À Marseille, pas de métro après 21h30 pendant deux ans : "On va morfler", s'inquiètent les habitants et commerçants

Des tests pour l'arrivée de nouvelles rames automatisées doivent être menés, en soirée pendant la semaine, pour les deux prochaines années. Mais les bus de substitution prévus ne rassurent pas les Marseillais.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le métro marseillais sous la gare Saint-Charles. Photo d'illustration. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Deux ans sans métro en semaine après 21h30 : voilà ce qui attend les Marseillais à partir de ce lundi 23 octobre. Dans la deuxième ville de France, les deux lignes vont fermer en soirée pour permettre les tests de nouvelles rames automatisées.

Derrière ses étals d'huîtres dans les Grandes halles de la ville, à quelques pas de la station Vieux-Port, Jérôme, un écailler, s'inquiète. "On termine aux alentours de 23h30 donc moi, je dois rentrer en métro. Sauf que là, on va être obligé de prendre les bus de nuit. Ça rend les choses beaucoup plus compliquées parce que le service de bus à Marseille est désastreux", déplore-t-il. Et les bus gratuits de substitutions mis en place n’inspirent pas confiance non plus à Léa.

"Je vais me débrouiller, je vais marcher la nuit et on va remettre le stop à la mode."

Léa, étudiante marseillaise

à franceinfo

Si cette décision de la régie des transports métropolitains (RTM) agace les usagers, les professionnels de la culture et de la restauration sont aussi inquiets. "On va morfler", assure Hazem El Moukaddem, patron du Molotov, une salle de concert dans le quartier du cours Julien. Pour lui, l’arrêt des métros en soirée est un coup dur. "Évidemment, ça va être l'élément qui va décourager les gens de sortir. Si on veut tuer la vie de nuit dans Marseille, on ne peut pas faire mieux."

La mairie dénonce une décision prise en catimini

La municipalité dénonce une décision de la métropole prise en catimini, qui impactera aussi les restaurateurs comme il y a dix ans, quand le métro s’arrêtait déjà trop tôt, se souvient l’adjointe aux Mobilités de la ville, Audrey Gatian. "Moi, je l'ai vécu. Ce sont par exemple des repas au restaurant où, à un moment donné, on se presse de finir le repas. On ne prend pas le dessert pour prendre le dernier métro parce qu'autrement on n'a plus de solution pour rentrer", regrette l'élue.

"On est sur un retour en arrière qui nous ramène à une époque où, pour sortir à Marseille, il fallait obligatoirement prendre sa voiture."

Audrey Gatian, adjointe aux Mobilités de la ville de Marseille

à franceinfo

Des pièces de rechange disponibles uniquement à Mexico

Alors la régie des transports métropolitains insiste : les bus de remplacement passeront toutes les 10 minutes et le trajet à terre ne sera pas beaucoup plus long que sous terre. "Nous avons fait des essais, des essais techniques, des essais en situation aux différentes heures de la soirée et de la nuit, assure Catherine Pila, la présidente de la RTM. Entre 22 heures et une heure du matin, en partant du début de la ligne jusqu'au terminus, il y a un différentiel de +10 minutes."

Un effort qui concernera 1,4% des usagers, souligne la RTM, pour moderniser un métro vieux de 45 ans et dont les pièces de rechange sont désormais disponibles uniquement à Mexico, l’une des seules villes à disposer de rames similaires.

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