun regret. J'étais au top de ma forme, ma préparation s'était super bien passée. Après ma chute, ça a été dur à encaisser car mon objectif de Jeux sans regrets n'a pas été atteint. Ça s'est fini en frustration de ne pas avoir pu finir la course, peu importe le résultat, comme si on m'avait coupé l'herbe sous le pied.

L'objectif pour ces Jeux était d'obtenir une médaille ?

La médaille était vraiment l'objectif. Pour le titre, il n'y a aucun regret. Pauline [Ferrand-Prévôt, médaillée d'or] était au-dessus, le titre était injouable ce jour-là. La médaille, en revanche, était jouable, et c'était mon objectif. Pauline et moi avions pour but d'être sur le podium, ça aurait été une belle histoire.

Pendant ce temps-là, vos coéquipiers de l'équipe de France de VTT ont glané des médailles...

Ça a été dur car j'étais hyper heureuse pour mes collègues de l'équipe de France, pour Pauline [Ferrand-Prévôt, médaillée d'or], Victor [Koretzky, médaillé d'argent]. Mais de les voir fêter, alors que je n'ai pas pu avoir la chance de tenter d'obtenir cette médaille, ça a été dur mentalement. Ça m'a endurcie et ça m'a beaucoup appris pour la suite.

Comment avez-vous géré l'après-JO ?

Après les JO, je suis rentrée chez moi. J'avais peur d'être seule et de trop réfléchir. Je suis donc allée chez mon père à la montagne, où je me suis coupée de tout et j'ai appris à digérer ce qui s'était passé. Je me suis baladée en montagne, j'ai profité de moments calmes, loin de tout. J'ai été bien entourée par mes entraîneurs, mes managers, et ma famille.

Loana Lecomte a vu son rêve olympique s’envoler le 28 juillet dernier à cause d'une violente chute lors de son épreuve de VTT cross-country. Comment a-t-elle vécu cette déception ? Comment les athlètes sont-ils accompagnés ?
Comment les athlètes se relèvent-ils après la défaite ? Loana Lecomte a vu son rêve olympique s’envoler le 28 juillet dernier à cause d'une violente chute lors de son épreuve de VTT cross-country. Comment a-t-elle vécu cette déception ? Comment les athlètes sont-ils accompagnés ? (France 2)

Y a-t-il eu des moments particulièrement difficiles tout de même ?

Les jours qui ont suivi la course, j'étais incapable de contrôler mes émotions. Par moments, j'allais bien, puis soudain, je me mettais à pleurer. Finalement, les quarante-huit heures que j'ai passées à la fédération m'ont fait beaucoup de bien. Le fait de parler et d'échanger avec d'autres athlètes m'a aidée à passer à autre chose. Il y aura d'autres Jeux. Si je ne gagne jamais de médaille aux Jeux olympiques, ce ne sera pas grave, même si je veux en rapporter une dans quatre ou huit ans. Il faut savoir relativiser.

Près d'un mois après cette chute, vous êtes-vous remise de vos blessures ?

Physiquement, je n'ai plus rien. Je n'ai pas eu le droit de reprendre le VTT pendant deux ou trois semaines. Là, j'ai eu le droit de reprendre les descentes techniques depuis une semaine ou dix jours. Au début, c'était assez dur, je n'avais pas les mêmes réflexes. Je sentais que je n'étais pas à 100%. La vision des trajectoires était à retardement. Maintenant, ça va mieux, mais il ne faut pas que je retombe sur la tête. C'est comme si elle était devenue de la porcelaine, il faut qu'elle se consolide petit à petit. Physiquement, je me sens même plus en forme qu'aux Jeux.

Les championnats du monde arrivent à grands pas (le 1er septembre en Andorre). Est-ce désormais votre nouvel objectif ?

Cette saison est assez compliquée, car nous avions tout préparé pour cet été, et j'ai chuté lors des Jeux. Le début de saison a été très dur mentalement. Je pensais craquer après les Jeux, mais finalement, je me suis surprise, la motivation est toujours là, voire même plus forte. Pour la suite, je sais exactement ce que je veux faire, quels sont mes objectifs, et je compte tout donner.

Cette chute sur la colline d'Elancourt vous a-t-elle endurcie ?

Cette chute n'était pas indispensable [rires]... Mais elle va me servir pour la suite et m'aider à évoluer, à apprendre. Je vois beaucoup de positif dans cette chute. J'ai envie de prendre ma revanche sur moi-même et sur la course. C'est un peu un combat personnel, parce que je n'ai de haine envers personne, mais j'ai envie de me prouver à moi-même de quoi je suis capable. Je vais la prendre, cette revanche !

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