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: Infographie Les canicules tardives, un phénomène récent en France... qui pourrait devenir de plus en plus fréquent

Plus d'une cinquantaine de départements sont classés en vigilance orange ou rouge à cause de l'épisode caniculaire qui touche le pays en cette fin de mois d'août.
Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Un homme à la recherche d'un coin d'ombre à Lyon, alors qu'un épisode caniculaire touche l'Hexagone et la Corse, le 21 août 2023. (JEFF PACHOUD / AFP)

Une nouvelle semaine de canicule a commencé. Météo-France a étendu sa vigilance à 53 départements, lundi 21 août : pour la journée de mardi, quatre seront en rouge et 49 en orange, de la Vendée aux Pyrénées-Orientales et du Bas-Rhin à la Haute-Corse. Dans la vallée du Rhône, des "niveaux de température jamais mesurés en France" sont attendus mardi, a averti Aurélien Rousseau, le ministre de la Santé, sur BFMTV. Des températures dépassant les 40 degrés ont déjà été enregistrées dans plusieurs villes du sud du pays et des records de chaleur nocturne, dans la nuit de dimanche à lundi, ont été égalés, voire battus. 

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Cet épisode caniculaire pourrait devenir "le plus chaud de l'été 2023", prévient Météo-France. Il est favorisé par la présence d'un "dôme de chaleur", "avec les hautes pressions qui bloquent la chaleur", explique l'organisme public. "Le deuxième ingrédient, c'est le réchauffement climatique qui vient augmenter la probabilité d'avoir des températures élevées aussi tardivement", ajoute le service de prévisions. Ces épisodes caniculaires tardifs sont des phénomènes récents, comme le montre le graphique ci-dessous.

L'indice de sévérité d'une vague de chaleur (au moins trois jours), fourni par Météo-France, est calculé à partir de la somme des degrés dépassant le seuil de 23,4°C de moyenne pendant une journée entière (24 heures). Cette température a été choisie car elle figure parmi les plus élevées recensées dans les normales de saison (1981-2010). Ces valeurs ont été classées par franceinfo en trois niveaux : "faible" pour les 25% des valeurs les plus petites de la série, "élevée" pour les 25% les plus grandes et "modérée" pour les valeurs situées entre les deux.

Seuls sept des 47 épisodes caniculaires recensés par Météo-France depuis 1947 ont débuté après le 15 août. Ils ont tous eu lieu après l'an 2000 (2001, 2009, 2011, 2012, 2016, 2017 et désormais 2023) et ils ont duré six jours au plus (trois de sévérité "faible" et trois de sévérité "modérée"). Celui qui touche actuellement l'Hexagone et la Corse "a débuté le 17 août et devrait normalement connaître un rafraîchissement des températures après le pic attendu entre mercredi et jeudi [24 août]", soit neuf jours, détaille auprès de franceinfo Christine Berne, climatologue chez Météo-France.

Une canicule nettement plus étendue

"La canicule actuelle se rapproche de celle de 2012, mais avec un caractère bien plus exceptionnel, souligne la climatologue. Elle avait duré du 17 au 21 août, soit cinq jours." Selon l'experte, cet épisode caniculaire est non seulement plus long, mais il pourrait aussi être plus intense. "Le pic de chaleur à l'échelle globale va certainement dépasser celui de 2012. C'est l'un des épisodes de chaleur les plus tardifs qu'a connu la France, avec un tel niveau d'intensité lors d'une fin de saison estivale", détaille Météo-France dans un communiqué paru lundi.

"Ce qui est différent dans cette canicule, c'est l'étendue, décrit Christine Berne. Pour l'instant, nous faisons face à une étendue plutôt contenue à la moitié sud, mais la vague de chaleur va progresser au fil de la semaine pour remonter en latitude." Dans le détail, elle va remonter jusqu'aux frontières de Nord-Est, le Centre-Val-de-Loire, en passant par le bassin parisien. Seuls 35 départements étaient placés en vigilance orange lors de la canicule de 2012, alors que ce chiffre s'élève à 50 lundi soir pour la canicule actuelle.

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Avec le réchauffement climatique, les canicules tardives (mais aussi les canicules précoces) vont devenir de plus en plus fréquentes en juin et en août. "Quand on regarde l'historique, les épisodes de fortes chaleurs se sont toujours déroulés durant le mois de juillet, mais les simulations des chercheurs du Giec sont sans équivoque : la fréquence, la durée et l'intensité des canicules vont augmenter", explique la climatologue. Selon la spécialiste, alors les températures durant les épisodes caniculaires restaient plafonnées à 30-35°C avant les années 2000, il va devenir de plus en plus fréquent que le mercure dépasse les 40°C vers le 15 août. Résultat : la saison des canicules pourrait s'étendre sur une période beaucoup plus longue, allant de début juin jusqu'à la mi-septembre, battant toujours plus de records mensuels ou absolus, comme à Vinsobres, dans la Drôme, où le mercure est monté jusqu'à 42,1°C, dimanche 20 août.


Les épisodes de fortes chaleurs peuvent être dangereux pour la santé, en particulier pour les personnes âgées, handicapées ou isolées, qui sont plus vulnérables. Afin de limiter les risques, pensez à boire de l'eau régulièrement, à éviter les sorties et les efforts physiques aux heures les plus chaudes de la journée, ainsi qu'à fermer les volets et les rideaux des fenêtres exposées au soleil. Si des symptômes inhabituels surviennent (crampes, fatigue soudaine, nausées, vomissements, maux de tête…), n'hésitez pas à contacter le 15. Pensez enfin à prendre des nouvelles de vos proches les plus fragiles durant ces fortes chaleurs.

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